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Archives pour novembre 2021



Hellraiser 2 (Hellbound) – Tony Randel – 1989

27. Hellraiser 2 - Hellbound - Tony Randel - 1989Souffrance délicieuse.

   6.5   Dans la continuité du premier, aussi bien d’un point de vue narratif – de manière un peu trop explicative par ailleurs, Kristy la rescapée nous racontant toute l’histoire, images à l’appui, de ce qu’elle vient de vivre quelques heures plus tôt – que formel, puisqu’on y retrouve toute cette dimension organique et glauque chère à Barker. Tony Randel s’impose davantage à mon goût tant ses décors s’inspirent assez crânement d’Argento et Bava : Son film fourmille d’idées visuelles dans sa représentation de l’enfer. Il s’agit en effet de pénétrer dans ce labyrinthe des ténèbres. D’entrer dans la boîte. Et l’inventivité avec laquelle le film se déchaîne, littéralement, délaissant le délirant portrait de famille pour plonger à l’outrance dans le cœur de l’horreur, est assez impressionnante. Julia y remplace d’abord l’Oncle Franck, dans une première partie calquée sur celle du premier film. Mais dès qu’on sort du dispositif c’est un film totalement barré. J’ai l’impression qu’une série comme American Horror Story doit beaucoup à Hellraiser. Je n’ai vu que deux saisons mais j’y ai retrouvé une sensation similaire, de vertige, de générosité, de saleté, sans compter que la première saison comme le premier film se déroulent dans une bâtisse, tandis que la seconde comme le second film se déploient dans un hôpital psychiatrique. Bref ma préférence ira à cet opus au style graphique puissant.

Hellraiser – Clive Barker – 1988

24. Hellraiser - Clive Barker - 1988« We’ll tear your soul apart »

   5.5   Un film d’horreur à l’anglaise, bien poisseux et très sanglant. Très personnel tant il est difficile de le rattacher à quoi que ce soit d’existant. Le film est réalisé par Clive Barker, qui déjà était l’auteur du livre. On sent qu’il y tient, qu’il croit dur comme fer à cet univers macabre de torture sado masochiste. C’est un film cauchemardesque, tout en chair et chaîne.

     Si le récit semble d’emblée familier, soit l’emménagement d’un couple dans une demeure glauque, très rapidement un premier élément surprend : La femme trouve des photos et se remémore un adultère avec le frère de son mari. Puis vient ce retour des enfers, la séquence de transformation étant particulièrement dégueulasse et magnifique. Avant qu’il ne faille manger de la chair pour reprendre forme humaine. Et le film s’enfoncera jusqu’au bout du glauque. Sans retour.

     Bémol important : Gros problème iconographique que ce groupe de Cénobites, notamment Pinhead et son visage clouté. Visuellement ces personnages sont très charismatiques, mais ils ne dégagent rien d’autre que du visuel engourdi, contrairement à un Freddy, pour ne citer que lui d’entre tous les boogeymen, qui reste à mes yeux un méchant bien plus pervers et fascinant.

Petite maman – Céline Sciamma – 2021

17. Petite maman - Céline Sciamma - 2021Dans la forêt.

   5.0   Nelly a huit ans et vient de perdre sa grand-mère. Avec ses parents, elle part vider la maison d’enfance de sa mère, Marion. Nelly explore les lieux, notamment les bois alentours où sa mère jadis construisait une cabane. Un matin, Marion disparait. Là, Nelly fait la rencontre d’une petite fille dans les bois. Elle construit une cabane, elle a son âge et s’appelle Marion.

     Sur un pitch pareil, je m’attendais à une petite déflagration. Attentes considérables, donc, placées dans le nouveau Céline Sciamma, qui revisitait une nouvelle fois les terres de l’enfance, après l’éclatante réussite de Tomboy. Et la réalisatrice filme l’enfance et s’y tient : Tout est perçu à hauteur de Nelly, aussi bien dans l’imaginaire enfantin que dans l’impossibilité de relier son monde à celui des grands.

