Vivre ses doutes.
6.0 A première vue, c’est un ravissement de revoir Joachim Trier retrouver le niveau d’Oslo 31 août (2012) avec ce beau film pop, hybride, qui tente une multitude de choses en permanence, s’avère tour à tour drôle, grave, léger, émouvant, parfois tout en même temps.
Déployé en douze chapitres, un peu comme les tableaux de Vivre sa vie – Il y a fort à parier que le titre français ait saisi outrageusement la référence – cette chronique a moins à voir avec Godard qu’avec l’esprit truffaldien ou la verve allenienne soit un croisement féminin de Baisers volés et Manhattan.
Julie ou « la pire personne du monde » si l’on en croit le titre original, doit énormément à son actrice principale (la lumineuse Renate Reinsve) : Pure étoile filante qui fait vivre chaque scène, chaque chapitre, chaque compartiment de vie, au-delà, probablement, de ce qu’ils racontent.
Sans elle, le film est plus anodin, dissimulé derrière un montage très racoleur et un enchevêtrement des genres puisque la chronique de trentenaire côtoie aussi bien la comédie romantique que le mélodrame. Pire, son arrogance à afficher sa démonstration en douze leçons de la société actuelle, à crier qu’il se situe dans l’ère du temps, est ce qui me reste en priorité, un mois après visionnage.
Il eut fallu peut-être davantage de légèreté, que le film va chercher parfois brillamment dans une séquence sur pause ou une autre en forme d’hallucination. Ou de manière plus évidente lors d’une rencontre, un coup de foudre maquillé en jeu de séduction adolescent, absolument irrésistible.
C’est un film passionnant, foisonnant, même émouvant dans son dernier quart. Mais il semble aussi tellement se porter en étendard de la jeunesse, en cumulant les bons points, qu’il agace au moins autant. Mais il y a Julie. Il y a Renate Reinsve. Difficile d’oublier un film, tout entier aligné sur cette actrice incroyable et ce personnage, boule de libertés et d’incertitudes, sexuelles et professionnelles.