Archives pour mai 2021

Ovni(s) – Saison 1 – Canal + – 2021

06. Ovni(s) - Saison 1 - Canal + - 2021Drôle de phénomène.

   6.5   Une bonne surprise. Avec ses disparitions de flamant rose et de pin’s, ses découvertes de boules à facettes géantes, ses solutions à travers des dessins de gosses, ses montres et boussoles récalcitrantes, une rivière transformée en montagnes de chaussures, cet X-Files franchouillard ressemble à du Dupieux, croit-on au début, mais c’est sans doute plus anecdotique in fine, gentiment décalé, plus passe-partout, mais c’est absolument charmant dans le paysage de la comédie française. Il y a tout d’abord le décorum, très beau, élégant, puisque le récit se déroule fin des années 70 et donc une attention aux fringues, aux coiffures, moustaches, cigarettes, toiles cirées et j’en passe. La réalisation est d’ailleurs entièrement confiée à Antony Cordier, à qui l’on devait les chouettes films Happy few puis Gaspard va au mariage. Et il y a un casting impeccable réunissant les toujours parfaits Melvil Poupaud, Géraldine Paihlas, Michel Vuillermoz ou Laurent Poitrenaux et les jeunes tout aussi géniaux Quentin Dolmaire (que j’adorais déjà dans Trois souvenirs de ma jeunesse, d’Arnaud Desplechin ou Synonymes, de Nadav Lapid) & Daphné Patakia (Sublime découverte). Il y a quelques belles trouées, des références allant du thème sifflé de Bachelet repris à Coup de tête, l’épisode sur Steven Spielberg, le rendez-vous de La mort aux trousses. La série n’invente clairement rien, mais elle trouve un rythme, une douce fantaisie, un charme, modeste et désuet, qui en font une belle curiosité, douze épisodes très facilement regardables.

Dix pour cent – Saison 4 – France 2 – 2020

07. Dix pour cent - Saison 4 - France 2 - 2020La mort dans l’âme.

   5.0   Je suis très mitigé sur cette (ultime ?) saison. En convoquant aussi bien Franck Dubosc, Jean Reno, José Garcia, Murielle Robin ou Mimi Mathy, à travers des épisodes qui ne se concentrent plus sur une célébrité mais plusieurs, la série cherche peut-être trop à se populariser. Et dans le même temps cela fait partie de son récit puisque ASK, l’agence que l’on suit depuis quatre saisons, se retrouve menacée par un énorme concurrent qui lui vole une grande partie de ses stars. Il faut donc s’en remettre aux au gros de son portefeuille. Certes on reste dans la continuité des saisons précédentes mais (la faute à son nouveau « couple » de showrunners ?) sa fraicheur s’est un peu évaporée, au même titre que ses personnages qui ne passionnent plus, sont beaucoup trop extravagants chacun dans leur registre et s’éparpillent complètement, dans leurs ambitions respectives et leurs travers personnels. Quant aux stars ils semblent reproduire exactement les mêmes névroses que celles déjà apparues dans les saisons précédentes : L’épisode centré sur Sigourney Weaver est à ce titre nullissime. Ça sent la fin, la mort, ça devrait être émouvant, mais non. Pas désagréable, mais aussitôt vu aussitôt oubliée.

Hippocrate – Saison 2 – Canal + – 2021

HIPPOCRATE Saison 2 - Episode 1« Je pense que c’est que le début »

   7.5   Difficile de faire ne serait-ce qu’aussi fort que la première étincelante saison, pourtant Hippocrate y parvient presque. Sa fine écriture, sa mise en scène rythmée, ses moments sous tension, son équipe/casting (rejoint par un superbe Bouli Lanners) en font clairement le parfait représentant d’un ER à la française. Les couloirs de l’hôpital de cette saison s’ouvrent sur une inondation et se ferment en plein raz-de-marée Covid. Toujours en flux-tendu, la série n’hésite pas à nous plonger au cœur de situations aussi réalistes qu’abracadabrantes, en pleine intoxication au monoxyde de carbone, dans un caisson à oxygène ou lors d’une plèvre à percer. Déjà présent mais relativement effacé en première saison, le personnage d’Igor devient central ici, tant il innerve la partie mélodramatique du récit. Sans pause, le récit avance par fulgurances, dans un crescendo de plus en plus irrespirable. Et puis on ne peut faire plus actuel que de montrer des soignants de l’hôpital public dans la tourmente. Essai transformé.