     Mais voilà, si j’aime le cinéma de Céline Sciamma en général, excepté Bande de filles, que je trouve parfois brillant mais qui m’agace au moins autant, ce nouveau cru a complètement glissé sur moi, tout m’a semblé terne, désincarné, à l’opposé du solaire Tomboy, justement, qui traitait d’un âge similaire. Alors évidemment le sujet y joue beaucoup et il est fort, mais il me semble que la cinéaste s’est un peu perdu là-dedans, que c’est écrit trop vite, que ça manque de vie. Je n’y ai pas cru beaucoup.

Mea culpa – Bruce Conner – 1981

16. Mea culpa - Bruce Conner - 1981To ghosts.

   5.0   Le collage cher à Bruce Conner prend une tout autre double dimension ici. Il s’agit d’abord, visuellement, de mélanger des images de films éducatifs. Il s’agit ensuite d’accompagner cette mixture du morceau éponyme de David Byrne & Brian Eno, tiré de My life is the bush of ghosts, ce chef d’œuvre absolue de la scène expérimentale. Du sampling qui rencontre du sampling, en somme. Il semble que Conner ait été recruté pour créer une vidéo pour ce morceau ainsi que pour « America is waiting ». On raconte que Byrne était fasciné par les films de Conner, ceci explique sans doute cela.

Le guignolo – Georges Lautner – 1980

12. Le guignolo - Georges Lautner - 1980Horreur sur la ville.

   2.0   Jamais été fan de ce Belmondo-là, pitre bondissant, hystérique, emphatique, cascadeur. Pour moi, Belmondo ce sont les années 60, après, hormis quelques titres épars (Peur sur la ville, par exemple) il ne m’intéresse plus. Jamais été fan de Lautner non plus (et encore moins avec l’écriture d’Audiard) et déjà pas de ce film que j’avais trouvé nullissime il y a longtemps. Un peu moins aujourd’hui, car je lui sauve certains gags et une énergie beauf assumée. Mais bon, à l’image de l’interprétation générale ou de cette cascade en hélico sur la lagune SUPER MAL FILMÉE, ça reste pitoyable.

Cartouche – Philippe de Broca – 1962

11. Cartouche - Philippe de Broca - 1962De la balle !

   6.0   Premier des six films que De Broca tournera avec Belmondo, Cartouche est un beau film d’aventures pour toute la famille. Avec une figuration impressionnante, une reconstitution minutieuse, des scènes d’action efficaces. Le film est surtout très beau visuellement, ample, coloré. Je n’y suis pas très sensible mais quelque part je ne trouve pas que Cartouche ait quoi que ce soit à envier au Robin des bois, de Michael Curtiz, auquel on pense beaucoup. Deux plus-values : La beauté irradiante de Claudia Cardinale et la composition de Georges Delerue, qui livre notamment un thème final somptueux, épique, martial et bouleversant. Car si le film est très léger, souvent dans le slapstick, il vire finalement au drame et ça c’est aussi la grande force de Philippe de Broca, que de marier les tons et les genres au sein d’un même film.

La mission (News of the world) – Paul Greengrass – 2021

20. La mission - News of the world - Paul Greengrass - 2021Captain Jefferson and the girl.

   6.0   Un western réalisé par Paul Greengrass. La nouvelle a de quoi surprendre, tant son style semble éloigné du genre. On s’attendait à des gunfights filmés camera à l’épaule, il n’en sera rien : La Mission, dont on préférera nettement le titre original, The news from the world, plus représentatif de l’esprit du film, sera un western des plus classiques et classieux, embarquant un ancien capitaine de la guerre de Sécession, veuf, reconverti en lecteur de journaux dans les bourgades qu’il traverse, qui se charge d’accompagner une jeune orpheline, élevée par une tribu kiowa.

