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Archives pour février 2022



Three landscapes – Peter Hutton – 2013

14. Three landscapes - Peter Hutton - 2013Trois visages.

   6.0   Une heure. Trois parties. Trois paysages différents : Une aciérie dans laquelle on voit notamment des réparateurs de pont dans la ville industrielle de Détroit ; Des ouvriers agricoles dans les champs de la vallée de l’Hudson ; Des mineurs de sel dans le désert aride de Danakil en Ethiopie. Mais trois espaces indépendants reliés par les gestes du travail humain, saisis comme un mirage, prenant une apparence quasi abstraite. Et comme souvent avec Hutton, le film est muet, vraiment muet, sans son. C’est une expérience très étrange tant notre imagination parvient à reconstruire chacune des éventuelles sonorités.

The guilty (Den skyldige) – Gustav Möller – 2018

18. The guilty - Den skyldige - Gustav Möller - 2018Terreurs sur la ligne.

   6.0   Film très immédiat, efficace, hyper angoissant, qui se déroule entièrement dans un bureau d’appels d’urgence. Evidemment, dis comme ça, ce n’est pas bandant. Et pourtant le film arrive par instants à te faire imaginer l’hors-champ, tant son travail sur le son est puissant, tant le ou les dialogues entre interlocuteurs sont hyper bien pensés, écrits. Cela étant c’est un film qui se vit mais qu’on oublie assez vite, j’ai l’impression. Moi je l’ai déjà un peu oublié. Passée l’idée du rollercoaster immobile et de la prouesse qu’elle engendre (filmer un homme et ce qu’il entend), mais aussi de la construction subtile du personnage qui écoute (et son imposant background) combinée avec le twist qui se met en place avec maestria de l’autre côté, je ne retiens pas grand-chose de plus. Mais c’est fort, oui.

Un flic à la maternelle (Kindergarten cop) – Ivan Reitman – 1991

08. Un flic à la maternelle - Kindergarten cop - Ivan Reitman - 1991Classe tous risques.

   6.0   Étant donné que je ne l’avais pas vu depuis une éternité – mais qu’il était encore intact dans ma mémoire par son déroulement, ses rebondissements, ses répliques (« Je viens mettre un peu d’ambiance », « Si t’arrête pas de gigoter là derrière, regarde ce que je vais te faire », « Tu ramènes moins ta fraise, sans ta voiture »…), ses personnages, tant j’ai usé la VHS quand j’étais gamin – ma grande surprise fut de constater à quel point ce n’est pas un film pour enfants. Pas du tout.

     Disons que c’est une comédie policière, genre dans lequel il devait être rangé dans les programmes télé hebdomadaires. Mais la comédie – l’aspect buddy movie offert par le tandem Kimble / O’Hara (Pamela Reed aussi géniale que dans mon souvenir, surtout quand elle improvise un accent autrichien) et bien entendu la plupart des séquences avec les gosses – est souvent pervertie par une note plus sordide.

     Incroyable en effet de constater qu’il n’y a pas de famille heureuse et/ou archétypale dans ce film : Uniquement des parents divorcés (Et ça se passe mal), mères célibataires ou pères monstrueux. Il y a un seul couple dedans, mais on apprend que le père bat sa femme et son fils. Dans une comédie en apparence familiale c’est troublant.

     Alors c’est évidemment en accord avec son sujet, puisque Schwarzy campe un flic infiltré en tant qu’instit dans une école maternelle pour approcher l’ex-femme d’un narco-trafiquant en cavale, qu’il il a besoin de la faire témoigner, afin de le faire plonger pour de bon.

     Or, cette femme a refait sa vie, changé de nom et celui de son gamin. C’est grâce au témoignage d’une junkie (qui se fera liquider plus tard) que Kimble connait la ville et le nom de l’école dans laquelle il crèche. Il se heurte à un vaste choix, constatant que nombreux enfants de la classe dont il hérite peuvent parfaitement correspondre au profil recherché.

     Bref c’est un banal récit d’infiltration ayant l’idée moins banale de se dérouler dans une classe de maternelle. Avec Schwarzy / Kimble comme instit – qui n’y était pas destiné au préalable, remplaçant son acolyte hyperphage plongée en pleine crise intestinale. Un peu farfelu, mais tout ça tient presque debout.

     Et c’est évidemment assez plaisant de voir notre Terminator / Conan le barbare / Douglas Quaid (le film sort quelques mois après Total Recall) se faire dévorer par une armée de gamins de cinq ans. Le voir déjà perdre son sang-froid dans l’avion face au gosse qui balance des coups de pieds dans son siège. Le voir crier un « VOS GUEULES » légendaire en classe, leur apporter un furet en guise de mascotte ou leur donner une discipline martiale à renfort de sifflets et défilé militaire.

     Le film est par ailleurs assez subtil dans sa description de personnages. Car si Cullen Crisp campe un méchant à catogan odieux irrécupérable et John Kimble un flic bourru se découvrant une humanité, on comprend, d’une part, que le premier est dévoré par un Œdipe flippant tant il est systématiquement secondé par une mère plus monstrueuse que lui encore, d’autre part que le second renferme une douleur enfouie liée à un fils dont il n’a pas de nouvelle depuis des années.

