On prend les mêmes règles et on recommence.
6.0 Il serait de bon ton de fustiger le film sur le simple fait qu’il est un pur produit de fans boys. De constater combien il est pauvre visuellement, notamment. Ce serait oublier que les suites précédentes, pourtant réalisées par Wes Craven, étaient déjà en-dessous de ce point de vue, ne parvenant jamais à réitérer la puissance visuelle du premier opus.
Ce cinquième opus est à mesurer à l’aune de l’attachement qu’on a aux films précédents, parce qu’il agit dans leur continuité : il y a des références aux quatre films, aux quatre coins du film. Wes Craven n’est plus là mais Kevin Williamson (scénariste du premier, producteur ici), si.
Ce qui était fort dans ces suites – quand bien même certaines scènes fonctionnaient encore aussi au premier degré – c’était le discours théorique de plus en plus sophistiqué, la mise en abyme de la mise en abyme (l’ouverture virtuose mais complètement over the top du quatrième volet), la volonté de faire du slasher dans le slasher, avec des personnages conscients d’en faire partie.
Sur ce point-là ce cinquième volet rebaptisé Scream (sans le 5) façon requel, comme Stab 8 y est rebaptisé Stab dedans (La franchise à l’intérieur de la franchise), prolonge cette thématique jusqu’au-boutiste : La suite n’a de valeur qu’au regard du matériau d’origine.
Ainsi cet opus rejouera une scène d’introduction similaire au premier film sans pour autant négliger la contemporanéité, qui était aussi le sel des suites précédentes, outils technologiques à l’appui ainsi qu’une prise en compte des évolutions du genre, notamment cette vague du « elevated horror ». Les personnages ne citent donc plus Halloween, Psychose ou Le bal de l’horreur, mais It follows, Hérédité ou Get out.
Le procédé méta cher à la franchise Scream trouve son acmé dans le dernier tiers, quand la nièce de Randy (son pur décalque) regarde le premier Stab comme lui regardait Halloween et la scène est évidemment la même que celle du premier Scream, sur le canapé : elle se retrouve seule comme lui se retrouvait seul, tentant de dialoguer avec le personnage (qui tente de dire à Jamie Lee que Myers est derrière elle) pour lui signaler que le tueur se trouve derrière, tandis qu’il se pointe aussi derrière elle. J’imagine qu’on peut détester ça, moi ça m’a fait la séance.
Toutefois, La plus belle idée du film est d’intégrer cette donnée de « film en forme de requel » dans le choix du lieu, qui sera celui du carnage final : La maison de Stuart Baker, co-auteur des meurtres du premier film. Sur le papier c’est génial, dans l’exécution c’est un peu foiré, faut avouer. Un peu comme les réapparitions de Skeet Ulrich, sous forme de visions assez ridicules.
Mais bon, je suis tellement attaché à la franchise Scream (même si je continue de penser que les suites n’arrivent pas à la cheville de l’original) que celui-ci m’a séduit. Ému aussi par l’hommage qui y est fait à Wes Craven car le film prend le risque d’introduire cet hommage dans le récit, en tuant un personnage du nom de Wes dont une soirée sera faite en son honneur (banderoles « For Wes » à l’appui) dans la maison qui servait de climax dans le dernier tiers du premier film.
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