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Archives pour septembre 2021



Louloute – Hubert Viel – 2021

15. Louloute - Hubert Viel - 2021La question du père.

   6.5   C’est un film-souvenir. Celui d’une femme (Louise, le personnage) se remémorant son enfance à la ferme, quand cette dernière est sur le point d’être vendue. Et celui d’un homme (Hubert Viel, le réalisateur) qui a grandi lui aussi en milieu rural. Le film nous plonge dans les années 80 – restituées de façon chaleureuse par le grain de la pellicule en 16mm – en saisissant d’une part le quotidien de la ferme familiale, d’autre part une double crise : Celle du lait et celle de Louloute, gamine de dix ans, aussi vive que mélancolique.

     C’est une chronique onirique très légère puisqu’elle abrite l’enfance mais grave à la fois dans la mesure où elle capte des problématiques plus adultes, notamment la colère des agriculteurs, l’accumulation des dettes, les disputes conjugales et un traumatisme pur vécu à hauteur d’enfant, vers lequel le récit converge subtilement. Ça finit même par être très émouvant sur la fin. Si les enfants, Alice Henri qui campe Louise en tête, y sont excellents, et si on adore voir et revoir Laure Calamy, la révélation c’est Bruno Clairefond qui l’endosse. Il joue le père et il est magnifique.

OSS 117, Alerte rouge en Afrique noire – Nicolas Bedos – 2021

07. OSS 117, Alerte rouge en Afrique noire - Nicolas Bedos - 2021« Personne ne parle allemand par plaisir »

   5.0   Point de déception devant ce troisième volet puisque celle-ci était née dès l’annonce d’un Nicolas Bedos aux commandes, dont j’avais détesté Monsieur et madame Adelman ainsi que La belle époque.

     Ainsi le film ne déçoit pas. Il assure le rythme, nous offre de retrouver la plume de Jean François Halin et le personnage d’Hubert Bonnisseur de La Bath. On est apparemment en terrain connu, on est bien.

     Pourtant quelque chose s’est bien cassée. Quelque chose qui a sans doute à voir avec un certain mépris pour le spectateur. Hubert est toujours cet imbécile heureux, mais Bedos n’omet pas de le rappeler, par un gag de trop, une réplique de trop, un personnage de trop, systématiquement comme s’il s’excusait de son irrévérence ; Le monologue de son compère avant l’épisode du crocodile est à l’image de cette lourdeur. Quant à l’homosexualité refoulée d’Hubert elle était mieux tenue dans les deux premiers, là on force le trait en permanence. Même chose sur le gag de la panne sexuelle.

     Ainsi les contrepoids d’Hubert sont moins des figures antagonistes et libres (rendez-nous Larmina, Gerhard Moeller, Dolores ou Heinrich) que de purs faire-valoir du personnage principal, sans relief et fonctionnels, un comble puisqu’il s’agit d’affubler OSS 117 d’un partenaire, OSS 1001 aka Pierre Niney – Idée intéressante sur le papier tant le genre du buddy movie était florissant (notamment via les comédies de Veber) à cette époque ; Mais le résultat de ce tandem est très décevant.

     La mise en scène elle-même est moins fringante : Plus virtuose (à l’image du plan-séquence d’ouverture m’as-tu-vu) mais plus consensuelle. Et l’image est moche.

     Le film est par ailleurs moins séduisant du point de vue de l’écriture tant il ne fait qu’appuyer sur le vieillissement d’Hubert (Le récit se déroule juste avant l’arrivée de Mitterrand au pouvoir) et ainsi de sa mise en situation : Bedos copie James Bond (le générique l’annonce clairement) mais choisit le kitch de ceux des années 80, évidemment.

     La seule idée plutôt réussie c’est de voir Hubert tenter de se contenir, parce qu’on lui a dit que les africains étaient susceptibles. Ça occasionne une bêtise supplémentaire dans sa retenue, c’est très drôle et Dujardin sait incarner cela à merveille.

     Bref c’est pas terrible, mais je n’ai pas passé un mauvais moment, loin de là. Faut juste pas le comparer aux deux précédents.

La Pat’ Patrouille, le film (Paw Patrol,the movie) – Cal Brunker – 2021

03. La Pat' Patrouille, le film - Paw Patrol,the movie - Cal Brunker - 2021« Chase est sur le coup ! »

   5.0   C’est un simple prolongement des épisodes télévisés : Les enfants ne seront pas trop dépaysés. Reste qu’il ne faut plus tenir dix minutes mais une heure et demie. L’occasion de changer de lieu (arpenter la grande ville d’à côté), d’y injecter un nouveau personnage (Liberty, le basset errant) et d’y insuffler un peu plus de romanesque qu’à l’accoutumée : La mission des chiots patrouilleurs se déploie en effet là où Chase fut jadis abandonné. Bref, c’est clairement un épisode pour le chiot berger allemand (gageons que les prochains mettront davantage en avant Ruben, Stella ou Marcus) et pour la petite nouvelle, Liberty, qui apporte un doux vent de fraicheur. Les autres se font discrets. Et ma foi ça se regarde. Surtout aux côtés de ma fille, les yeux écarquillés dans la salle, entre deux baignades estivales.

