Big Three and daddy.
9.0 C’est une déflagration. Vraiment. Dix-huit épisodes d’une puissance inouïe.
Rares sont les fois où j’aime instantanément chacun des personnages d’une série, c’est le cas ici. Rares sont les fois où je ris et chiale autant ; où je me sens investi, émotionnellement, pour l’un, pour l’autre, pour tous. La construction, l’écriture, l’interprétation, tout m’a semblé brillant de A à Z.
L’épisode pilot est déjà somptueux. Il nous invite dans le quotidien de plusieurs personnages : Un couple sur le point d’avoir des triplés ; un acteur de sitcom en pleine remise en question professionnelle ; une femme obèse qui se bat contre son propre corps ; un père de famille sur le point de retrouver son père biologique.
La série s’ouvre sur une journée en particulier, celle de l’anniversaire de quatre d’entre eux. Moi qui aime ne rien voir venir, j’étais servi. En effet, on comprend à la fin des quarante-deux premières minutes, quand les enfants du couple sont nés, qu’ils sont ceux qu’on a suivis en parallèle trente-cinq années plus tard. Jack a trente-cinq ans le jour où ses enfants naissent. Kate, Randall & Kevin fêtent leurs trente-cinq ans le jour où la série a choisi de commencer à les suivre. Première d’une longue série de déflagrations dont This is us sera coutumière. D’autant que l’issue de ce pilot nous réserve une autre surprise de taille, déchirante.
La série ne faisait que commercer que c’était déjà gagné pour moi. Ou trop beau pour être vrai : Heureusement non, les dix-sept salves suivantes conservent cette puissance. La série tire cette force de ses nombreux enchevêtrements casse-gueule. Au sein d’un même épisode elle ne cesse de voguer d’un personnage à l’autre, d’une temporalité à l’autre, entre la légèreté et le drame, le tout entre New York et Los Angeles, avec une limpidité exaltante, en soignant chacune de ses transitions.
L’écriture y est minutieuse. Le découpage quasi miraculeux. Et plus ça avance plus elle s’ouvre : Si nous suivons le couple Rebecca/Jack avant l’arrivée de leurs marmots, nous plongerons aussi un peu plus en amont. Et bien entendu dans la temporalité suivante, quand les enfants ont une dizaine d’années, mais aussi quand ils en ont quinze. C’est vertigineux. Et triste et beau à chialer.
Et afin de parachever de me séduire, on y entend :
- « Death with dignity », de Sufjan Stevens - « Blues run the game », de Jackson C. Frank - « Northern sky », de Nick Drake - « The Wind », de Cat Stevens - « Kola », de Damien JuradoDu caviar. Jusqu’au bout.
Comment se relever d’une entame pareille ? Je veux dire… Est-ce qu’il ne vaut pas mieux s’en tenir là ? C’est un tel miracle, fragile et fulgurant : Difficile d’imaginer mieux. D’autant que pour le coup, à mon humble avis, cette saison se suffit à elle-même. Elle contient déjà tout et laisse au récit des zones mystérieuses qui me plait beaucoup. Mais j’ai quand même envie de poursuivre.
Et puis je tiens à voir ce qu’ils vont faire du destin du père ou plutôt comment ils vont l’associer aux trois enfants. Car ce n’est pas ce qu’il y a de plus réussi, je crois, ce suspense autour de sa mort. Ce moment où l’on sent que la série pense série, suspense, cliffhanger, saisons à venir etc. ça m’a peu gêné mais je comprends que ça puisse gêner, c’est hyper casse-gueule. Je garde l’impression qu’il s’agit de nous dévoiler les choses à mesure que les personnages, les enfants, l’acceptent. Si c’est le cas – C’est pouquoi j’ai hâte de poursuivre – je trouve cela très beau.
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