Batman – Tim Burton – 1989

01. Batman - Tim Burton - 1989Un rire ne vaut pas mieux que deux personnages.

   4.5   Pour le fan du comic book DC crée par Kane & Finger, il va de soi qu’un projet comme celui-ci – Batman n’a alors été porté au cinéma qu’en 1966 dans l’adaptation de la série télévisée éponyme diffusée sur ABC la même année – réunissant Tim Burton, qui sort de Beetlejuice & Pee-Wee, ainsi qu’un Joker incarné par Jack Nicholson dix ans après Shining, peut créer une certaine excitation. De mon côté, entre mon ignorance des bouquins et mon éternel ennui face au cinéma de Burton, sa découverte tardive m’en toucha une sans faire bouger l’autre. Depuis, la Chauve-souris a multiplié ses passages cinématographiques (chez Nolan notamment, mais aussi chez Snyder) mais n’a pas alimenté une envie supplémentaire chez moi. Je revoyais Batman essentiellement pour revoir Burton, qui est un cinéaste qui ne me passionne jamais, mais pour qui j’ai une certaine admiration, pour sa création d’univers, sa cohérence, son inspiration, pour le plaisir de « reconnaître qu’il s’agit d’un film de Tim Burton » en somme. Il s’agit de cela ici, essentiellement d’un point de vue visuel tant le film aspire, de par son style Art déco, à faire revivre l’expressionnisme allemand. Mais on le sent tout de même très prisonnier de son statut de blockbuster, comme si Burton était privé de laisser libre cours à son imagination. Dans sa peinture urbaine, Gotham semble emprunter beaucoup à Blade runner, mais manque d’ambiance, d’équilibre. C’est plus réussi lorsque le film s’aventure dans le repère de Batman, où Burton y est plus à l’aise, plus dans son univers, laissant pleinement échapper ses velléités gothiques.  Mon problème touche plutôt aux personnages. La chauve-souris justicière est effacée, tandis que son antagoniste au sourire affiché s’avère profondément iconoclaste. Keaton désole, Nicholson rayonne. Ou plutôt : Le premier semble se demander ce qu’il fait là, quand le second cabotine volontiers jusqu’à l’excès. En résulte un film pour Jack Nicholson, un épisode de Batman pour le Joker. Bruce Wayne n’est que générique, aussi paresseux que l’incarnation absente de Keaton. Seul Jack Napier compte, avant et après la cuve d’acide. Un one man show qui à l’image de la musique d’Elfman (Et si c’était, avec Johnny Depp, mon principal problème avec les films de Tim Burton, finalement ?) souffre de son exagération : Tout y est trop tout, bancal, maladroit. Et parfois gênant : La scène de vandalisme du musée accompagnée par la musique de Prince ou la pauvre scène d’action qui s’ensuit. J’ai un peu de mal à sauver quoique ce soit là-dedans, franchement. A la limite je comprends qu’on puisse tomber amoureux de Kim Basinger, mais vraiment à la limite, car elle n’y est pas terrible. Bref c’est comme dans mes vieux souvenirs. Assez pénible.

Du rififi chez les hommes – Jules Dassin – 1955

17. Du rififi chez les hommes - Jules Dassin - 1955Paris leur appartient.

   8.0   Dassin, alors en pleine fuite du maccarthysme, s’installe à Paris et y tourne cette tragédie dans le cercle des truands. Adapté d’un roman d’Auguste Le Breton, Du rififi chez les hommes annonce autant (le film datant de 1955) le Melville du Cercle rouge que le Verneuil de Mélodie en sous-sol, et pourquoi pas le Mann de Heat, tout en faisant écho au chef d’œuvre de Jacques Becker, Le trou, dans une partie centrale, silencieuse, groupée, qui fait la part belle à la durée, aux gestes, au lieu, au climat sonore. Une séquence brillante à l’image du film tout entier, qui s’approprie intensément l’urbanisme parisien. Un grand film de casse. Un grand film, tout court.

Pat Garrett & Billy the kid – Sam Peckinpah – 1973

15. Pat Garrett & Billy the kid - Sam Peckinpah - 1973Les temps changent.

   9.0   Tout le film est alimenté par des mouvements contraires, des paradoxes troublants. C’est une confrontation simple, en apparence, entre un shérif et un hors-la-loi. Entre Pat Garrett et William Bonney, dit Billy the kid. Si Peckinpah s’emploie à les rendre tour à tour sympathiques et antipathiques, qu’ils soient homme de loi ou cible à abattre, quelque chose de plus fort cloche : Ils sont amis. Tout du moins ils l’étaient. Un peu comme l’étaient Kirk Douglas & Anthony Quinn dans Le dernier train de Gunhill, de John Sturges.

     Dans chaque cas c’est l’histoire d’une amitié détruite par une redistribution des cartes : Pat Garrett était une figure de l’Ouest sauvage. Il est désormais du côté de la loi. Billy, lui, n’a pas changé : Un dialogue cinglant annonce le geste de l’œuvre de Peckinpah, toute entière. « Les temps changent peut-être mais pas moi » lâche Billy à Pat Garrett.

