Le périlleux destin de Mathilde.
5.0 C’est difficile à revoir les films de Jeunet. Pourtant celui-ci, au même titre que Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, quelques années plus tôt, je l’ai jadis beaucoup aimé. Sans doute parce que cette virtuosité placardée, ses couleurs franches, son rythme trépidant, son défilé de stars, ces récits à tiroirs, ces répliques cinglantes, tout cela me stimulait beaucoup. Aujourd’hui, je n’y vois que ce que je craignais de revoir : Laideur visuelle (Je ne supporte plus ces trucs gilliamiens, burtoniens, dupontelliens…), filtre jaunâtre, frénésie insupportable, pot-pourri façon name-dropping de célébrités aux talents qui s’accumulent et s’annulent (comme dans le dernier Wes Anderson), narration à la complexité indigeste, dialogues et voix off lourdingues. C’est au-dessus de mes forces, dorénavant. Pourtant, le revoir ne m’a pas déplu. Plutôt disons que je m’attendais à voir ce que j’ai (re)vu. Pas de déception. Et le film me touche toujours grâce au personnage d’Audrey Tautou et l’amour fou qui guide son obsession maladive à retrouver son amoureux disparu dans les tranchées de la Grande guerre et surtout à se persuader qu’il n’est pas mort. Sans avoir lu le roman éponyme de Sébastien Japrisot on peut facilement arguer que Jeunet se l’approprie entièrement tant le film lui ressemble et que dans la production française – au budget si imposant – il ne ressemble à rien d’autre. Pas mon truc ou plutôt plus mon truc mais c’est un film qui reste impressionnant dans la carrière de Jeunet.