     C’est le récit d’un convoi, d’une traversée, avec les rencontres et obstacles chers au genre, au sein duquel va progressivement naître une complicité entre deux abîmés de la vie, qui ne parlent pas la même langue. On pense au Convoi des braves, de John Ford, ainsi qu’au True Grit, des frères Coen et lors d’un magnifique affrontement rocheux c’est L’homme de la plaine ou Winchester’73 d’Anthony Mann qui sont réactivés. Tom Hanks y est aussi à l’aise que dans le précédent Greengrass, Capitaine Philips. Beau film. Et émouvant sur sa fin, pourtant très attendue.

Cliffhanger – Renny Harlin – 1993

23. Cliffhanger - Renny Harlin - 1993« J’les ai brûlés ! Je flambe, c’est mon vice »

   6.0   Encore l’un de ces films de quand j’étais môme. VHS usée. Il ne m’en restait plus grand chose sinon la séquence traumatique inaugurale, qui s’avère toujours aussi tétanisante à la revoyure.

     Pour le reste, Cliffhanger est une sorte de Die Hard enneigé – rien d’étonnant de retrouver Renny Harlin derrière la caméra, puisqu’il venait tout juste de tourner 58 minutes pour vivre – saupoudré de Point Break, l’alpinisme ayant remplacé le surf. Avec un soupçon de  Dernier Samaritain, pour l’aspect buddy-movie badass.

     J’ai été surpris de constater que c’est un film extrêmement bourrin, littéralement puisqu’il est réalisé à la truelle et écrit n’importe comment, mais aussi dans son magma de testostérone, sa violence, sa générosité dans l’action et son appétit du mauvais goût.

     Dans les moins : La musique de Trevor Jones, quasi resucée de celle qu’il fit pour Le dernier des mohicans, est omniprésente c’est assez gênant. Et surtout beaucoup trop de ralentis dégueulasses.

     Dans les plus : John Lithgow en totale roue libre campe un méchant taré de chez taré, cumulant les punchlines. Stallone porte le t-shirt comme Bruce Willis le marcel dans Die Hard, mais il est plus fort car il n’est pas dans une tour mais en haute montagne.

     Stallone est par ailleurs indestructible là-dedans. Il survit à une avalanche. Il empale un type sur une stalactite. Il sort indemne d’une explosion d’un pont suspendu. Il se fait juste bobo à une cote en tombant dans une crevasse. Il escalade des falaises abruptes sans sécurité. Chuck Norris n’a qu’à bien se tenir.

     C’est bas du front, bourrin, grossier mais le rythme est si enlevé qu’en tant que pur divertissement ça l’effectue toujours. Le parfait actioner du dimanche soir. Et sans surprise le meilleur film de Renny Harlin : C’est pas difficile.

Les 2 Alfred – Bruno Podalydès – 2021

10. Les 2 Alfred - Bruno Podalydès - 2021La vie moderne.

   8.0   En 1936, il y avait Les temps modernes. En 2021, il y a Les 2 Alfred. J’exagère à peine tant le film de Podalydes m’a semblé aussi beau, émouvant et percutant que le film de Chaplin. Allant jusqu’à lui faire un clin d’œil sublime dans son ultime scène. Mais on peut tout aussi bien penser au non moins somptueux Playtime, de Tati.

     Les 2 Alfred c’est un grand film qui torpille le monde actuel, ces fléaux que constituent les start-up, les patrons faussement cools, les espaces de co-working, les anglicismes et autres acronymes insupportables, l’uberisation, l’hyperconnectivité, le travail multitâches et la flexibilité des horaires, les réunions en visioconférence etc.

     Tandis qu’il est au chômage et provisoirement abandonné par sa compagne pour une mission sous-marine, Alexandre (Denis Podalydès) se doit de trouver du travail afin de subvenir aux besoins de ses deux enfants. Engagé dans une start-up aux missions aussi mystérieuses qu’incompréhensibles, qui demande à ses employés de ne pas avoir d’enfant afin d’être dispo H24, Alexandre se retrouve vite débordé mais peut compter sur Arcimboldo (Bruno Podalydès), étrange « entrepreneur de lui-même » qu’il croise et rencontre à la crèche avant de bientôt le loger.

