Cette sacrée destinée.
8.0 A l’instar d’Hitchcock avec L’homme qui en savait trop (Une version en 1934, une autre en 1956) Leo McCarey fera deux fois Elle et lui : Une première fois en 1939 avec Irène Dunne & Charles Boyer, une seconde fois en 1957 avec Deborah Kerr & Cary Grant. Dans chaque cas il s’agit d’en produire un remake colorisé.
C’est ma première rencontre avec le cinéma de McCarey. C’est donc aussi la première fois que je voie Elle et lui. Il semble que le remake a davantage la cote. Un peu comme chez Hitchcock en somme. J’essaierai de m’y pencher rapidement. Pour le moment celui qui m’intéresse c’est celui de 1939. Et il est très beau.
Elle c’est Terry McKay, une chanteuse de cabaret. Lui c’est Michel Marnet, un célèbre sportif français. Ils se rencontrent sur un paquebot, qui fait croisière de l’Europe vers les Etats-Unis où ils doivent épouser leurs fiancés respectifs. Au fil du voyage ils se rapprochent (notamment lors d’une somptueuse escale à Madère, le grand pas-de-côté du film, tout en sérénité, qui résonne en écho bouleversant avec la fin : le châle, le tableau) et se promettent finalement de se retrouver six mois plus tard à 17h sur le toit de l’Empire state building pour s’y marier.
Durant ces six mois, chacun aura pris ses dispositions, annulé son mariage, changé de travail, pensé chaque jour à l’autre, bref tout est réuni le jour j pour l’intensité des retrouvailles au sommet de New York. Mais ce 1er juillet, le destin va en décider autrement. Sans trop en dévoiler, la troisième partie du film révèle son lot de surprises, de changement de ton.
La date a son importance, puisque le film a la particularité de se jouer sur une année, et trois temporalités reliées symétriquement à six mois d’intervalle. Cet effet de miroir apparaît à de nombreuses reprises. Il suffit de citer la toute première rencontre, où tous deux se parlent à travers un hublot. Cette idée du miroir, du double, résonne fortement avec celle du couple, du mariage qui habite littéralement tout le film.
Irène Dunne & Charles Boyer sont tous deux formidables. Les dialogues (en grande partie signés Delmer Daves) sont merveilleux, les décors sont d’une grande beauté, la mise en scène d’une subtilité réjouissante. Le film s’ouvre sur un pur motif de screwball comedy avant de glisser vers la romance puis le mélodrame. C’est un classique total.