     Peckinpah ouvre son film sur un effet de boucle très particulier – des images tirées de deux séquences différentes, l’une en noir et blanc, l’autre en couleurs – puisqu’on y voit le shérif se faire tuer à Los Cruces tandis que Billy tire sur des coqs – Une ouverture dont on peut penser que Bigelow s’en souviendra pour ouvrir Point break, vingt ans plus tard. Deux époques, deux cibles, deux tireurs mais une causalité malgré tout qui annonce les forces déployées par le film tout entier.

     Pourtant, le film ne reviendra pas sur la mort physique de Pat Garrett. Il s’en tiendra à sa mort poétique : Le miroir sert de climax. Pat Garrett vient de tuer, enfin, Billy. Il voit son propre reflet dans le miroir, il tire. Son image éclate en morceaux. Comme si soudain il avait honte de se propre représentation ou comme si en tuant sa proie il signait son arrêt de mort. En tuant Billy, Pat se tue lui-même. Tout du moins tue-t-il ses origines.

     Garrett & Bonney incarnent deux figures opposées mais deux personnages jumeaux, séparés par l’Histoire mais réunis par les forces du récit. Les visages suivent cette ambiguïté. Le sourire affiché par William Bonney se mue parfois très soudainement en saillie mélancolique ; La froideur de Pat Garrett s’efface pour ouvrir un champ de douceur contemplative – Le film ne serait évidemment pas grand-chose sans James Coburn & Kris Kristofferson : Classe absolue.

     Et le récit lui-même réserve ses pas de côté, quittant souvent les rails vers des instants parfois miraculeux, très détachés, à l’image de cette famille dérivant sur un radeau de fortune, ou de l’adieu entre un vieux shérif touché, qui sait qu’il va mourir, et sa femme, en larmes, qui l’accompagne jusqu’aux abords d’une rivière. Rien n’est dit. Tout est regards, sous celui, en retrait, d’un shérif aveuglé par une quête insensée. Et sous les notes de Dylan. C’est bouleversant.

     Si le massacre est moindre que celui qui explosait aux extrémités de La horde sauvage, Peckinpah y retrouve cette énergie similaire, en chorégraphiant chaque affrontement, ici au siège d’Old Fort Summer ou là dans une banale scène de tirs sur des bouteilles vides. Ralentis, multiplication des plans, haute puissance sonore. Peckinpah se fait chef d’orchestre d’une violence aussi absurde que poétique.

     Sous ses atours de western, Pat Garrett & Billy the kid – qui sort en France la même année que Macadam à deux voies, de Monte Hellman, aussi écrit par Rudy Wurlitzer – est un road-movie dans le vieil ouest ; Un grand film crépusculaire, désenchanté, une sorte de requiem accompagné par les chansons mélancoliques de Dylan, qui tient ici un beau rôle fantôme, quasi enfantin.

     Les enfants sont partout : Ils l’étaient déjà dans La horde sauvage. Ici ils ouvrent le film en allant ramassés les coqs qui n’ont pas été pulvérisés par les tirs de Billy. Et ils le ferment : Un gamin jette des pierres vers Pat Garrett pour accompagner son départ. Il a tué son héros. Il peut s’en aller mourir.

Le monde perdu (The lost world) – Harry O. Hoyt – 1925

13. Le monde perdu - The lost world - Harry O. Hoyt - 1925Jungle fever.

   6.0   Toute la première partie – les préparatifs de l’expédition visant à trouver une terre perdue mentionnée dans le journal d’un explorateur disparu – est un peu laborieuse, bavarde et fonctionnelle. Mais dès qu’on entre dans la jungle amazonienne, le film s’illumine, d’une part car il se donne du mal à capter joliment l’animation image par image (signée Willis O’Brien) des modèles réduits de son bestiaire préhistorique bien fourni : Brachiosaures, tyrannosaures, allosaures, triceratops, ptéranodon, stégosaures et d’autres probablement. D’autre part pour sa capacité à recréer une forêt, immense, lumineuse, monstrueuse, qui semble émerger d’un autre temps : Il lui manque juste le son. Adaptation du roman éponyme de Sir Arthur Conan Doyle, The lost world est bien entendu autant une matrice pour Spielberg qu’un cousin du King Kong de Ernest B. Shoedsack & Merian C.Cooper. Un peu dur d’ailleurs pour Harry O. Hoyt et son film lui-même, qui vivra toujours dans l’ombre du grand singe. C’est un film d’aventures qui a près de cent ans, c’est du muet et les monstres sont des maquettes en caoutchouc. Pourtant c’est assez beau. D’une grande tristesse même à l’image de cette fin à Londres, sur le Tower bridge.


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silencio


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