Archives pour avril 2022



Ambulance – Michael Bay – 2022

06. Ambulance - Michael Bay - 2022« That’s a very expensive car chase right now »

   6.0   Je comprends que ça puisse être l’enfer pour certains, Ambulance. À vrai dire le premier quart d’heure j’ai trouvé ça horrible aussi. Je pense que le cinéma de Bay n’a d’intérêt que lorsqu’il bouge, surtout pas quand il pense ou qu’il installe ses pions. Le début du film est infect en ce sens que tout va déjà trop vite pour ce qu’il y a à l’écran : C’est-à-dire pas grand-chose si ce n’est l’histoire d’un type, ancien militaire, qui fait appel à son frère, voyou notoire, pour lui prêter les deux cent mille dollars qui lui permettraient d’accéder aux soins requis pour le cancer de sa femme. Et en parallèle, on est dans une patrouille de police, avec deux flics qui se lancent des vannes et citent Bad boys puis Rock. Véridique. Le film est déjà complètement en sur-régime, un plan par seconde, toujours en mouvement, latéral ou circulaire. C’est imbitable. Sauf que les deux heures suivantes nous plongent dans un braquage foireux et une course poursuite sans temps mort. Et là franchement on n’a jamais vu ça. Alors peut-être qu’il faut être d’humeur, je n’en sais rien, mais j’ai pris un pied d’enfer, comme si j’avais vu un super épisode de Fast & Furious mais avec des idées de plans qui sortent de nulle part sinon en grande partie de quelqu’un qui a découvert le drone et qui va l’utiliser à outrance. Le film a engagé des spécialistes, des dronistes FPV afin d’avoir les plans les plus dingues possibles, en chute libre le long des buildings, sous les bolides, à travers des impacts. Et c’est totalement gratuit (enfin façon de parler car ils ont dû en péter plusieurs) c’est juste là pour faire exploser le rythme du film. D’un film de Michael Bay, faut-il le rappeler ! Alors évidemment dit comme ça on a l’impression qu’on va voir un truc complètement barré, abstrait, expérimental, mais ce n’est évidemment pas le cas : Ambulance ne sera jamais Miami Vice ou Fury Road, car Bay n’est ni Mann ni Miller. Mais dans le registre qui est le sien, celui de Fast & Furious je le répète, c’est à dire du cinéma beauf et bourrin, le film fait un bien fou. Bay n’a peut-être pas le droit de pousser à fond les potards ou bien il croit bon de raconter des trucs, mais si on enlève tout le côté guimauve, bien-pensant, explicatif et quelques gimmicks dans l’ère du temps, ce serait un caviar d’1h30, un truc à la Speed, très serré, réjouissant. En l’état je choisis de garder ce qui m’a plu : l’impression d’être dans une partie de GTA avec les flics au cul pendant deux heures. Avec des saillies tellement drôles comme la scène de la rate, la baston entre frères, le changement de peinture, la scène dans l’entrepôt du cartel. Dommage que les acteurs n’aient pas beaucoup de poids (le héros est un peu terne, l’infirmière tout aussi nulle qu’une Gal Gadot) hormis Jake Gyllenhall totalement en roue libre, qui semble prendre du bon temps. Comme nous. Plaisir coupable assumé, donc. Je me rends compte que je réhabilite de plus en plus le cinéma de Michael Bay. J’ai toujours dit que c’était de la merde parce que je n’avais jamais autant souffert au cinéma que devant le premier Transformers. Mais j’ai revu et pris à nouveau du plaisir devant Rock, récemment. Bien aimé Six underground aussi. Ambulance ce serait peut-être même bien meilleur…

