Le hasard, un ami qui ne vous fera pas que du bien.
5.5 Je n’ai pas lu le livre dont le film est l’adaptation éponyme (fidèle ?) mais il y a dans cette volonté de relier un quartier d’Abidjan et les Causses de la campagne française, un appétit virtuose. Si le film s’ouvre sur une mystérieuse scène en Cote d’Ivoire, il prendra en revanche tout son temps pour y revenir et l’intégrer dans son récit. Peut-être pas ce qu’il fait de mieux, mais le virage est osé. En nous plongeant alors aux côtés du personnage incarné par Denis Menochet mais en nous offrant aussi le contre-champ que lui n’a pas, le film trouve une nouvelle inspiration, un curieux souffle méta, tant le personnage devient le miroir de notre égarement préalable. Car alors pour nous tout s’éclaire, quand pour lui tout devient flou. Mais au début c’est le grand flou pour nous. Une femme disparaît et le récit nous demande de suivre cinq personnages qui lui sont liés, mais chacun son tour, dans la même temporalité, ce qui occasionne de voir des scènes plusieurs fois selon différents points de vue. Il y a de l’audace. Rien d’extraordinaire la faute en partie à des tournants scénaristiques qui ne tiennent pas debout mais que le film ne va cesser d’expliciter par cette formule selon laquelle le hasard est plus grand que nous. Dispositif à la Babel ou L’effet papillon un brin grossier, mais le film est courageux, habité, beau, malgré une forme (construction par personnages) archi rebattue, on pense à la première saison des Revenants notamment. Le film se perd aussi un peu. Et il n’est jamais aussi bizarre et malaisant qu’Harry un ami qui vous veut du bien, que Moll a pondu y a maintenant vingt ans.
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