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Archives pour novembre 2021

First cow – Kelly Reichardt – 2021

02. First cow - Kelly Reichardt - 2021Certains hommes.

   9.0   Kelly Reichardt revient au western, genre qu’elle avait subtilement fait renaître et à sa manière, avec La dernière piste (2011) qui s’intéressait tout particulièrement au quotidien des femmes d’un convoi dans l’Oregon de 1850.

     Si l’on sait qu’on va retrouver l’Oregon dans First cow et plutôt le début du XIXe siècle, le film surprend en s’ouvrant aujourd’hui : Point de barques voguant sur la rivière mais un immense cargo porte-conteneurs, qui traverse le plan. Un plan (long et fixe) qui n’est pas sans rappeler le cinéma de Peter Hutton – auquel Reichardt, on l’apprend à la toute fin, dédie son film – spécialisé dans le landscape-art et qui consacra, entre autre, cinq films à l’Hudson river.

     Aux abords du fleuve, un chien renifle quelque chose. Une jeune femme s’approche et creuse. La jeune femme et le chien, c’est un peu le retour de Wendy et Lucy (2009).  C’était déjà l’histoire d’une amitié. Et déjà un genre codifié (le road-movie) perverti par le geste de Kelly Reichardt. Dans cette étonnante ouverture, tandis qu’elle creuse, la jeune femme découvre les squelettes de deux humains, allongés l’un à côté de l’autre. Le film peut sauter dans le passé, il a une histoire à raconter. C’est peut-être l’un des plus beaux flashbacks qui puisse nous être offert : Partir de ces squelettes, c’est comme partir du dessin d’une femme, dans Titanic.

     First cow fait le récit d’une rencontre et d’une amitié, entre King-Lu, voyageur d’origine chinoise poursuivi par des russes, et Figowitz dit Cookie, cuisinier qui fait partie d’un convoi de trappeurs. Exit le désert de La dernière piste, First cow se déroule intégralement en pleine forêt, le long d’une rivière, à proximité de Portland. Rapidement, les deux hommes vont naturellement faire équipe ensemble. Ils vivent de peu de chose et dorment dans une cabane de fortune. Et Reichardt filme ce peu de chose, glisse son objectif entre champignons et fougères, chouette et salamandre, bois et feuilles mortes.

     Pas de grande chevauchée triomphaliste chère au genre, Reichardt s’en tient à cette forêt ainsi qu’à ses deux personnages et leur petit commerce dangereux, de beignets, grâce au lait – qu’ils recueillent en cachette – de la première vache de la région, appartenant à un notable du coin. Pas de Scope non plus, forcément, la réalisatrice optant pour un format carré – comme elle le fit déjà pour La dernière piste – plus proche de l’humain, de l’intime. Un film doux sur un univers qui ne l’est pas – et un genre qui l’est habituellement encore moins : C’est peut-être ça, la touche Reichardt, une tendance à dégenrer, ici donc à déviriliser le western, jusqu’à lui enlever ses attributs majeurs : Le cheval et l’arme à feu. La seule scène de baston du film – borne habituelle du genre, là aussi – est contournée par la mise en scène : Reichardt préférant attarder son regard mais aussi celui de Cookie (donc le nôtre) sur ce nourrisson qu’on a laissé sur le comptoir d’un saloon.

     Si Kelly Reichardt construit un film doux et si elle s’éloigne des coutumes virilistes du genre, elle ne dresse pas moins le portrait d’une époque difficile, précaire et sur le point de changer. King-Lu incarne sans doute le personnage le plus pratique et lucide des deux, il sait que le monde change et sans doute par survie plus que par idéologie, il désire en faire partie. Et à mesure que ce petit commerce florissant prenne de l’envergure, le récit se resserre et crée une angoisse qu’on n’a même pas vu grimper. Alors on retrouve tout le talent de Reichardt, culminant dans son chef d’œuvre, Night moves, pour incarner le thriller, aussi minimaliste soit-il en l’occurrence : Voler le lait d’une vache et ne pas se faire prendre.

