Terre sans blé.
7.0 Un très beau Becker qui réalise là une sorte de film noir en terre paysanne. Soit la peinture au vitriol d’un petit monde rurale dur et mesquin, arriviste et pingre, auquel malgré tout on s’attache, tant chaque personnage est magnifiquement écrit et ambivalent.
Il s’agit d’une chronique familiale peinte dans un moment crucial, frisant le fantastique : La venue d’un fils de Paris dans le but de le marier à une cousine du pays ; une forte dette apportée par un commerçant du coin ; la naissance du veau dans l’étable ; la fausse mort brutale du patriarche ; la disparition mystérieuse de la gérante de la guinguette.
Les frontières sont minces : Un petit magot en cache un gros, une fausse mort en masque une vraie, un amour en remplace un autre. Ce récit de polar en forme de vaudeville (qui s’avère être aussi un film à twist) est à l’image de ce drôle de titre en trompe l’œil, puisqu’il s’agit du nom d’un personnage apparemment moins essentiel.
Goupi mains rouges a la particularité d’être tourné pendant l’Occupation, au moment où Pétain prône justement un retour à la terre. En somme, le film s’érige subtilement et à sa façon, contre le régime de Vichy.