Dans la serre, personne ne vous entend crier.
7.0 Croisement improbable entre Petit paysan et Les oiseaux, La nuée est un premier film hybride puissant, qui parvient aussi bien à capter la crise du monde agricole qu’à faire grimper une menace horrifique qui culminera dans un dernier tiers ahurissant, de tension, de maîtrise à couper le souffle. Il n’est pas interdit non plus de penser à Cronenberg tant le vertige organique y est là aussi fécond ni même au Phase IV de Saul Bass, pour sa promesse apocalyptique, ce qui permet de constater que les sauterelles sont tout aussi anxiogènes que les fourmis. Mais La nuée est plus qu’un simple film d’orthoptères monstrueux, c’est aussi un beau mélodrame familial et donc un drame rural, faisant le portrait d’un milieu aux abois où il faut littéralement donner de son sang pour s’en sortir. C’est aussi l’histoire d’une relation mère/fille explosive au carrefour de leurs métamorphoses et pétage de plombs. Deux idées majeures : Avant tout le point de bascule (le sang) qui sort le film des rails naturalistes, disons, pour le faire entrer dans une mécanique horrifique ; ensuite la bande-son, vite saturée de stridulations des sauterelles, qui appuie le crescendo anxiogène. Et une révélation : Suliane Brahim y est exceptionnelle.