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Archives pour 30 avril, 2022

Rocky – John G. Avildsen – 1977

02. Rocky - John G. Avildsen - 1977Gonna love now.

   8.5   On avait beau me certifier que Rocky était un grand film sur les bas-fonds de Philadelphie, l’histoire d’un de ses pauvres types, ouvrier et boxeur raté, mais aussi une superbe histoire d’amour, au fond de moi j’ai toujours pensé que c’était l’histoire d’un héros, une apologie de la réussite et du combat, mais aussi un film un peu bourrin. J’imagine qu’on pense aussi cela de Rambo avant de constater que c’est une merveille. L’effet Stallone probablement et comment le cinéma l’a globalement récupéré par ricochet, héros massif et brutal, de Cobra à Expendables, en passant par les suites de Rambo et Cliffhanger. L’effet « Gonna fly now » aussi, sans doute.

     Il faut savoir que le scénario de Rocky est intégralement pensé et écrit par Stallone lui-même, auteur inconnu et acteur alors raté, qui vend son script à la United Artist sous condition qu’il campe lui-même le rôle-titre que le studio aurait préféré donner à des acteurs d’envergure, tel Ryan O ‘Neal, Burt Reynolds, Robert Redford ou James Caan. La prod ne prend cependant pas trop de risques allouant un budget d’un million de dollars et vingt-huit jours de tournage. Un succès critique et public et trois Oscars (dont celui du meilleur film) plus tard, le film engrange 225 fois sa mise et reste aujourd’hui l’un des meilleurs retours sur investissement de l’histoire du cinéma.

     Il faut savoir aussi que le script, écrit sur trois jours, est né un soir, le 24 mars 1975, lorsque Stallone assiste au combat entre Mohamed Ali & Chuck Wepner. Combat déjouant tous les pronostics puisqu’un simple challenger inconnu tient quinze rounds contre le champion du monde, l’envoie même au tapis au neuvième et s’il finit par s’incliner, Stallone – et par la même occasion Rocky, le film – ne retient que le génie de cette anomalie, la victoire de l’inattendu, pour se l’approprier et en brosser le portrait d’une Amérique démunie montée sous le feu des projecteurs pour un simple caprice de star.

     Identifié très vite, avec son feutre et sa veste en cuir, une balle qu’il fait régulièrement rebondir sur le bitume, Rocky vit de petits boulots et parfois dispute des combats de boxe locaux sous le surnom « L’étalon italien » pour quelques dollars. Et s’il accepte de disputer ce match qu’au préalable il refuse, c’est en grande partie par respect pour le vieux Mickey, qui a toujours vu en lui un grand boxeur qui n’a cessé de se saborder. Et bien sûr par amour pour Adrian. Et avant d’en arriver là, le film est une somme de scènes (dans l’esprit du Nouvel Hollywood) d’une douceur, d’une puissance jamais vue. Celle de la patinoire évidemment. Celle du premier baiser entre Adrian & Rocky. Celle de la longue dispute / réconciliation entre le coach (lui aussi ancien boxeur raté) et son boxeur. Et bien entendu celle de l’entraînement sur les docks jusque sur les marches de la façade sud du Philadelphia Museum of Art.

     Si la boxe tient peu de place dans Rocky – deux minutes d’un match amateur en ouverture, dix minutes pour le combat final – il s’agit d’une toile de fond essentielle, puisque Rocky s’en sert pour courtiser Adrian en lui racontant des blagues et ses exploits, mais aussi en en faisant son gagne-pain, travaillant en tant qu’homme de main pour un usurier. Rocky, très souvent, sert les poings, quand il est seul et effectue quelques petites danses de boxeur dans la rue. Sur les télévisions on ne parle que d’Apollo Creed – le Mohamed Ali fictionnel – champion du monde poids lourds à la recherche d’un adversaire d’un soir, pour le compte d’un show plus que d’un combat.

     C’est l’histoire d’une rencontre des bas-fonds sur le devant de la scène, de deux immigrés au statut alors opposé : le noir afro américain installé se jouant du rêve américain qu’il parodie  en cumulant les imitations pour l’ouverture du show, face au blanc immigré italien qui ne sait pas trop ce qu’il vient faire là. Le match de boxe, d’une rare intensité et les derniers secondes, d’une rare émotion achèvent de faire de Rocky un grand film romantique. Un combat de boxe qui célèbre le perdant. Qui célèbre l’amour.

     Rocky est bien le grand film populaire que l’on vante, sur les quartiers populaires et un beau document sur le Philadelphie des années 70. On y voit les docks, les quartiers tristes et ses maisons délabrées. La réalisation d’Avildsen est d’une totale maîtrise, crue et fluide à la fois, qu’elle se déploie dans les appartements, dans la rue, sur le ring, dans les rayons d’un petit commerce animalier ou entre les viandes d’un abattoir. Il était temps que je voie enfin ça.


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silencio


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