Eté 71.
7.0 Le titre annonce dignement et avec exhaustivité l’entièreté du programme. Une temporalité : Juillet 1971. Un lieu : San Francisco. Le quotidien (living), l’obligation (working) et la vie (swimming). On est loin de ces peintures paysagistes entre ombre et lumière que Hutton offrira bientôt. C’est un journal intime filmé. Mais il a déjà le goût pour les formes plus que pour le récit : D’une promenade en vélo le long de la baie, nous ne verrons que le sol, les roulements et l’impression de voguer sur une terre liquide. D’une captation de la vie dans la cuisine, nous n’assisterons qu’à la méticuleuse fabrication du pain, n’apercevant que les mains pétrissant la pâte dans la farine à même une planche de bois. Il s’agit moins de capturer par la contemplation que d’enregistrer la cristallisation. Un peu à la manière d’un Mekas – en moins fragmenté – Hutton y filme son intimité et ceux qui peuplent son intimité : Sa femme, son enfant, son chien, ses poules. Et lui-même, dans son potager, embrassant une perruche, vidant un gibier, jouant avec un tuyau d’arrosage. On y voit l’intérieur de la maison, le jardin, les alentours, une bâtisse en ruine, une traversée sur un paquebot, un voyage en voiture, une projection de cinéma, une chenille sur une branche, une baignade dans une rivière, une séance de yoga, un jeu de billes. C’est le doux portrait d’un style de vie à travers une collection de petits instants. Un poème discret, en noir et blanc. Sans aucune piste sonore, toujours : Hutton nous laisse le choix d’accompagner ses images avec ce que l’on souhaite.