Winchester’73 – Anthony Mann – 1951

29. Winchester'73 - Anthony Mann - 1951Il était une arme dans l’Ouest.

   7.0   Premier des cinq westerns qu’Anthony Mann tourna avec James Stewart, Winchester’73 est un affrontement entre deux frères par le prisme d’une arme (celle du titre) autour de laquelle le film est construit. Les figures de l’Ouest se croisent et l’arme devient objet de fascination de tous, pur mythe justifiant les nombreux éclats de violence jalonnant le film. Qu’elle s’aventure dans un concours de tirs, dans une maison assiégée ou lors d’un gunfight sur un massif rocheux, la mise en scène de Mann en impose par sa limpidité d’exécution, sa sécheresse et son épure.

This is us – Saison 2 – NBC – 2018

This Is Us - Season 2Un monde sans père.

   8.0   Moins forte car moins cohérente dans son découpage notamment, cette deuxième saison aura toutefois confirmé que le hors champ concernant la mort du père existait moins en tant que cache pour le spectateur qu’en tant que deuil irrésolu pour les trois enfants. Cette saison aura convergé vers cette impossible acceptation commune en ouvrant – via trois quatre derniers épisodes pas très convaincants par ailleurs – vers leur résurrection en marche. Il va dorénavant falloir davantage voir les autres : Toby, Déjà, surtout Miguel & probablement la nouvelle conquête de Kevin : Car ils étaient / sont / seront beaucoup dans leur capacité à tous de revivre. Bref, ça me surprend moins dans l’ensemble, mais globalement ça continue de bien me mettre sur le carreau.

Westworld – Saison 1 – HBO – 2016

08. Westworld - Saison 1 - HBO - 2016Rébellion en gestation.

   5.0   À chaud j’aurais sans doute été plus indulgent. Quelques semaines après avoir ingurgité ces dix premières salves d’épisodes c’est une autre affaire. C’est dense, c’est brillant, c’est ambitieux, c’est impressionnant. On est d’accord. C’est un blockbuster intelligent, existentiel, qui recèle d’infinies possibilités. Ok. Reste que c’est globalement très indigeste, poseur et racoleur, casting imposant compris. Beaucoup d’esbrouffe, donc et une saison construite comme une gigantesque publicité, à l’image de ce que ce monde, le parc Westworld, offre.  Surtout, je ne peux m’empêcher, d’y voir qu’un énième ersatz de Lost, transposé dans un univers de western, couplé à un ersatz de Game of Thrones, dans son aspérité épique. Une sorte de rejeton hybride, l’émotion en moins. Car c’est bien le problème : ça ne me procure pas grand-chose. Reste à savoir si je me motive pour mater la deuxième saison ?

Bliss – Mike Cahill – 2021

BLISS« Et le vrai monde, il va chez le coiffeur »

   3.0   Mike Cahill c’est Another earth, que j’avais trouvé bancal mais intéressant. C’est surtout I Origins, qui m’avait terrassé mais qui tenait sur un fil, on ne savait pas trop comment – ce qui le rendait plus beau et fragile encore. J’étais impatient de voir ce qu’il avait encore dans le ventre. Malheureusement, Bliss est un ratage. On lui retrouve son attirance pour les univers parallèles, les récits à la Philip K.Dick mais les promesses initiales aux effluves d’un Matrix inversé s’évaporent très vite. Film-concept dans lequel le monde serait une simulation. Un monde dans lequel on souffre (Le point de départ est celui du héros, en plein divorce et coincé dans un boulot qu’il ne supporte plus) crée de façon à supporter la perfection du monde réel. Il y a des tentatives mais ça ne prend jamais, d’une part car le casting est aux fraises (Owen Wilson & Salma Hayek au secours) d’autre part car c’est très mal écrit. Dommage.