     Le film s’ouvre sur une citation de William Blake : « L’oiseau a son nid, l’araignée sa toile et l’homme l’amitié ». Et le film, pourtant riche, complexe, sur ce qu’il dit des pionniers et du capitalisme naissant, ne raconte rien d’autre que ça : Une amitié en tant que refuge, intemporelle. Un récit d’empathie et de solidarité cosmopolite, à l’image de cette scène où King-Lu négocie une traversée en canoé avec un amérindien, séquence qui n’est pas sans évoquer celle de La dernière piste. Mais on peut tout aussi trouver les échos de cette fraternité, de cette « amitié » chère à Blake, dans un autre film de Reichardt, le très beau Old joy (2007).

Le privé (The long goodbye) – Robert Altman – 1973

07. Le privé - The long goodbye - Robert Altman - 1973Lost in the investigation.

   9.0   Tout ce que je voyais jusqu’alors de Robert Altman m’ennuyait beaucoup : MASH, Streamers et Beyond therapy en tête. Seuls The Player et Short cuts sont restés par bribes dans un coin de ma mémoire, sans que je ne ressente l’envie de les revoir. Ces cinq films m’avaient plus ou moins guéri: Je n’avais pas vu un Altman depuis au moins dix ans. Tout de même, j’ai toujours été très curieux de découvrir ses films des années 70 : Nashville, The long goodbye, 3 women.

     Commençons par The long goodbye aka Le privé : Une merveille. Un film vertigineux, fascinant, déroutant, tant il est flottant et violent, cotonneux et imprévisible, simple et insoluble. Il était d’emblée évident que je le reverrais rapidement – Et je le reverrai encore. Deux ans plus tard, deuxième visionnage : Le film me hantait. Et il me hantera encore. Je pourrais le revoir illico tellement j’aime l’état dans lequel il me plonge.

     Eliott Gould incarne Philip Marlowe, cabot à la gueule cassée, Marlboro clouée au bec, personnage de privé en décalage total avec le monde, avec son époque, il est à la fois désenchanté et mélancolique, honnête et droit – quand tous autour de lui semblent corrompus – et comme s’il appartenait à un autre temps et qu’il se réveillait dans les années 70.

     Rien d’étonnant d’une part car le personnage des années 30 est écrit par Chandler en 1953, d’autre part car l’Amérique d’alors est en pleine gueule de bois, du mouvement hippie, du conflit Vietnamien, du scandale du Watergate. Si le film s’ouvre sur son réveil ce n’est pas un hasard : C’est comme si Marlowe dormait depuis une éternité.

     Il a beau être détective privé, il sera systématiquement en retard sur tout. Il est même incapable de mentir à son propre chat, qui d’ailleurs disparaitra. Il ne comprendra jamais vraiment rien, encore moins quand les flics ou les truands le relâchent. Il est dans une zone floue. Miroir de ses voisines hippies coincées dans l’univers d’Easy rider, miroir nonchalant, comique mais triste de Bickle, dans Taxi driver. Le monde ne les a pas attendus.

     Et la mise en scène audacieuse de Robert Altman va coller à cet état d’engourdissement, à l’image de cette discussion de couple saisie à travers des vitres qui reflètent discrètement Marlowe en bord de plage comme dévoré par les vagues. Elliott Gould est inoubliable dans ce rôle.

     Le Privé ne paie pas de mine pourtant. Il a d’ailleurs fait un bide à l’époque. Difficile aujourd’hui de ne pas voir en lui une matrice du film néo noir ayant éventuellement inspiré Lost Highway, de Lynch ou Body double, de De Palma et sans nul doute les récents Inhérent Vice, de Paul Thomas Anderson ou Under the silver lake, de David Robert Mitchell.

Les Intranquilles – Joachim Lafosse – 2021

03. Les Intranquilles - Joachim Lafosse - 2021« J’veux m’enfuir, quand tu es dans mes bras »

   8.5   Qu’il investisse une cellule mère-fils toxique, les prémisses d’un infanticide ou la dislocation conjugale, le cinéma de Joachim Lafosse se veut précis, froid, implacable, mais paradoxalement vivant (quand il ne se vautre pas dans l’épate binaire d’A perdre la raison) et plein de trouées inattendues.

     On sait son admiration pour Pialat, mais ce patronage assumé se loge moins dans l’idée d’une dynamique naturaliste habituelle (quand on parle de film à la Pialat, disons) que dans sa réappropriation formelle : On se souvient de cet ultime travelling dans Nue-propriété, qui faisait directement référence à celui de La gueule ouverte. Travelling arrière qui sera à nouveau utilisé dans la dernière scène des Intranquilles, avant une coupure au noir, brutale, bouleversante. Mais si l’on pense encore à Pialat, c’est cette fois moins sur une idée de plan que sur une construction de la répétition. C’est à Nous ne vieillirons pas ensemble auquel on songe et ses variations autour de la dispute conjugale. Ici ce sont les variations autour d’une montée de crise.

