On a poignardé un parlementaire.
6.0 Toujours à la limite du trop-plein, De Broca, pour moi. Il reste sur ce beau fil dans L’homme de Rio, il en chute dans Le magnifique, par exemple. Heureusement, Tendre poulet reste sur ce fil lui-aussi. Frénétique sans toutefois tomber dans l’hystérie. Très écrit mais superbement écrit, dialogues de Michel Audiard moins cinglants qu’à l’accoutumée. Et accompagné d’un cabotinage merveilleux signé Philippe Noiret & Annie Girardot. Et puis il y a cette idée géniale d’être autant dans la romance que dans le slasher, dans le vaudeville qu’au sein de l’enquête.
L’argument est chouette : Noiret y campe Antoine, un professeur de Grec en université, languide et anti-police. Girardot, Lise, une commissaire de police survoltée. Un jour, alors qu’il est en mobylette, elle le renverse avec sa voiture. Ils découvrent bientôt qu’ils étaient camarades de classe au lycée. Ils continuent de se voir mais leur relation est une somme de rendez-vous manqués, notamment parce que Lise se retrouve accaparée par cette histoire de serial killer, qui assassine des parlementaires.
Adapté du roman Le Commissaire Tanquerelle et le Frelon, de Jean-Paul Rouland, Tendre poulet est parfois too much, souvent irrésistible. Il permet surtout de constater qu’on ne fait plus ce genre de comédie policière populaire aujourd’hui. Enfin qu’on ne les fait plus avec autant de talent. Rien que dans sa façon de filmer Paris – De Broca effectue une visite de long en large – ou de plonger dans une course-poursuite, le film est très beau, plein d’idées, avec des longues focales, des ruptures de ton, le tout sans aucun temps mort. Il faut maintenant que je voie On a volé la cuisse de Jupiter.