Asphalte flottant.
5.0 Après Beau travail et Trouble every day, Claire Denis plonge Valérie Lemercier & Vincent Lindon dans un road-movie parisien nocturne et statique : En effet, le second, auto-stoppeur monte dans la voiture de la première, coincée dans des bouchons phénoménaux provoqués par une grève des transports.
C’est un film flottant, suspendu en permanence, dépouillé, comme souvent chez Claire Denis, alternant des plans de cet embouteillage (avec un concert de klaxons, des bruits de moteurs, des fumées de cigarettes s’échappant des vitres des voitures) et des scènes entre Laure, la conductrice et Jean, son passager entre lesquels une passion (tout en regards insistants et discrets dialogues) naît progressivement. On ne saura rien d’elle, encore moins de lui.
La voiture d’abord, la chambre d’hôtel ensuite. Et c’est tout. C’est un dispositif très ténu, très doux aussi : à l’image de cet embouteillage où la tension extérieure y est permanente, pourtant Vendredi soir se met au diapason de cette rencontre sous forme de parenthèse enchantée. Le film manque singulièrement de chaleur et de chair il me semble. C’est paradoxalement l’un de ses films les moins sensuels. Ou bien ça ne fonctionne pas très bien.