Les films rêvés.
6.5 Virage surprenant pour Bruce Conner puisqu’il réinvestit la nature. Bien sûr le procédé ne change pas, l’auteur fonctionne toujours sur un assemblage d’images trouvées. Ici, elles proviennent de nombreux films éducatifs que le réalisateur américain collecte depuis longtemps.
En raison de sa durée (Cinq minutes et dix secondes) le film est intitulé Take 5 :10 to Dreamland. Ça ressemble à un titre de western. Ce n’est ni Yuma, ni Gun Hill mais Dreamland : Une volonté de quête d’un paradis perdu. Un dernier train à prendre vers le pays des rêves.
Deux éléments jouent pleinement sur cet effet d’onirisme : Tout d’abord la musique de Patrick Gleeson, transe discrète accompagnée de cris d’oiseaux ; L’image en sépia ensuite, quand bien même elle semble déboucher d’une contrainte de production – un problème au niveau de la transformation du son en imprimante optique – plus que d’un parti pris.
Quoiqu’il en soit, le film est très beau, doux, lumineux, apaisant. C’est une série d’images agencées poétiquement, nous offrant la possibilité de faire nos propres connexions entre elles / avec elles. On y voit notamment un homme buvant de l’eau à la rivière, une plume voltiger au gré des vapeurs produites par un radiateur, une femme s’observant dans un miroir, un lapin endormi, une jeune fille faisant rebondir une balle, une éclaboussure (au ralenti) dans une tasse de lait, un objet non identifié dans le ciel. Il y a du Maya Deren là-dedans.