L’incendiaire de Chicago.
7.0 Essayons d’être un peu objectif : Backdraft ne brille pas par ses subtilités. C’est un film chargé, de rivalité fraternelle, de trauma, de testostérone, d’envolées héroïques, saturé par la musique de Hans Zimmer et campé par un casting quatre étoiles qui cabotine à fond. Spécialités de Ron Howard, en somme et film très proche d’un Rush, ou d’un Apollo 13, autres Howarderies idéales du dimanche soir.
L’atout premier de Backdraft et personnage principal – au milieu de Kurt Russell, William Baldwin, Robert DeNiro, Scott Glenn, Rebecca DeMornay, Donald Sutherland, J.T. Walsh ou Jennifer Jason Leigh, excusez du peu – c’est le feu. Rares sont les films qui auront si bien capté sa force, son mystère, sa violence, sa chaleur, son imprévisibilité. On le voit grimper sur les parois, se dandiner aux plafonds, faire des vagues sur le sol. Il semble même se régénérer par dessous les portes fermées que l’on voit se cambrer et que l’on imagine ardente, avant de libérer sa colère explosive à la moindre inspiration d’oxygène. Personnage-monstre traité d’abord en tant qu’entité abstraite, qu’il faut éteindre quand elle vit puis qu’on analyse quand elle meurt, après avoir laissé derrière elle un décor calciné.
Les à-côtés (du feu) ne sont toutefois pas en reste, aussi bien ce qui touche au quotidien dans la caserne (bien sûr on aimerait en voir davantage) qu’à cette relation électrique entre deux frangins qui ne se sont jamais remis du décès en service de leur père. Ron Howard aurait pu s’en tenir à ce programme là mais il va plus loin encore dans la dramaturgie en insérant une série d’incendies qui se révèlent d’origine criminelle. Incendie chaque fois couvert d’un cadavre qui était proche d’un certain conseiller influent et magouilleur. Un pompier inspecteur enquête alors sur ces mystérieux feux, jusqu’à rencontrer (On pense beaucoup au Silence des agneaux) en prison un célèbre pyromane qui pourrait l’aider à les mettre sur la voie de l’incendiaire en question.
Si l’on est familier de la ville de Chicago grâce à la série Urgences, on retrouve exactement cette respiration dans Backdraft, quand bien même le County Hospital soit remplacé par une caserne de pompiers. La ville est une actrice essentielle, aussi bien son train aérien que sa ligne de gratte ciels à l’horizon, qui lui donne un cachet très étrange, d’immensité indomptable, renforcée par ces nombreux feux, dans des lieux aussi variés qu’un immeuble, une salle de spectacle ou un entrepôt.
La longue séquence finale sur le toit puis les passerelles d’un bâtiment industriel abritant des produits inflammables, est impressionnante, cathartique aussi bien visuellement que dans la charge mélodramatique qu’elle charrie. Elle vient parfaire – façon bouquet final – un nombre de séquences déjà impressionnantes, donnant un côté opéra de feu à ce film, certes archi burné, mais très impressionnant visuellement.
J’ai bien conscience de ses nombreux défauts / problèmes inhérents à son statut de pur divertissement hollywoodien bourrin et masculiniste, mais c’est un film pour lequel je garde une grande affection pour l’avoir maintes fois maté étant gamin mais aussi par ce qu’il fait preuve d’une belle générosité dans l’action et notamment dans sa volonté d’humaniser / érotiser le feu. Toujours un grand oui, donc.
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