Psycho-croco.
6.0 Deux décors : Une maison close d’abord, très brièvement, puis un motel. Une adolescente s’échappe du premier décor pour atterrir dans le second où elle est accueillie à coup de fourche avant d’être jetée au crocodile. La version déviante de Pyschose, en somme.
C’est une ouverture au moins aussi sale que Massacre à la tronçonneuse, le précédent film de Tobe Hopper, mais on a remplacé la ferme du Texas par un motel de la Louisiane. Une Louisiane insolite : Le bayou chez Hooper arbore une allure macabre saupoudrée de textures rosées embrumées.
Après le premier meurtre, un couple et leur petite fille font escale dans les lieux. Tout y est vite très bizarre, aussi bien le singe dans cette cage qui se meurt que le petit chien blanc qui file droit dans la gueule de l’alligator ; aussi bien la petite fille qui boite et qui fait écho au gérant qui boite lui-aussi, même si c’est surtout sa morve apparente que l’on retient. Il y a aussi ce mari, tout en sueur, le regard halluciné, incarné par William Finley, qui sortait de Phantom of the paradise. Il y a cette mère, qui restera longtemps avec de la boue dans les cheveux avant d’être attachée à un lit et de s’époumonner une heure durant, incarnée par Marylin Burns, qui campait la survivante de Massacre à la tronçonneuse.
Mais ce n’est pas tout : Il y a ce type, jeune branleur beauf, qui ouvre le film et qu’on retrouve bientôt, incarné par Robert Englund aka le futur Freddy dans Les griffes de la nuit. Niveau casting c’est d’ailleurs un défilé de vieilles stars : Mel Ferrer, Neville Brand, Carolyn Jones, Stuart Whitman. Comme si Hooper s’amusait à salir tout Hollywood. A noter aussi une partition musicale complètement barrée, signée Wayne Bell : Un vrai ballet de grincements et de cris.
Alors évidemment le film est fait avec rien, autant dire que le crocodile est cheap et que ses apparitions ne sont pas vraiment flippantes, mais c’est compensé par le vrai taré du film, le gérant du motel, qui peut facilement te suivre jusque dans tes cauchemars et justement pour son ambiguïté, tant il apparait comme un vieil enfant, sensible et doux, n’hésitant pas à courir fourche brandie après des gosses et se mettre à pleurer le plan suivant.
On frôle le nanar, mais un nanar passionnant, accentué par son visuel fait de brouillard, de couleurs, comme si on plongeait dans un conte de fées horrifique.