Gemini man – Ang Lee – 2019

03. Gemini man - Ang Lee - 2019Fréquence clone.

    5.0   Il y a quelque chose d’un peu absurde à découvrir Gemini man un dimanche soir sur Antenne 2 puisque l’intérêt majeur du film est d’être tourné en haute fréquence. Mais déjà lors de sa sortie peu de salles permettaient de l’apprécier dans le format adéquat. Alors, même à la télé le film impressionne par ses scènes d’action, en effet, on sent qu’on n’a jamais vu ça : Tout va très vite mais c’est super lisible. Un peu trop à mon goût, c’est trop fake, trop proche du jeu vidéo je trouve, les impacts et les chutes notamment sont trop nettes, trop brutes, pour être encaissés par des humains. Mais oui la scène de la moto puis celle des catacombes, sont réjouissantes. L’autre point réussi c’est le rajeunissement de Will Smith car hormis dans la séquence finale sur le campus (complètement foirée c’est bizarre, comme si c’était quelqu’un d’autre qui s’en était chargé) ça fonctionne vachement bien. Après le récit est tout à fait banal, c’est une sorte de Mission impossible avec un héros traqué par son clone augmenté et plus jeune, et ils vont finir par faire équipe ensemble contre les vrais méchants. Super content de revoir Mary Elizabeth Winstead (géniale dans la série Fargo) qu’on voit trop peu et c’est bien dommage.

Les amants passionnés (The passionate friends) – David Lean – 1950

20. Les amants passionnés - The passionate friends - David Lean - 1950Ample rencontre.

   8.0   Je prends mon temps, mais chaque découverte d’un film de David Lean est un émerveillement. Celui-ci est fabuleux évidemment, un film-cousin de Brève rencontre – la passion étirée contre la passion éphémère, toutes deux impossibles – qui brille aussi bien dans sa narration (l’écriture est un bonheur de chaque instant, raffinée, dense, limpide, passionnante) que visuellement : impossible d’oublier ce qu’il fait ici d’Annecy et des Alpes, mais aussi de ces scènes d’intérieurs ou de métro.

     C’est un grand film sur une passion inachevée, pour laquelle le vertige temporel est palpable : le film se déroule sur plusieurs temporalités, enchâssant retrouvailles et séparations, visions et souvenirs, avec parfois des flashbacks dans des flashbacks, sans jamais nous perdre et sans jamais perdre la mélancolie du présent. Une splendeur de chaque instant. Une fois de plus, merci Arte pour la découverte !

Le bal de l’horreur (Prom night) – Paul Lynch – 1980

32. Le bal de l'horreur - Prom night - Paul Lynch - 1980La vengeance au doux visage.

   6.0   Fort de son immense succès, Halloween (John Carpenter, 1978) chamboule l’univers du slasher et fait des petits : La saga Vendredi 13 (qui s’ouvre dès 1980) en sera le rejeton le plus prolifique, mais d’autres films plus « confidentiels » profitent de l’occasion.

     Dérivé à la fois du Carpenter – dont il reprend d’ailleurs l’actrice principale Jamie Lee Curtis – autant que du Carrie, de Brian de Palma – un bal commémoratif sera le théâtre sanglant et culminant du récit – Le bal de l’horreur est peut-être le slasher le plus représentatif du genre tant il coche toutes les cases du cahier des charges : En jouant dans une école désaffectée, des enfants tuent accidentellement une de leur camarade et décident de garder le secret. Six ans plus tard, un tueur – dont on ignore d’abord l’identité mais dont on sait qu’il a assisté à cet événement et en a gardé les traces traumatiques – les traque et s’apprête à les assassiner un par un, le soir du bal de fin d’année.

     En ce sens, Le bal de l’horreur est une matrice évidente au second souffle du slasher, initié par Scream (Wes Craven, 1997) qui le cite ouvertement (Randy prévient que Billy fait son Prom night à sa façon) et qui sera allègrement pompé par Souviens toi… l’été dernier (Jim Gillespie, 1998).

     C’était un pur fantasme donc comme tout fantasme il y a un peu de déception. Néanmoins, visuellement le film est très beau, captant brillamment la lumière de cette banlieue canadienne (tournage vers Toronto) et s’il prend un temps fou pour installer ses pions, il est aussi parcouru de jolies séquences, notamment le travelling circulaire de la danse disco, qui renvoie forcément à Saturday night fever. C’est peut-être ses scènes de meurtres qui déçoivent in fine le plus. Mais c’est raccord avec l’identité de son tueur (qui se coiffe d’une cagoule noire) et ses nombreuses maladresses. Et si le film fait en sorte de brouiller les pistes, nous devinons très vite mais ça ne gâche pas du tout ce beau final, qui s’avère assez émouvant.

