Portrait de France.
8.0 Une ouverture sur le parvis du Palais de justice de Paris. Une fermeture sur ce même Parvis. Entre ces deux pôles, se succèdent des personnes arrêtées pour des flagrants délits qui sont reçues dans un bureau par le substitut du procureur, pour un entretien. Ce même substitut qui deviendra par la force des choses avocat général dans la suite du procès, hors-champ ici.
Les prévenus ont chacun leur histoire : Drogue, violence, alcool, insulte à agent, tag, situations irrégulières, prostitution, vol. Il y a des aveux, des regrets, des prévenus qui se taisent, d’autres qui s’enlisent dans leur mensonge. Certains jouent de la présence de la caméra, d’autres semblent ne même pas y prêter attention. Le cadre : Un bureau simple, un téléphone, une pièce vide. C’est un dispositif implacable. Sans aucun commentaire en voix off ni intervention du réalisateur.
C’est le documentaire le plus confortable de Depardon. Derrière lui, Arte, Canal, l’avance sur Recettes, une pellicule en 35mm, cinq semaines de tournage dans un lieu exceptionnellement autorisé. Quarante heures de rushs, Quatre-vingt-cinq personnes filmées, quatorze seront retenues. Interrogatoires filmés en plan fixe, selon un dispositif identique. Jusqu’à ce que Depardon consacre du temps d’entretien avec l’avocat commis d’office.
Hormis quelques plans fixe dans les sous-sols du tribunal et un autre mobile accompagnant un prévenu entre sa cellule de la Préfecture de Police et les bureaux de la 8e section du Palais de justice, Délits flagrants sera un pur huis clos, qui fait un magnifique portrait réaliste de la France, de Paris. Le film nous offre une position inédite, entre le système et le déferré, le pouvoir et la foule. Très fort.