Amérique aliénée.
7.0 Pour son premier long métrage, Wiseman pose sa caméra à Bridgewater, hôpital psychiatrique pour criminels aliénés, dans le Massassuchets. Il obtient le droit d’y tourner pendant une durée d’un mois. Il y dénonce les effroyables conditions de vie des patients, moqués verbalement et harcelés physiquement par soignants et gardiens du pénitencier.
Le style minimaliste de Wiseman se met en place : Aucune voix off, aucun carton, pas de musique, pas de commentaire, mais une science brute du montage qui crée un pamphlet subtil contre l’Amérique des puissants, et un portrait douloureux des éternels oubliés du système.
Outre des entretiens variés, souvent condescendants, les sévices en tout genre, consistant par exemple ici à faire hurler un patient qui répète sans cesse le même mot, le film montre des instants insoutenables telle cette intubation pour nourrir de force un condamné, tandis que des images quasi subliminales, nous le montrent gisant mort dans un cercueil. La sonde en caoutchouc enfoncée dans le nez laisse place à une pince déposant du coton sous des paupières.
L’ironie dans tout ça, c’est que le Titicut follies fut interdit dès sa sortie en salle aux Etats-Unis, censuré par la Cour Suprême qui estimât que le film portait atteinte à la vie des patients incarcérés. Film indispensable, évidemment.
0 commentaire à “Titicut follies – Frederick Wiseman – 1967”