La gitane – Philippe de Broca – 1986

41. La gitane - Philippe de Broca - 1986Sauve ma ville.

   5.0   Ce n’est sans doute pas un bon film, pas même un bon De Broca, mais La gitane est tourné quasi intégralement dans Pontoise (chez moi donc), et comme d’habitude il utilise vachement bien les lieux, se les approprie pour les fondre dans son tempo frénétique bien à lui. Et voir Pontoise dans les années 80 a suffi à me faire passer un moment agréable. Mais ce n’est clairement pas dans ses meilleurs.

Kaamelott, premier volet – Alexandre Astier – 2021

42. Kaamelott, premier volet - Alexandre Astier - 2021C’est pas beau.

   2.0   Comment adapter au cinéma un truc qui relève idéalement de la série, avec cet inénarrable goût pour la pastille ? C’était l’unique point qui m’intéressait là-dedans, ce côté challenge. Car je ne regarde pas Kaamelott. Enfin, je vois un peu ce que c’est, grosso modo, je vois le tempo, l’écriture d’Astier, le niveau de vanne. Mais c’est probablement la seule série devant laquelle je zappe systématiquement au bout de cinq minutes. C’est-à-dire que je ne vois jamais le deuxième épisode en entier. Impossible de regarder davantage. Le défi était donc double ici puisque le film me demandait de tenir non plus trois minutes trente mais deux heures.

     Sans trop m’attarder car je ne suis pas le public cible, j’ai trouvé le film consternant. De bout en bout. La série je vois le projet, son univers, sa folie ; le film je vois un truc qui voudrait être le nouveau Astérix & Obélix, mission Cléopâtre, mais qui ressemble davantage à Les visiteurs, les couloirs du temps. Ce défilé de stars (qui récupèrent un chèque) c’est insupportable, au passage. Mais le pire c’est cette image. En série, j’ai toujours trouvé ça plus laid que drôle. Mais cette laideur faisait son charme. Là-dessus aussi le film va échouer en beauté : ça coute quinze bâtons pour rien, c’est laid et mal filmé.

     J’ai longtemps pensé, devant le film, que c’était un truc pour initiés aveugles, mais je ne suis pas certain car il n’y a plus vraiment de rythme, de personnalité et que le changement de format lui est carrément fatal : c’est techniquement calibré télé, mais une pastille M6 sur deux heures c’est hardcore. Mais bon, encore une fois je suis pas la bonne personne pour en parler, d’ailleurs j’ai déjà tout oublié. Je signale juste que je n’aimais déjà pas les Astérix réalisés par Astier. Je dois pas être fan d’Astier, c’est tout.

Un tour chez ma fille – Eric Lavaine – 2021

40. Un tour chez ma fille - Eric Lavaine - 2021Auto-recyclage.

   0.5   L’autre jour, je me demandais si Philippe de Chauveron n’était pas le pire réalisateur en activité. C’était oublier Eric Lavaine, qui livre une fois encore une salade dont il a le secret. Il n’a tellement pas d’idées qu’il recycle même ses propres vannes de merde : Durant le générique final, Balasko ressort la blague du plat picard / Picard qu’elle sortait déjà dans Retour chez ma mère, c’est dire le niveau. Comme quasi toute sa filmographie, vraiment cuite à la plancha. C’est le titre de son prochain film d’ailleurs. La suite de Barbecue : La Plancha. True story.

L’Africain – Philippe de Broca – 1983

??????????????????????????????????Les incorrigibles.

   7.0   Tandis que Victor (Philippe Noiret) a trouvé la plénitude dans une idyllique contrée de l’Afrique centrale, l’arrivée intempestive de son ex-femme Charlotte (Catherine Deneuve) menace son équilibre. D’autant que celle-ci, chargée de dénicher un paradis perdu, veut en implanter au cœur de la brousse un simili Club-Med pour touristes fortunés.

