Des jeunots pas discrets.
3.5 Autant son relatif renouvellement via le passage par le western (Les frères Sisters) lui avait plutôt bien réussi, autant ce nouveau cru Audiard, sur une jeunesse trentenaire ancrée dans le Paris du 13e arrondissement, ne ressemble pas du tout à du Audiard, pour le pire.
Dans sa conception, Les olympiades ne ressemble déjà pas à grand-chose : Tourné en pleine crise sanitaire, adapté de la série de bandes dessinées américaine Les Intrus, d’Adrian Tomine, écrit au préalable par Céline Sciamma avant que le scénario ne soit repris par Léa Mysius (à qui l’on doit le magnifique premier film Ava), photographié dans un noir et blanc brillant, dans le quartier en question, il y avait peu de chance pour que cette tambouille improbable fonctionne. Et c’est un ratage à tous les étages.
Audiard vise le réalisme et la contemporanéité : Personnages cosmopolites, féminisation du casting, mouvement woke assumé. Il entre d’ailleurs dans la tour, dès la première scène. Mais il le détruit aussitôt, ne serait-ce que dans sa mise en scène, en floutant l’environnement des personnages (aucun lieu réel ne prend vie) ou en multipliant les effets de stylisations (type plans-séquence très aériens ou nombreux split-screen) ou en filmant essentiellement l’intérieur des appartements. De réel d’aujourd’hui, il ne reste qu’un catalogue superficiel, cumulant cyberharcèlement, prostitution 2.0, stand-up, crise du logement, la sexualité. Mais tout y est traité par-dessus la jambe.
Le film ne raconte rien, les intrigues autour de ce triangle amoureux font trop fabriquées, les personnages sont désincarnés, les dialogues ampoulés, il n’y a pas de mystère, le sexe y est filmé de façon si frontale qu’il est impossible de ne pas y voir un désir forcé de la part d’un cinéaste qui n’a jamais su filmer cela. Tout y est incohérent. On dirait une version trash et ratée de films d’Hong Sang-soo ou Eric Rohmer. Dans un cadre légèrement similaire – le noir et blanc et la coloc parisienne – mieux vaut revoir Mes provinciales, de Jean-Paul Civeyrac, beaucoup plus ample, beau et impalpable. Allez, je sauve l’interprétation globale. Ils sont tous très bons – Lucie Zhang en priorité. Et je sauve le dernier plan, avec l’interphone.