Bande à part.
4.5 Alors c’est donc ça le renouveau Marvel ? On prend une cinéaste en plein essor, récemment oscarisée (mais surtout surcotée) et ça devrait suffire à rendre cette nouvelle histoire différente, plus moderne, comme si le simple fait d’avoir « un auteur » en l’occurrence « une auteur » (et ça prend plus d’importance encore) à la barre était gage de qualité. On est chez Marvel, on imagine que Zhao n’est pas libre de grand-chose sur le produit final.
Car je n’ai pas vu de changement si évident, moi. Les scènes intimes et les scènes d’action sont les mêmes que dans les précédents Marvel. Il semble qu’il y ait moins de fonds verts, certes et plus de décors naturels, mais l’ensemble reste laid. Les scènes d’action, Zhao ou pas, sont d’une laideur sans nom, décalquées sur ce que studio nous a concocté ici ou là depuis quinze ans.
Or ce que les premiers films du MCU avaient tout de même réussi c’était de faire rentrer les personnages un par un, de films en films, avant de leur offrir un film, Avengers – puis des suites d’Avengers après les suites de Thor, Captain America, Ant-man et consorts) qui les réunisse tous. C’était quelque chose de complètement bancal mais de construit. Assez beau par moment, notamment dans le feu d’artifice en deux temps que furent Infinity war puis Endgame.
Là il y a un film qui fait entrer dix nouveaux personnages en même temps. Et qui n’en traite fondamentalement aucun : le premier X-men (Bryan Singer, 2000) s’en tirait nettement mieux, par exemple. La seule obsession de The Eternals c’est son discours inclusif, c’est sa volonté de diversifier – qui est une bonne idée en soi puisqu’il s’agit aussi de faire de ces Eternels les protecteurs et représentants du genre humain – et donc d’intégrer une parité évidente, un enfant, une sourde-muette, un personnage noir homosexuel, des asiatiques, etc. Pourquoi pas. Mais il faut que la mise en scène intègre ça aussi. Là tout est au même niveau, filmé pareil, éclairé pareil, monté pareil, qu’on soit dans le passé comme dans le présent.
Il faut se coltiner un truc totalement dans l’ère du temps, à l’image de toutes ces blagues débiles autour des smartphones ou de celui qui filme tout. Se coltiner un twist complètement absurde au mitan. Se coltiner un humour toujours aussi lourdingue. Se coltiner deux acteurs de Game of thrones, qui jouaient Rob Stark et Jon Snow, le premier mauvais comme un cochon, le second aussi utile que le petit doigt de pied, même si la scène post générique nous apprend qu’on va le revoir. J’en peux plus de ces scènes post générique toutes pourries, comme si chaque film devait se fermer sur une promesse de suite.
Passé ces nombreux griefs, je n’ai pas trouvé ça désagréable non plus, c’est toujours mieux que Nomadland. Je ne me suis pas trop ennuyé malgré ses 2h35. J’aime plutôt bien sa narration étoilée, même si l’on ne ressent à aucun moment que ces personnages ont passé sept mille ans sur Terre. Je suis content de pas m’être farci ça en salle.