     Comme souvent chez Lafosse, la majorité du film se déroule à l’intérieur du foyer familial. Leila (Bekhti, incroyable vraiment, on ne l’avait pas vu aussi impressionnante depuis Une vie meilleure, de Cédric Kahn) restaure des meubles anciens, Damien (Bonnard, qui livre une performance hors-norme, très physique) est artiste peintre. Ils ont un petit garçon d’une dizaine d’année. Ils ont sans doute vécu des moments plus doux par le passé, mais le film choisit ce carrefour (sans doute parce qu’il est un carrefour créatif plus fragile pour Damien) et de nous plonger d’emblée au sein de la crise. La première scène est à cette image : Leila se repose sur la plage, elle semble sereine. Damien emmène son fils en bateau un peu plus loin. Une famille heureuse ? Les apparences sont trompeuses. Très vite, Damien stop le bateau et décide de rentrer à la nage tandis que le garçon, pas si surpris, ramène le bateau jusqu’à sa mère, qui s’inquiète mais ne semble pas plus que cela surprise non plus.

     On comprend que ce n’est pas la première fois : Damien souffre de bipolarité. Maladie dont on ne guérit pas dit-on. Maladie qui chez lui s’avère d’autant plus problématique qu’il s’en sert pour coucher ses idées sur toiles, contrairement aux médicaments qu’il doit prendre, qui ont plutôt tendance à endormir sa créativité. En effet, chaque crise le plonge dans un vertige créatif qu’il ne maitrise pas, cumulant les nuits blanches et révélant une hyperactivité au quotidien ou une totale apathie, qui perturbent constamment la cellule familiale, à l’image de cette obsession soudaine qu’il fait pour le changement d’une table ou de son irruption à l’improviste dans la classe de son fils, avec des pâtisseries plein les bras. On ne sait jamais ce qu’il va faire : S’il va courir ou s’effondrer, crier ou chanter, lever la main ou te prendre dans ses bras.

     Un peu à l’image des crises crescendos de Damien, Les intranquilles avance par blocs de séquences, privilégiant deux types de filmage : Très mobile dès qu’il s’agit de saisir l’univers de Damien, notamment quand il peint ; au contraire très posé, dès l’instant que Leila est dans le champ, de façon à d’autant plus accentuer les entrées et sorties de champ de Damien, en mouvement perpétuel. Et parfois, la mise en scène trouve une sorte d’équilibre entre les deux, comme si elle participait brièvement à leurs miettes de bonheur éphémères. Une scène dans une voiture en sera le point d’orgue, rappelant une autre sublime scène de voiture dans Deux jours, une nuit des Dardenne, La nuit n’en finit plus, de Petula Clark étant remplacée par Idées noires, de Bernard Lavilliers.

     Et le plus beau là-dedans, c’est que le film se vit en partie du point de vue de l’enfant, qu’il prend en compte son regard, ses interrogations, son désarroi, sa peine, en permanence. Rôle bouleversant tant il n’est jamais que spectateur, puisque le garçon est entièrement conscient de la maladie de son père, lui suppliant parfois de se calmer ou allant prévenir sa mère d’un danger à venir. C’est probablement la plus belle réussite du film que de lui avoir offert une place à part entière. Rien d’anodin puisque Lafosse raconte un peu de son enfance ici, lui qui dû aussi supporté la bipolarité de son père. Son plus beau film. J’en suis sorti rincé.

Cujo – Lewis Teague – 1983

06. Cujo - Lewis Teague - 1983Les infidèles.

   7.0   Dix ans avant Beethoven, le Saint-Bernard était déjà à l’honneur sur les écrans de cinéma, dans l’adaptation du roman éponyme de Stephen King (Cujo, 1981), cette fois moins destinée au public familial : L’histoire d’un gentil chien, qui chope la rage suite à une morsure de chauve-souris, dévore son maître, avant de piéger une femme et son enfant, dans leur voiture.

