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Archives pour janvier 2021



C’est nous, les héros (We can be heroes) – Robert Rodriguez – 2020

We Can Be HeroesPyjama party.

   4.5   La filmographie de Robert Rodriguez est partagée entre séries B qui tâchent et films pour enfants. Le gars derrière Sin city ou Planète terreur est donc le même qui réalise Spy kids. Et quatre opus de Spy kids, on ne peut pas dire que ce soit une simple parenthèse récréative.

     We can be heroes se situe évidemment dans cette veine, une sorte d’Avengers pour les bébés, mais peut-être moins atroce visuellement que Spy kids, au point que je soupçonne Rodriguez qui avait déjà adapté les dessins de ses gosses dans Les aventures de Shark boy & Lava girl (2005), de leur filer cette fois la caméra. Plus sérieusement We can be heroes s’annonce donc comme une suite de ce film : Les héros sont d’ailleurs devenus les parents de la plus jeune des gamines du film.

     Cette fois, le film s’ouvre sur un kidnapping : Tous les super-héros sont enlevés par des envahisseurs extraterrestres et leurs gamins, aussi dotés de super-pouvoirs, vont prendre leur relais. Et c’est original car les acteurs adultes sont enfermés dans une pièce pendant tout le film (et ils regardent les aventures de leurs rejetons sur un écran) et ils ne servent donc à rien. Ça c’est intéressant. Ce qui l’est moins c’est la résolution scénaristique de cette petite histoire. Sans la dévoiler, on peut poliment dire que c’est du foutage de gueule.

     En fait Rodriguez c’est simple : T’as une partie de ses films qu’il est difficile d’apprécier si t’aimes, au hasard, ceux de Tarantino ; Et l’autre partie à peine regardable si t’as passé l’âge de huit ans. Ça tombe bien c’est l’âge de mon fiston. Je l’ai vu prendre beaucoup de plaisir devant C’est nous les héros. Et quelque part j’en ai pris aussi en le voyant suivre ces gamins plein de supers pouvoirs prenant le relais de leurs parents. Après c’est sûr, dans le genre, mieux vaut voir et revoir Les indestructibles 1&2. Bref c’est bas du front, pas subtil du tout, assez moche, mais pas si désagréable et l’enfant de huit ans en moi a trouvé ça plutôt sympatoche.

Ava – Tate Taylor – 2020

32. Ava - Tate Taylor - 2020Kill alcohol.

   4.5   Un simili-Besson (tendance Nikita) qui ne brille certes ni par l’originalité de son intrigue (une histoire de tueuse à gages qui retrouve sa famille après des années d’absence, doit affronter une menace d’élimination par sa hiérarchie et combattre ses dérives alcooliques) ni par son brio formel, mais qui intrigue par son étrange casting (Jessica Chastain, John Malkovich, Colin Farrell, Geena Davis) et tient en haleine par quelques affrontements savoureux, notamment le tout dernier, efficace dans son genre. Mais globalement et à l’image d’une direction artistique amorphe, ça reste bien trop laborieux et passe-partout, un peu comme un épisode de James Bond passé par la moulinette metoo. On peut, dans le genre, pas mal penser à La mémoire dans la peau, l’excellent film de Doug Liman, mais ça ne lui fait pas vraiment de bien.

Les sept de Chicago (The trial of the Chicago 7) – Aaron Sorkin – 2020

36. Les sept de Chicago - The trial of the Chicago 7 - Aaron Sorkin - 2020The Sorkin case.

   6.0   Si l’on est familier d’Aaron Sorkin scénariste (Des hommes d’honneur, The social network, Le stratège : C’est lui) en tant que metteur en scène c’est une première. Enfin une deuxième, mais je n’ai pas vu Le grand jeu, son premier film.

     Les sept de Chicago c’est ni plus ni moins ce que Sorkin a jadis écrit, revenant sur l’affaire des Chicago Seven à la fin des années 60. A l’époque (2007) c’est Spielberg qui devait s’y coller, mais le projet est resté dans un tiroir. Avant de réapparaître tout récemment, mais nouvelle victime de la pandémie, les droits du film, qui était géré par la Paramount, sont vendus à Netflix.

     Le film a les défauts de ses qualités, il est brillant du point de vue de son écriture, dense, passionnante, mais trop écrit justement il surprend moins par sa forme, enfilant les tunnels de dialogues où souvent tout le monde parle en même temps – mais pas trop non plus de façon à ce que le propos reste lisible, la mécanique très classique – dans une compilation de plans souvent très rapides, accompagnés en quasi permanence d’une musique indigeste.

     Néanmoins c’est un film de procès archi solide, avec ses pics, ses revirements, sa multitude de personnages – incarnés comme il faut : Tous les acteurs sont épatants, Mark Rylance (Le pont des espions), Sacha Baron Cohen (ça change de Borat) et Eddie Redmayne en tête – et sa construction intelligente, labyrinthique et foisonnante.

