Le manège désenchanté.
8.0 C’est un film d’une tristesse déchirante. Littéralement habité par un regard, celui de Gina Manes. Elle y incarne une orpheline, réfugiée chez des simili Thenardiers du Vieux Port qui l’exploitent comme serveuse. Elle est promise à Petit Paul, agressif et alcoolique qu’elle déteste, mais n’a d’yeux que pour Jean, un ouvrier, autre oublié qui l’aime tout aussi passionnément. Mais à cette mélancolie permanente se superpose une image vive, toujours en mouvement, secouée d’effets et de tentatives d’une audace folle. Notamment de magnifiques gros plans et surimpressions dont est coutumier Epstein. Ce récit de manège tragique est aussi dense qu’il est classique. Et Epstein en tire un pur manifeste d’avant-garde.