     D’un côté, le film (et probablement le livre aussi ?) nous plonge dans un quartier résidentiel de Castle Rock, dans le Colorado et brosse le portrait du couple Trenton, en crise depuis que Vic a découvert que Donna, sa femme, a une liaison. Ils ont un petit garçon de cinq ans, sujet à des terreurs nocturnes. De l’autre celui de la famille Camber, issue de la campagne environnante, abritant une ferme, un garagiste, sa femme, son enfant et un chien, le Saint-Bernard Cujo, dont on assiste progressivement à la métamorphose.

     Tandis que son mari part en voyage d’affaires, Donna part avec Tad faire réparer sa voiture au garage des Camber. Ils sont d’emblée assaillis par le chien, tous crocs dehors, bave blanche dégoulinante, qui décide de ne pas les laisser sortir. Et la voiture ne démarre plus. Les heures défilent, bientôt les jours et l’on se dit que les téléphones portables c’est quand même une super invention.

     Du seul point de vue de la tension, la seconde partie du film est une petite merveille, faisant grimper un crescendo lent et organique (On y ressent la chaleur et la déshydratation) magnifiquement secondé par l’interprétation assez magistrale de Dee Wallace (Qui jouait la mère, dans E.T.) et Danny Pintauro (L’une des plus impressionnantes performances de petit garçon vues sur un écran) et bien entendu de la présence démoniaque du chien monstrueux.

     Bien sûr tout cela est très classique dans sa construction, puisque le film n’ose pas entièrement le huis-clos en restant dans cette voiture et préfère nous convier, dans un montage parallèle à suivre les inquiétudes du mari, sans nouvelles de sa femme et son fils, depuis son départ. Il s’agit évidemment de faire monter l’angoisse et d’espérer qu’il vienne vite à leur secours. Ces scènes sont les moins réussies. C’est vraiment quand il évolue au sein de cette habitacle irrespirable, cernés par les aboiements, que le film révèle tout son potentiel anxiogène.

     Bémols : Le film délaisse complètement la famille Camber au profit des Trenton, alors qu’ils auraient mérité d’être traités équitablement, afin de renforcer l’aspect miroir de la situation : L’absence du mari d’un côté, celle de la femme de l’autre. Aussi, je ne peux m’empêcher d’y voir des velléités moralisatrices, de la part du cinéaste (car King ira apparemment plus loin là-dessus) qui semble un peu trop fasciné par l’idée de punir le personnage féminin, en plein chemin de croix, face à son reflet infidèle et destructeur.   

     Quoiqu’il en soit – et quand bien même la fin semble beaucoup plus passe-partout que dans le livre, plus hollywoodienne, disons – ce récit de chien fidèle et affectueux transformé en monstre sanguinaire s’avère aussi palpable que malsain couché sur écran. Toutes les scènes d’attaques sont assez puissantes. Et le film est oppressant, par instants terrifiant et surtout la photo, signée Jan de Bont, est très réussie, renforcée par cette édition blu-ray Carlotta à tomber par-terre. De la bonne série B de luxe.

Sex education – Saison 3 – Netflix – 2021

15. Sex education - Saison 3 - Netflix - 2021Don’t turn your back on love.

   8.0   Contrairement à l’avis quasi général, qui semble avoir été relativement déçu par cette troisième saison, j’ai trouvé ça une fois de plus formidable, écrit avec beaucoup de malice et de générosité, visuellement c’est toujours aussi chatoyant et surréaliste, et je suis toujours aussi amoureux de sa kyrielle de personnages.

     J’imagine que l’on peut être gêné par certains partis-pris, comme la relation Othis/Ruby, l’arrivée de Hope la nouvelle proviseure, le voyage en France ou bien la grossesse de Jean Milburn. De mon côté j’ai trouvé chacun de ces choix traités intelligemment, avec audace et surtout sans oublier les storylines parallèles, concernant évidemment Othis/Maeve, Eric/Adam, Lily/Ola ou Jean/Jakob.

     Mieux, j’ai moins eu la sensation d’un catalogue (de luxe, certes) placardé, comme dans les précédentes saisons, qui voulaient à tout prix traiter tous les sujets liés à la sexualité. Ici, la nouveauté c’est la non-binarité, incarnée par Cal (sublime personnage) qui fait son apparition. Mais la série n’en fait pas une vitrine plus imposante que le reste. Ça se greffe parfaitement à l’ensemble existant.

