Un rire ne vaut pas mieux que deux personnages.
4.5 Pour le fan du comic book DC crée par Kane & Finger, il va de soi qu’un projet comme celui-ci – Batman n’a alors été porté au cinéma qu’en 1966 dans l’adaptation de la série télévisée éponyme diffusée sur ABC la même année – réunissant Tim Burton, qui sort de Beetlejuice & Pee-Wee, ainsi qu’un Joker incarné par Jack Nicholson dix ans après Shining, peut créer une certaine excitation. De mon côté, entre mon ignorance des bouquins et mon éternel ennui face au cinéma de Burton, sa découverte tardive m’en toucha une sans faire bouger l’autre. Depuis, la Chauve-souris a multiplié ses passages cinématographiques (chez Nolan notamment, mais aussi chez Snyder) mais n’a pas alimenté une envie supplémentaire chez moi. Je revoyais Batman essentiellement pour revoir Burton, qui est un cinéaste qui ne me passionne jamais, mais pour qui j’ai une certaine admiration, pour sa création d’univers, sa cohérence, son inspiration, pour le plaisir de « reconnaître qu’il s’agit d’un film de Tim Burton » en somme. Il s’agit de cela ici, essentiellement d’un point de vue visuel tant le film aspire, de par son style Art déco, à faire revivre l’expressionnisme allemand. Mais on le sent tout de même très prisonnier de son statut de blockbuster, comme si Burton était privé de laisser libre cours à son imagination. Dans sa peinture urbaine, Gotham semble emprunter beaucoup à Blade runner, mais manque d’ambiance, d’équilibre. C’est plus réussi lorsque le film s’aventure dans le repère de Batman, où Burton y est plus à l’aise, plus dans son univers, laissant pleinement échapper ses velléités gothiques. Mon problème touche plutôt aux personnages. La chauve-souris justicière est effacée, tandis que son antagoniste au sourire affiché s’avère profondément iconoclaste. Keaton désole, Nicholson rayonne. Ou plutôt : Le premier semble se demander ce qu’il fait là, quand le second cabotine volontiers jusqu’à l’excès. En résulte un film pour Jack Nicholson, un épisode de Batman pour le Joker. Bruce Wayne n’est que générique, aussi paresseux que l’incarnation absente de Keaton. Seul Jack Napier compte, avant et après la cuve d’acide. Un one man show qui à l’image de la musique d’Elfman (Et si c’était, avec Johnny Depp, mon principal problème avec les films de Tim Burton, finalement ?) souffre de son exagération : Tout y est trop tout, bancal, maladroit. Et parfois gênant : La scène de vandalisme du musée accompagnée par la musique de Prince ou la pauvre scène d’action qui s’ensuit. J’ai un peu de mal à sauver quoique ce soit là-dedans, franchement. A la limite je comprends qu’on puisse tomber amoureux de Kim Basinger, mais vraiment à la limite, car elle n’y est pas terrible. Bref c’est comme dans mes vieux souvenirs. Assez pénible.