     Beaucoup de difficulté à entrer dans la danse (Tant tout est à la fois très académique et défile à cent à l’heure : On te perd sans te perdre, en gros) mais une fois qu’on accepte le deal on s’y sent bien. Avec même un gros plaisir pris sur la dernière demi-heure. Ceci étant, le film ne cesse de rappeler que Sorkin c’est toujours mieux quand c’est Reiner, Fincher ou Miller qui réalise.

Scandale (Bombshell) – Jay Roach – 2020

05. Scandale - Bombshell - Jay Roach - 2020Balance ton renard.

   4.0   Outre la nécessité et la force du propos, qui s’inspire entièrement de faits réels, autour des saillies sexistes de Trump durant les primaires républicaines et des dérives d’harcèlements chez Fox News, il faut bien dire qu’il y a zéro idée de cinéma là-dedans. Déjà c’est réalisé comme un épisode de Parks and Recreation, ensuite c’est terriblement programmatique. Bref, voir ça chez soi sur sa télé c’est très bien.

     Le film fonctionne plein pot sur un point, le hashtag metoo dont il dépeint les prémisses (Roger Ailes avant Harvey Weinstein, en gros) et c’est tout. C’est son alibi. La mise en scène est inexistante, l’interprétation en surrégime et la narration mal branlée.

     Mais pire, à force de s’ériger en tract démocrate didactique, paresseux et cousu de fil blanc, le film ne fait que brasser du politiquement correct et finalement être ce qu’il fustige : Un objet bien pensant, quasi républicain dans sa fabrication : Charlize Theron qui produit et qui file la  réalisation à l’auteur d’Austin Powers je trouve ça au mieux paradoxal au pire carrément problématique, mais bon.

     Il y a malgré tout dans ce torrent de médiocrité un rouage étrange et tout aussi paradoxal, qui fait tenir le visionnage : Le rôle du patron de la chaîne, incarné par un John Lithgow tellement fort qu’il vole la vedette aux trois femmes (Kidman, Theron, Robbie) jouant cavalier seul un méchant parfait d’ambivalence, mais qui du coup dans un film aussi tiède dans son ensemble fait très maladroit, tant le film ne construit pas grand-chose sinon du programme, pour ses victimes.

      Par ailleurs son idée de prendre trois actrices au physique et à l’âge très différents, mais qui finissent par se ressembler toutes les trois, à renfort de maquillages et de prothèses, comme si on les saisissait sous le regard empirique de Roger Ailes, ne débouche sur rien puisqu’on s’intéresse in fine moins à elles qu’à lui.

     Autant dire que la dimension subversive, le loin d’être scandaleux Scandale s’en cogne. C’est un film beaucoup plus opportuniste qu’il n’en a l’air. Un film à charge, suffisamment passionnant pour ce qu’il traite mais triste à mourir tant il le traite si mollement.

Tout simplement noir – Jean-Pascal Zadi & John Wax – 2020

34. Tout simplement noir - Jean-Pascal Zadi & John Wax - 2020« Un Noir debout, c’est un Noir qui n’est pas assis »

   6.5   Brillant, intelligent, hilarant, corrosif. D’autant que le film sort pile durant les violences policières aux Etats-Unis et qu’il y a clairement une scène – un plan puissant – dans le film qui est un écho troublant. Bref alignement de planètes parfait. Dans le ton, on peut situer ça entre les séries Platane & Dix pour cent, ou entre des films comme Fatal et Spinal Tap, puisque c’est une grosse satire du showbiz, un mockumentary agrémenté d’un panel de stars qui n’hésitent pas à jouer de l’autodérision. C’est très réussi.

     Néanmoins, je trouve que le film capitalise trop sur une suite de sketchs (convoquant des apparitions de stars dans un gratin éclectique conséquent, d’Omar Sy à Vikash Dhorasoo, en passant par Soprano, Eric Judor ou JoeyStarr) et que ça vire un peu à l’épate. Mais bon, on va pas faire la fine bouche, dans le paysage de la comédie française c’est tellement rare de voir ça. Et c’est très drôle, mention spéciale à la scène avec Fabrice Eboué & Lucien Jean-Baptiste. Et très osé, mention spéciale à celle de Mathieu Kassovitz.

Police – Anne Fontaine – 2020

16. Police - Anne Fontaine - 2020Terminus.

   2.5   Ambition double pour Anne Fontaine, puisque si le titre de son dernier film convoque inévitablement Maurice Pialat, c’est Elephant que la construction vise. Du moins dans sa première partie. On y suit donc trois flics, durant la même journée, ils se croisent et (donc) se recroisent. Et c’est un gadget, ça ne sert strictement à rien, ça ne débouche sur rien sinon pour introduire trois individus qui seront bientôt contraints, ensemble, de conduire un demandeur d’asile tadjik jusqu’à l’aéroport de Roissy. Bref, c’est un film double peine, tant il est vide, vide de sens, vide de cinéma, vide d’incarnation. Ça te fiche un cafard monstre tant c’est tristement mauvais.

Cube – Vincenzo Natali – 1999

20. Cube - Vincenzo Natali - 1999La solitude des nombres premiers.

   6.5   Cube est un escape game débarrassé de son appétit de résolution. Et en ce sens il annonce de nombreux produits, Saw en tête, La plateforme récemment, qui l’ont pris comme modèle sans pourtant en saisir la sève, soit par nécessite racoleuse, soit par prétention indigeste.