     C’est une magnifique comédie de remariage intégralement tournée in situ, au Kenya et au Zaïre, au milieu des éléphants, lions, crocodiles, dans laquelle De Broca excelle, livrant un divertissement imparable, à la fois formidablement rythmé sans tomber dans le cartoon qui le guette souvent et même émouvant sur ce qu’il raconte de ce couple de personnages, mariés mais séparés (duo parfait que forment Deneuve & Noiret) qui se supportent uniquement dans l’aventure : « A t-on déjà été si heureux ? » crie Charlotte sur un pont de singe tandis qu’ils sont poursuivi par des braconniers vengeurs.

     Il est évident que le modèle pour De Broca c’est African Queen de John Huston – clin d’œil à l’appui puisque c’est le nom que porte le bateau de Victor, dedans. Une référence comme celle-ci suffit à faire mon bonheur.

Hôtel du Nord – Marcel Carné – 1938

24. Hôtel du Nord - Marcel Carné - 1938Déséquilibre.

   5.0   Là je retrouve le Carné qui me séduit moins (nettement moins que sur La Marie du port ou L’air de Paris, par exemple) car si le récit est passionnant, les interactions entre chaque personnage sont intéressantes, je ne parviens pas à passer outre l’imposant verbe de Prévert et cette impression de théâtralité permanente. Mais bon, c’est sans doute moi. Et comme je le craignais, Arletty et Louis Jouvet prennent toute la place, je ne vois que ces deux-là qui donnent tout pour qu’on ne voit qu’eux, ainsi ils éclipsent totalement les deux premiers rôles – les seuls qui soient émouvants, qui donnent son sel au film – campés par Annabella et Jean-Pierre Aumont.

Enragé (Unhinged) – Derrick Borte – 2020

31. Enragé - Unhinged - Derrick Borte - 2020Deux petits klaxons valent mieux qu’un gros tu crèveras.

   6.0   Ce serait faire trop d’honneur à ce film de dire qu’on a pensé à Duel. D’une part car aussi flippant que puisse être ce monospace gris, sa terreur n’arrive pas à la cheville du camion du film de Spielberg – d’autant que le monstre ici n’est pas le véhicule mais son chauffeur, campé par un Russell Crowe – qui a mangé Russell Crowe – méconnaissable mais qui en un seul regard pourrait ébranler n’importe qui au point de faire passer Michael Myers pour un enfant de chœurs. D’autre part car la seule véritable idée de mise en scène ici repose – et c’est déjà pas mal – sur un rythme effréné, crescendo, occasionnant une tension idéale de film du dimanche soir : Et en ce sens on pense davantage à des Schumachereries mi moralistes mi douteux dans la veine de Chute libre ou Phone game. Reste qu’Enragé impressionne par ses éclats de violence – qui rappelle plutôt la sécheresse d’un Hitcher ou d’un Breakdown, deux autres thrillers routiers avec psychopathe incontrôlable. Quelques facilités scénaristiques (Les flics débiles, le plan Fortnite, les ciseaux en sucre d’orge) mais pas de quoi entacher le petit plaisir offert par cette série B efficace qui aura le mérite de faire passer l’envie aux impatients de klaxonner au feu vert. Dit comme ça on a l’impression que ça offre l’alibi de l’agression au psychopathe mais le film est sans ambiguïté sur ce type : La première scène nous le montre en train de tuer. Qui ? Pourquoi ? Qu’importe, il tue. Et à coups de pelle. Cela permet de brosser une héroïne un peu aux antipodes des héroïnes habituelles du genre : Elle est moins sympa, plus vraie, elle aussi passe une journée de merde avant de croiser le chemin du monstre qui la traque sous le simple compte de son incivilité. Cela génère un engrenage de violence improbable, un peu comme dans Eden Lake, par exemple. Un truc sans retour possible. Sans point de départ consistant non plus : Que tu le klaxonnes au feu vert ou que tu prennes les trois dernières baguettes devant lui à la boulangerie, le résultat aurait été le même.

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silencio


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