     Qu’on se le dise, le film existe grâce à Schwarzy, qui s’investit pleinement, croit plein gaz en ce rôle à priori invraisemblable. Reitman utilise même ses véritables origines autrichiennes dans le récit. Et de le voir renaître, en s’humanisant au contact des enfants puis en tombant amoureux de celle qu’il recherche est peut-être la plus belle idée du film, en écho à ce qu’il jouera l’année suivante dans T2 au côté de John Connor.

     Gamin, j’étais fou amoureux de Penelope Ann Miller (qui joue le rôle de l’institutrice de l’école élémentaire, ex-femme de Crisp, mère de Dominik et entichée de cet instit aussi musclé que paumé) qu’on retrouvera un peu plus tard chez De Palma, dans L’impasse. Je le suis toujours. Plus belle actrice du monde.

     Point géographie, il faut noter que le film se déroule en grande partie dans la petite ville d’Astoria, dans l’Oregon. Comme Les Goonies ou Sauvez Willy. Gamin, je rêvais donc d’habiter là-bas.

Le corniaud – Gérard Oury – 1965

12. Le corniaud - Gérard Oury - 1965« Il m’épate, il m’épate, il m’épate »

   6.0   Je ne reviens jamais sur les films avec Louis de Funes. C’est vraiment pas ma came, de Funes, qu’on se le dise. Il peut me faire sourire, ici ou là, disons cinq minutes, avant que je sois embarrassé de ne voir plus que lui, s’agiter devant mes yeux comme un roquet en mal d’attention.

     Si je tenais, depuis un moment, à revoir Le corniaud, c’est d’une part pour le montrer à mon fils, lui faire découvrir cet énergumène – que j’aime peu mais qui généralement séduit – et son duo à distance avec le génial Bourvil, mais surtout parce que dans le peu de souvenir que j’en avais, c’était une des plus belles mises en scène de Gérard Oury, avant qu’il se laisse entièrement gagner par les gesticulations, l’outrance et le bruit insupportables de ses vedettes : de Funès, bien sûr (La folie des grandeurs), mais aussi Clavier (La soif de l’or), Belmondo (L’as des as) ou Coluche (La vengeance du serpent à plumes) : Que des trucs irregardables pour la simple et bonne raison que ces films n’existent plus que pour la star qui les habite, contrairement au cinéma du muet (Keaton ou Chaplin, pour ne citer que les plus imposants) qui n’oubliaient jamais la mise en scène.

     Et c’est en effet très chouette à revoir, Le corniaud – et j’imagine qu’il en sera de même pour La grande vadrouille – car Oury y est inventif, spontané, virevoltant, prend plaisir à filmer les lieux (l’Italie, notamment) avec quasi autant de fraicheur que le de Broca de L’homme de Rio.

     Tandis qu’il s’apprête à partir en vacances à Naples, la 2CV d’Antoine Maréchal (Bourvil), petit représentant de commerce, est accidentée par la Bentley de Mr Saroyan (de Funès) un gangster. Ce dernier va utiliser le premier en lui faisant mine de réparer le préjudice commis : Il lui offre de faire son voyage en Italie, puis de conduire, tout frais compris, entre Naples et Bordeaux, une Cadillac qu’il lui confie dans laquelle, ignore-t-il, sont dissimulés : Chnouf dans les ailes arrière, or dans les pare-chocs, diamants dans la batterie et Youkounkoun aka « le plus gros diamant du monde » dans le volant.

     Maréchal se retrouve sur les routes d’Italie et de France, sans savoir qu’il est filé à la fois par Saroyan qui veille à ce que le voyage se déroule correctement (occasionnant des scènes cocasses, notamment dans une station essence) mais aussi par le bègue, un autre bandit convoitant la dope. Le film est un poil long et parfois (trop) joyeusement accaparé par son acteur phare (la scène des douches) mais il est souvent réjouissant.