Nomadland – Chloé Zhao – 2021

14. Nomadland - Chloé Zhao - 2021Oubliés, les oubliés.

   3.5   L’écurie Marvel est allée repêcher un nom bankable en la présence de Chloé Zhao pour l’un de ses prochains opus à venir: Eternals. Avant cela, Zhao reçu grâce à Nomadland, son troisième film, une pluie d’éloges : Lion d’or, Golden globe, Oscar. La totale. Une incompréhension absolue pour moi tant j’ai trouvé ça terriblement lourdingue et malhonnête, à l’image de Frances McDormand qui écrase tous les (vrais) personnages qui ne sont que des esquisses sans vie, ou encore des plans contemplatifs ultra-léchés qui annulent la puissance des paysages, voire de la petite musique larmoyante qui brise chaque élan émouvant. Le seul intérêt du film résidait dans l’écoute des nomades, les vrais – et ces moments-là sont beaux mais trop brefs – mais Zhao n’en fait rien, trop occupée à offrir une nouvelle statuette à l’actrice de Fargo et à emballer tout cela dans un filmage à la Malick. Le film ne sait plus s’il doit filmer le deuil impossible d’un personnage ou les vrais visages oubliés de l’Amérique. A noter que lors d’une brève séquence, le personnage marche en ville, passe devant un cinéma où l’on projette Avengers. Petit clin d’œil / coup de pub à la franchise que Zhao va bientôt intégrer, qui révèle finalement toute l’hypocrisie de son projet politique, d’autant qu’elle réserve un peu plus tôt le même sympathique sort pour le géant Amazon. Très embarrassant, pour rester poli.

Jungle cruise – Jaume Collet-Serra – 2021

06. Jungle cruise - Jaume Collet-Serra - 2021La croisière s’amuse.

   5.0   On aimerait que ça ressemble à un mélange d’Indiana Jones et d’African queen. Mais c’est plutôt Pirates des Caraïbes qui croise A la poursuite du diamant vert. Ce qui est déjà pas mal. C’est du Disney pur dans le texte et dans l’image, chaque réplique prend une petite tournure humoristique, tout est tourné sur fond vert, mais c’est justement parce qu’il faut le prendre comme une comédie d’aventure pour enfants. Et là-dessus le film est rythmé, spectaculaire, plein de rebondissements, d’instants rigolos. On ne s’ennuie pas, notamment durant une première demi-heure particulièrement efficace et encore débarrassée de ses monstres. Surtout le tandem fonctionne à merveille : Emily Blunt & Dwayne Johnson parviennent tous deux à faire oublier quasi tout le reste. Bref c’est mignon. Mais Collet-Serra n’a qu’un rôle purement fonctionnel là-dedans.

Bergman Island – Mia Hansen-Løve – 2021

Bergman IslandScènes de la fiction conjugale.

   7.0   Un couple de cinéastes débarque en résidence sur l’île suédoise de Fårö, à la fois parce qu’ils sont fans de Bergman, mais aussi parce qu’elle a besoin de retrouver l’inspiration tandis que lui donne des conférences. Elle, c’est Chris aka Vicky Krieps (Toujours magnifique, aussi bien dans Phantom Thread, de Paul Thomas Anderson que dans le récent Beckett), lui c’est Tony aka Tim Roth. Le film est aussi une visite des lieux : une île à la mémoire de son génie-réalisateur (qui y vécu et y tourna six de ses films) qu’on a transformé en circuit touristique, avec ses boutiques de souvenirs, ces cinémas qui diffusent des projections de ses films et même un Bergman Safari où l’on peut notamment voir le lieu où fut tourné A travers le miroir. Chris & Tony ont par ailleurs le privilège de dormir dans le lit de Scènes de la vie conjugale. Tout un programme.

     Le glissement est une donnée fondamentale du cinéma de Mia Hansen-Løve. Bergman Island n’y dérogera pas. Quand bien même on adore arpenter les lieux dans son cinéma (Souvenir ému de l’Inde, dans Maya), au moment où l’on craint de voir le film s’embourber ou se perdre, quelque chose bascule. Tout part d’une simple conversation. Tandis que Chris raconte les grandes lignes de son scénario à son mari, voici que l’image la suit. Nous sommes dans les mêmes lieux, toujours, mais nous plongeons dans les retrouvailles entre Amy (Mia Wasikowska) et Joseph (Anders Danielsen Lie), tous deux invités à un mariage. Amour de jeunesse au devenir impossible, qui rejaillit pour un instant éphémère. C’est très beau et c’est à double entrée, tant cette histoire devient projection des fantasmes de Chris au même titre que Fårö est probablement source de fantasmes pour Mia Hansen-Løve.

     Film dans le film, fiction influencée par la vie ou l’inverse, les deux histoires offertes ici sont aussi passionnantes (et mystérieuses) l’une que l’autre. On s’y abandonne pleinement. Je suis plus sceptique concernant la pirouette finale qui me rappelle surtout que j’aime la simplicité dans le cinéma de la réalisatrice, qui n’aura jamais fait plus simple, plus beau, plus émouvant que Tout est pardonné (2007) et Un amour de jeunesse (2011). C’est donc un petit Mia Hansen-Løve mais un très beau film malgré tout, qui cite à fond Bergman évidemment mais sans jamais qu’elle ne perde de son identité. C’est l’essentiel. L’une des rares cinéastes en activité dont je puisse dire que j’aime absolument chaque film.

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