     Le film de Natali est plutôt bien vu dans son approche sociétale tant il détruit le modèle américain alpha, aussi bien le cowboy que le pater familias, aussi bien le cinéma des années 50 que celui des années 90. Il ne se situe donc nulle part. Semble s’inspirer de tout et de rien. Un peu comme le fut Matrix sensiblement à la même période. Il invente certes moins que les Wacho mais il bricole davantage : Une ambition de film d’exploration, tourné dans un décor unique mais sans cesse renouvelé par un détail (des pièces piégées ou non, identiques sinon par leur ambiance colorimétrique) ce qui en fait une idée assez originale et osée, sitôt qu’il faille la tenir quatre-vingt-dix minutes durant.

     Et le film tient bien. Tellement bien qu’il nous fait oublier, par ses nombreux virages, que les personnages peuvent, un moment ou un autre, revenir à leur point de départ. Il utilise magistralement ses rebondissements, sait les ménager ou les faire exploser en temps voulu, et surtout fait évoluer constamment sa faible batterie de personnages (sept au générique, mais très vite cinq), d’abord en les faisant entrer en scène au fur et à mesure puis en les faisant interagir malgré la situation, apprendre à se découvrir, se solidariser ou se détester.

     Et surtout, à l’instar de Tenet récemment, Cube progresse en film matheux : Pas de carré Sator, mais les nombres premiers, Descartes, la localisation dans un plan en trois dimensions, les facteurs. Bref il n’utilise pas du tout son cadre pour un banal whodunit au sein duquel il s’agirait de miser sur la prochaine victime ou prévoir celui qui s’en sortira. Le cube ne tue concrètement que deux personnes : Un type dont on ne connaitra rien, lors d’une introduction sèche, gore, efficace. Puis le cowboy, très rapidement aussi. Choix surprenant tant il assume sa volonté de ne jamais vraiment faire cohabiter les deux mâles dominants.

     Dès lors, ceux qui meurent le sont à cause des autres, un type surtout : Le seul pour qui on s’attache d’abord (flic et père courage) que le film renversera en grand méchant, d’abord intolérant et hystérique, avant d’être pervers et lâche, puis arriviste et meurtrier. Et on comprend (trop ?) la démarche dès l’instant que le personnage attardé entre dans la danse. On comprend que ce sont les oubliés du système, que Natali ambitionne d’ériger en héros solidaires improvisés. Et ça c’est plutôt cool.

     Alors oui, il faut accepter son concept high tech, qui suivant le spectateur et/ou son humeur, se révèlera ludique ou insupportable. Mais si on l’accepte le film tient, tandis qu’on le voyait plutôt fonctionner sur un pitch de court. Il y a une ambiance qui impressionne et qui reste, cheap mais cohérente, des personnages passionnants et des rebondissements (mathématiques) plutôt savoureux. Et puis j’aime le parti pris de ne donner aucune réponse quant à l’existence de ce cube puisqu’on saura seulement qu’il est le résultat d’une expérience accidentelle. Seul le voyage compte.

Peninsula (Bando) – Yeon Sang-ho – 2020

19. Peninsula - Bando - Yeon Sang-ho - 2020Fast and cretinous.

    3.5   Sans être admiratif de son Dernier train pour Busan, le plaisir distillé par cet efficace film de zombies – aussi parce qu’il était un poil plus que cela – m’avait conduit à découvrir la première partie de filmo (ancrée dans l’animation) de Yeon Sang-hoo. Sans être convaincu par cette découverte, une forte personnalité suffisait à le rendre intéressant. Personnalité que Psychokinesis avait bien mouchée. Mais une suite à Train to Busan, ça intrigue, surtout en période de Covid.

     Et c’est assez mauvais, malheureusement. La faute d’une part à une double référence qui l’écrase : New York 1997 & Fury road. De Carpenter, Peninsula ne garde pas son ambiance sale et iconique, de Miller il ne trouve rien de sa folie ni de son magnétisme. Il suffit de citer la pauvre scène dans l’arène ou la gigantesque course-poursuite dans le dernier tiers pour s’en convaincre : Le film est aussi foutraque qu’il est illisible, noyé dans ses excès.

     La faute ensuite à une décharge numérique : Il est en effet rare de voir un film aussi dégueu graphiquement, un tel gloubiboulga de CGI de bas étage au point que le produit vire vite clairement vers le Z, que Busan parvenait toujours intelligemment à esquiver. Enfin, la palme revient aux personnages, secondaires ou non, écrits à la truelle : ils ne dégagent absolument aucun intérêt – C’était déjà le gros bémol du premier opus.

     A quoi se raccrocher alors ? A son rythme et son effervescence peut-être – ce à quoi on se raccroche devant un épisode de Fast and Furious, en somme – et à sa dimension apocalyptique en forte résonnance avec notre actualité, très probablement. Mais ce n’est pas suffisant, loin de là surtout au vu de ce que produit de bêtise et de frissons de la honte le film dans son dernier quart d’heure. Vraiment, mieux vaut revoir Train to Busan.

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