     Et sinon j’ai trouvé que c’était une saison nettement plus sombre, sur ce qu’elle dit de l’éducation, de l’institution scolaire, de la solitude (Groff) et bien entendu sur sa fin, concernant Jean puis le couple Othis/Maeve. La série n’a jamais semblé si grave, malgré sa légèreté de façade.

     Alors c’est vrai qu’on pourra déplorer que la série se soit laissé gagner par le délire scato lors d’un épisode de bus, déplorer que Viv soit devenue si insupportable, déplorer que Rahim soit un peu oublié. Difficile de tout réussir, quand on tente tant. Ce que réussit cette troisième saison de Sex Education me séduit et me surprend encore, quoiqu’il en soit.

Squid game – Saison 1 – Netflix – 2021

17. Squid game - Saison 1 - Netflix - 2021Course à la mort.

   6.0   Après le jeu de la dame, le jeu du calamar. Difficile de passer à côté de ce phénomène qui semble battre tous les records de vues sur Netflix : Mélange de Cube (Survivre dans un décor pour accéder au suivant), de Battle royale / Hunger games (un jeu où il ne faut pas mourir), de Koh-lanta (un butin au bout et il n’en restera qu’un), de Parasite (critique de la société coréenne) et d’escape game (mieux vaut s’allier pour terminer chaque épreuve dans le temps imparti) bref un produit pile dans l’air du temps, à la fois très accessible (l’aspect universel) et très bourrin (beaucoup de cadavres). Ce qui surprend c’est que sous ses coutures ultra-violentes la série est finalement assez sobre, jamais complaisante, privilégiant souvent le hors-champ : Les coups-de-feu ou chutes (l’épreuve de la corde, ou celle des dalles de verres) suffisent. Et surtout, l’idée qui la caractérise c’est que les participants au jeu ne sont pas obligés d’être là : Ils ont choisi d’être là, parce qu’ils sont tous endettés. Et par deux fois, puisqu’un vote démocratique (épisode 2) sera lancé pour savoir qui veut rentrer, après avoir vu la moitié d’entre eux mourir à Un, deux, trois, soleil. Et à la majorité ils vont voter pour rentrer. Ce n’est qu’en retrouvant leur précarité qu’ils vont revenir : Le système capitaliste flingue la démocratie. Et puis j’aime assez son discours méta avec ces VIP derrière un écran qui se délectent du jeu de massacre : Clairement un miroir de nous, spectateurs, désireux de voir jusqu’où ça va / qui va mourir / qui va gagner. Visuellement, la série est plutôt inventive par ailleurs, pleine de couleurs, à l’image de cette gigantesque pièce qui mène aux épreuves, escalier de Penrose aux allures de maisons de poupées car c’est aussi son originalité de se dérouler dans un univers enfantin, avec des épreuves calqués sur des jeux d’enfants. Le twist final est sans doute de trop qu’importe, j’avais bien envie de la voir et de la dézinguer, mais en fait c’est assez impressionnant, efficace et addictif.

La proie d’une ombre (The night house) – David Bruckner – 2021

05. La proie d'une ombre - The night house - David Bruckner - 2021De l’autre côté du lac.

   6.5   Ravi de revoir un pur film d’horreur, très classique – dans le bon sens du terme – et dans une lignée gothique, réactivant certains grands films d’antan, de La chute de la maison Usher d’Epstein au Rebecca d’Hitchcock. Visuellement, le film est très réussi, très beau, très sombre et à l’instar de The invisble man, l’an dernier  ou de The Nest, sorti cette année, il fait exister un lieu par sa puissance géométrique et labyrinthique. Film d’autant plus troublant qu’il s’engage sur deux chemins, l’un complètement fantastique (l’envers de la maison), l’autre plutôt réaliste (le passé du défunt, le deuil de la veuve) sans vraiment basculer ni dans l’un ni dans l’autre. Il y a une grande maison (construite par le mari, qui était architecte) qui donne sur un lac, qui fait office de frontière macabre, le tout encerclé par une immense forêt,  et on ne sortira de ce cadre et de la nuit, qu’à de très rares reprises. Bien qu’il repose sur des motifs attendus et des mécanismes usés du film de maison hantée, le film trouve son rythme à lui et il est parfois terrifiant, tant il lui suffit d’une image, d’un plan (à l’image de ces femmes se jetant dans l’eau) pour imprimer la peur. Quant à Rebecca Hall, qui m’avait toujours semblé en-dessous, elle est absolument formidable et ça tombe plutôt bien car elle est quasi de chaque plan.