Un long dimanche de fiançailles – Jean-Pierre Jeunet – 2004

24. Un long dimanche de fiançailles - Jean-Pierre Jeunet - 2004Le périlleux destin de Mathilde.

   5.0   C’est difficile à revoir les films de Jeunet. Pourtant celui-ci, au même titre que Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, quelques années plus tôt, je l’ai jadis beaucoup aimé. Sans doute parce que cette virtuosité placardée, ses couleurs franches, son rythme trépidant, son défilé de stars, ces récits à tiroirs, ces répliques cinglantes, tout cela me stimulait beaucoup. Aujourd’hui, je n’y vois que ce que je craignais de revoir : Laideur visuelle (Je ne supporte plus ces trucs gilliamiens, burtoniens, dupontelliens…), filtre jaunâtre, frénésie insupportable, pot-pourri façon name-dropping de célébrités aux talents qui s’accumulent et s’annulent (comme dans le dernier Wes Anderson), narration à la complexité indigeste, dialogues et voix off lourdingues. C’est au-dessus de mes forces, dorénavant. Pourtant, le revoir ne m’a pas déplu. Plutôt disons que je m’attendais à voir ce que j’ai (re)vu. Pas de déception. Et le film me touche toujours grâce au personnage d’Audrey Tautou et l’amour fou qui guide son obsession maladive à retrouver son amoureux disparu dans les tranchées de la Grande guerre et surtout à se persuader qu’il n’est pas mort. Sans avoir lu le roman éponyme de Sébastien Japrisot on peut facilement arguer que Jeunet se l’approprie entièrement tant le film lui ressemble et que dans la production française – au budget si imposant – il ne ressemble à rien d’autre. Pas mon truc ou plutôt plus mon truc mais c’est un film qui reste impressionnant dans la carrière de Jeunet.

Don’t look up – Adam McKay – 2021

16. Don't look up - Adam McKay - 2021Le ciel, les idiots et l’amer.

   7.0   Un Adam McKay inspiré qui greffe sa tonalité potache coutumière à une captation pointue des maux de notre société absurde, repliée dans un flux exponentiel d’infos et d’images, qui n’a même plus conscience de sa propre survie.

     Il en produit une satire grinçante, toujours sur le fil, à l’image de ses comédiens tout en emphase, qui s’avèrent pourtant tous à leur place, d’un Leonardo DiCaprio combatif et chancelant à une Jennifer Lawrence extra-lucide et désespérée, en passant par une Meryl Streep monstrueuse qui semble condenser à elle-seule les derniers présidents américains, un Jonah Hill cynique et vulgaire, une Cate Blanchett arriviste insupportable, un Timothée Chalamet en punk à chien évangélique, un Marc Rylance tout en terreur tranquille, un Ron Perlman en guerrier débile.

     Tout y est over the top. Et c’est sans doute ce qui fait tenir le film, ne le plonge pas dans une dynamique démago qui tente de se donner bonne conscience.

     Kate, une étudiante astronome découvre qu’une comète fonce droit sur la Terre, confie sa découverte à son professeur référent et leurs calculs respectifs sont formels : La collision adviendra dans six mois et quelques jours. Ils joueront tous deux le rôle de lanceurs d’alerte, se heurtant à l’ignorance, la bêtise et le déni de personnages bouffons, aussi bien sur le terrain présidentiel, journalistique, technologique que dans l’opinion publique, les réseaux sociaux et le star-system.

     Difficile d’effectuer une comparaison et/ou un prolongement avec ses deux films précédents (The big short, 2015 & Vice, 2018) apparemment plus sérieux, car je ne les ai pas vu. Il y a quoiqu’il en soit une volonté de prendre le pou d’une Amérique actuelle, aussi bien en traitant de la crise financière qu’en faisant un biopic politique sur Dick Cheney.

     La comète tueuse de planète symbolise à elle seule le danger cataclysmique, entre crise économique et climatique, qui nous menace tous. La comète c’est peut-être aussi le Covid. Elle libère ce qui importe, à savoir notre incapacité à gérer notre propre survie au détriment de notre confort.

     Don’t look up semble s’inspirer autant de Network, de Lumet que de Dr Folamour, de Kubrick. Deux films cités partout comme références, y compris par Adam McKay. Deux films que je n’aime pas. Autant dire que ça partait mal.

     Mais le film dépasse la simple volonté de faire « son grand film politique » sur la fin du monde. Au contraire, on retrouve les tics de McKay, son rythme insolent, une utilisation exagérée de son casting de stars. Et des gags à la pelle, autour de répliques bien senties, voire autour d’une bouteille d’eau ou d’un paquet de chips, par exemple. C’est un ballet de questions posées et de portes qui se ferment, de personnages à la dérive, qui rient, qui gueulent, mais McKay aime trop le pic comique décalé (le pétage de plombs de Leo), annoncé (la scène pré générique) ou gratuite (la scène lourdingue post générique) pour faire une œuvre dans la lignée de celles dont il s’inspire.

     C’est plutôt à Fatal (Michael Youn) ou Mars Attacks (Tim Burton) auxquels moi je pense, devant. Et c’est tout à son honneur – et en fin de compte, c’est dans la continuité de Step brothers ou Ricky Bobby, pour moi.

     C’est en grande partie ce qui me séduit énormément là-dedans, cette façon de rire sérieusement disons. C’est aussi ce qui l’empêche d’être un peu émouvant, tandis qu’il place ses pions pour l’être lors de ce dîner de fin du monde.

     Une plume acérée, avec des personnages hauts en couleur, sur lesquels planent les ombres de Sarah Palin, Greta Thunberg, Steve Jobs ou Donald Trump. Il y a des idées en permanence. Ce n’est jamais trop long, quand bien même il y ait des ratés ci et là. Bref c’est un vrai film méchant, jamais auto satisfait de sa virtuosité satirique tant il tente plein de trucs en permanence.

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silencio


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