L’amour et la violence.
7.0 Qu’il s’agisse de fragments de corps de cygnes sur le point de s’envoler, d’une armée de manchots prêts à se disperser ou du visage d’un bébé chimpanzé désespéré – et ça vaut pour l’ensemble de ces dix frénétiques minutes – il y a chaque fois, dans Les habitants, une volonté de faire cinéma, abstrait et vivant, brutal et enivrant, de produire du gros plan surdécoupé (cygne), du plan d’ensemble (manchots) ou du regard caméra (singe). Pour ne prendre que ces trois exemples. On est donc loin du simple documentaire animalier. On est aussi loin du dispositif uniquement écologique, sur la destruction par l’être humain de l’harmonie naturelle. Le film effleure cela évidemment, mais son ambition est avant tout formelle, axée sur le rythme par le montage, au point qu’il est difficile d’enfermer l’objet dans des cases, de lui attribuer des référents évidents, sinon Vertov peut-être. Ça ressemble davantage à un concerto : On sort de ces minutes mélangeant beauté pure et angoisse apocalyptique avec une sensation de vertige.