The beach bum – Harmony Korine – 2021

04. The beach bum - Harmony Korine - 2021Miami weed.

   6.0   Un moment donné la fille de Moondog dit en parlant de son père, qu’il est brillant mais pas fiable. Difficile de ne pas y voir Harmony Korine s’autoproclamer génie malade / poète maudit tant le film fait figure d’autoportrait. C’est une petite comédie anecdotique dans laquelle l’auteur white trash de Gummo déploie tout son univers malgré tout, sous le soleil de Miami. Ça n’arrive pas à la cheville de Spring breakers, film fou, virtuose et absolument brillant pour le coup, mais ça fait tout de même du bien de voir une comédie qui se fiche totalement du bon goût et des modes, de voir un truc aussi bizarre, en somme. Et surtout, la photo, la lumière, tout est toujours aussi dément, rien d’étonnant puisqu’on retrouve Benoît Debie derrière, chef op attitré de Gaspar Noe depuis Irréversible, qui déjà s’en donnait à cœur joie dans Spring breakers. C’est ce qui semble être le crédo ici, tout le monde est généreusement en roue libre – et sans doute sous weed et/ou sous acide : Korine, Debie, McConaughey (blond platine, en robe, en paréo, en peignoir ou en string) et les divers seconds rôles (Snoop dog, Jonah Hill) et cameos (Martin Lawrence, Zac Efron, Jimmy Buffett) qui jalonnent le film. Jusqu’à cette bande son joyeusement éclectique : Buffett, Rafferty, Snoop dog, The Cure, Peggy Lee, Gordon Lightfoot, Van Morrison. Inconséquent, certainement, assez paresseux, probablement, mais plutôt cool.

Mytho – Saison 2 – Arte – 2021

Mytho - Saison 2 (6/6)Secrets & lies.

   5.0   Une deuxième saison moins surprenante, qui fait le parti de se disperser, offrant davantage de place aux personnages secondaires, aussi bien de cette famille, que ceux qui gravitent autour. On y voit moins Elvira (Marina Hands) et Patrick (Mathieu Demy) davantage leurs enfants, pris dans leurs diverses crises. On n’y ressent plus vraiment le poids du mensonge, plutôt ses conséquences. On y retrouve néanmoins cette ambiance singulière – quoiqu’un peu trop appuyée cette fois, notamment l’aspect conte de noël – générée par cet étrange quartier pavillonnaire, croisement improbable entre Desperate housewives et Les revenants – Faut-il rappeler que Fabrice Gobert fait partie de l’équipe ? La série retrouve son cœur vers la fin, par un décès impromptu, un retour mouvementé mais aussi par la place offerte au passé d’Elvira et notamment avec Lorenzo, ce nouveau personnage (qui apparaissait à la toute fin de la saison précédente) qui ouvrent sur la voie du mélodrame à la Almodovar plutôt bien senti. Moins bien dans l’ensemble, mais pas mal.

Lupin – Saison1B – Netflix – 2021

16. Lupin - Saison1B - Netflix - 2021Assommant cambrioleur.

   3.0   On pouvait être un peu indulgent face à l’efficacité feuilletonnante de la première partie de saison. Il y avait un charme, une fraicheur dans cette nouvelle adaptation des aventures du gentleman cambrioleur. Rien de subversif – quand bien même la série se scandait politique – mais un divertissement rarement désagréable qui avait le mérite de transpirer l’amour pour le texte de Maurice Leblanc.

     Les cinq épisodes suivants, réalisés soit par Hugo Gélin (Comme des frères, Mon inconnue) soit par Ludovic Bernard (L’ascension, Dix jours sans maman) se logent à la fois dans la continuité autant qu’ils accentuent les défauts qu’on y trouvait déjà. Les rebondissements sont encore plus invraisemblables. Les scènes d’action aussi téléphonées qu’illisibles. Les flashbacks à répétition épuisent. Les faire-valoir continuent d’être des faire-valoir. Omar Sy lui-même devient transparent, comme s’il se rendait compte de la futilité de ce rôle / cette écriture médiocre.

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silencio


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