Douleur et mémoire.
7.0 Après l’introspection somme que constituait Douleur et gloire (2019) je suis très heureux de retrouver Almodovar réemprunter les contours du mélodrame. Et s’il n’atteint pas la puissance de Julieta (2016) pour ne citer que ses derniers films, le film m’a d’abord passionné pour son histoire de femmes qui accouchent en même temps, se perdent de vue puis se retrouvent un an plus tard, tandis qu’il a ouvert une boite à secrets et qu’il s’apprête à en révéler d’autres – J’essaie de ne pas trop en dire car il y a une révélation (la seule qui soit véritablement inattendue, par ailleurs) qui m’a complètement cassé la gueule. Surtout j’aime que le film s’aventure sur une ligne trouble, un peu hitchcockienne forcément, entre drame et passion, d’autant qu’il n’est jamais loin de basculer dans le pur thriller voire le film d’horreur, ne serait-ce que par les deux sujets qu’il aborde. Et c’est là-dessus que Madres paralelas m’a fasciné tant il raconte l’impossibilité d’Almodovar à raconter la grande Histoire autrement que par le prisme de l’intime, ici les excavations des fosses du régime franquiste enrobées par cette histoire de mères célibataires aux prises avec leur relation dramatique née de leurs grossesses accidentelles. Almodovar ne va pas suffisamment loin sur le sujet des fosses communes, mais il l’intègre parfaitement au récit puisque c’est le personnage incarné par Penelope Cruz qui impulse les recherches et son désir notamment d’excaver le corps de son arrière-grand-père. La fin est très belle – Même si elle devait se terminer sur les yeux de cette petite fille et non sur ce plan racoleur « reconstitué » du trou.