Spiderandom.
4.0 La fraicheur college movie dégagée par Homecoming s’était déjà dilapidée dans Far from home, dont on ne gardait finalement que la présence de l’antagoniste Mysterio. Sur une promesse autrement plus conséquente puisque No way home aborde enfin frontalement la question du multivers, John Watts ne fait rien. Il s’en remet aux apparitions des anciens opus de l’homme araignée, aussi bien les méchants (on retrouve Octopus, Sandman, le bouffon vert, le lézard et Electro) que les incarnations de Spiderman : L’occasion pour Tom Holland de croiser la route d’autres lui, d’autres Peter Parker dans d’autres franchises, à savoir Tobey McGuire & Andrew Garfield.
C’est sans doute ce que les fans (Il semble que ce soit d’ailleurs un projet né d’un buzz sur la toile, c’est dire le niveau de créativité) attendaient le plus dans un univers Marvel de plus en plus assoupi depuis Endgame. Et cet opus s’en remets littéralement à cette idée. A rien de plus. Il y aura zéro surprise, durant 2h30 interminables où l’on se demande constamment ce qui peut exciter l’aficionado là-dedans. Car No way home est un film balourd, sirupeux et complètement léthargique, avec des Spiderman sans charisme, javélisés.
Son récit de dislocation des univers repose quand même sur une fondation aberrante : En gros, Peter Parker est dégouté que tout le monde sache qu’il est Spiderman, d’autant que ça lui ferme des portes pour entrer à l’université, alors il demande à Dr Strange de lui rendre son identité secrète aux yeux de tous au moyen d’un sortilège. Et le magicien accepte. Et ça se passe mal. Le truc repose sur un simple caprice d’ado, quoi. Même moi qui ne suis pas forcément intéressé par les scénarios, j’ai trouvé ça hallucinant. Pire enjeu narratif ever.
Mais si tant est qu’on passe outre ce set-up de la honte, le film ne tient jamais sa promesse formelle dans la création de ce multivers. Il ne va jamais sur le terrain de Sam Raimi, par exemple, non. Car c’est un film dans la lignée des précédents films Marvel. Il ne faut pas que ça déborde. C’est du fan-service, fabriqué dans un besoin de rentabilité permanent. Un truc random totalement en fonction de l’attente des fans, en somme. Et ça se comprend vu combien coutent ces machins. Alors si en plus ça pète un peu durant trois/quatre scènes, le chaland est apparemment rassasié.
Parlons-en, des scènes d’action : Si l’on fait abstraction de leur fabrication sur fond vert (et franchement c’est pas facile) on s’en tiendra à celles de la toute première partie, à savoir celle avec Octopus sur le pont et l’autre dans les portails de Dr Strange. Toutes les autres sont atroces. Surtout après celles de The Batman où l’on sent un peu la vitesse, la matière, la destruction, ici c’est le néant complet, comme si on assistait à une bataille de figurines sur un décor de lego géant. Et je passe sur cette sempiternelle ambiance comico-neuneu : Voir cette scène où les trois Spiderman se comparent leur toile respective et bien appuyer, dans le texte, plusieurs fois, grassement, au cas où on n’avait pas compris la première fois le sous-texte. J’étais gêné.
Deux choses m’ont aussi passablement agacé : Tout d’abord, cette obsession qu’a le film d’annoncer son programme, par l’intermédiaire de MJ « le meilleur moyen d’être déçu c’est de trop espérer » une phrase méta petit slip, comme si on appelait en permanence à notre indulgence critique, parce que tu vois c’est dur quand même de faire un film, de remettre une pièce dans la machine et de proposer un truc fou et nouveau. Vos gueules, bordel !
Ensuite, car il est à l’image de la sensation procurée par le film entier, la scène post générique est incroyablement nulle. J’ai toujours trouvé que c’était merdique ces scènes post génériques, mais au moins parfois il y avait un truc, une idée, un plan, une promesse et parfois sur quelques secondes. Là on nous sert quoi ? Quasiment une bande-annonce pour le prochain opus de Dr Strange. Les mecs, sérieusement, vous avez rien de mieux en stock ?
De toute façon, le vrai Spiderman, en version multivers, c’est Spiderman, New Generation, de Phil Lord & Chris Miller qui était beau, vertigineux et virtuose. Le seul truc que j’aurais trouvé couillu ici c’est s’ils avaient fait entrer Miles Morales (le Spiderman animé) dans l’équation occasionnant un truc formel hybride façon Qui veut la peau de Roger Rabbit ? Un peu trop créatif sans doute. Et impossible niveau droits, gros sous et sondage de fan-service aussi j’imagine. Bref j’ai trouvé ça globalement gerbant. Mais c’est Spiderman, et donc on passe pas non plus un moment horrible.