     Si le titre fait référence au doudou du fils d’Alexandre, formé de deux singes séparés mais inséparables, difficile de ne pas voir la symbolique de ces deux frères, Bruno & Denis, qui se suivent quasi partout dès l’instant que le premier se trouve derrière la caméra, mais qui n’auront jamais été aussi beaux, complémentaires et émouvants que dans ce film-là.

     Le film est un festival de scènes-gags magnifiques, ici chez un banquier ou lors d’un entretien d’embauche, plus tard dans une voiture autonome récalcitrante. Sans parler du running-gag de cette pluie de drones en panne. Les 2 Alfred se révèle être une dystopie génialement lucide tant la réalité n’est pas si éloignée. Le plus beau film de(s) Poda depuis Liberté Oléron.

Drive my car (Doraibu mai kā) – Ryusuke Hamaguchi – 2021

05. Drive my car - Doraibu mai kā - Ryusuke Hamaguchi - 2021À cœur ouvert.

   8.0   Il y a deux ans, Asako fut l’une de mes plus belles découvertes surprises. De Ryusuke Hamaguchi, il faut toujours que je me penche sur son film fleuve, Senses. Je le garde précieusement celui-là, attendant le moment le plus adéquat. Drive my car m’aura plongé dans un tout autre état. Mais assurément, il sera dans les hauts faits de l’année, lui aussi.

     Difficile d’en parler sans en dévoiler son cœur : Encore un de ces films où mieux vaut ne rien en savoir quand on l’appréhende, tant il surprend sans cesse, nous saisit, nous perd et vogue ainsi trois heures durant, dans un vertigineux film de deuil, de solitudes et de rencontres, avec autant d’assurance que de fragilité.

     Drive my car c’est d’abord le portrait d’un homme, Yusuke Kafuku, metteur en scène de théâtre, qui accepte de monter « Oncle Vania » dans un festival à Hiroshima. Hamaguchi impressionne tant il semble revisiter avec une aisance confondante aussi bien la pièce de Tchekhov que la ville japonaise et sa triste mémoire.

     Pourtant, le cœur du film se jouera ailleurs : Dans une Saab 900 turbo rouge. En effet, Yusuke fera connaissance avec la mutique Misaki, chargée de le conduire au quotidien. Bientôt il se confiera à elle durant ces longs trajets et de ces confessions nait sa reconstruction. Avant cela, Misaki aura accès à Yusuke par l’intermédiaire des cassettes enregistrées, écoutées durant chaque trajet, sur lesquelles on entend les dialogues de la pièce que Yusuke se passe en boucle afin d’en maitriser toute la profondeur.

     Une grande partie de Drive my car se joue aussi dans la construction théâtrale : Sa conception, ses répétitions et sa représentation finale. Ainsi, la parole tient un rôle important et la grande particularité de cette troupe, selon le vœu du personnage metteur en scène, est de constituer une équipe au pluralisme linguistique. Ainsi chacun joue dans sa propre langue : anglais, coréen, japonais. Il y a aussi une actrice muette.

     Ainsi, la force de Drive my car se loge dans la parole, détournée ou frontale : C’est elle qui guide les soubresauts intimes de chacun. Dans son absence aussi, tant le silence qu’impose longtemps Misaki raconte déjà son histoire, sa propre douleur, que le film creusera aussi sur le tard, dans un dernier tiers vertigineux et déchirant.

     En adaptant, d’une part, la nouvelle d’Haruki Murakami et se plaçant, d’autre part, sous le joug d’Oncle Vania, de Tchekhov, il y avait fort à craindre que Drive my car soit dévoré par cette imposante matière littéraire. C’est sans doute là que se loge sa plus belle réussite : C’est un pur geste de cinéma, vivant, radical, qui fait de son imposante durée sa force suprême, tant le film ne cesse de gagner en émotion et questionnement existentiel au fil des minutes. On dirait du Rivette.

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silencio


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