Archives pour mai 2022

Les pirates du métro (The taking of Pelham One Two Three) – Joseph Sargent – 1975

05. Les pirates du métro - The taking of Pelham One Two Three - Joseph Sargent - 1975« Gesundheit ! »

   8.0   New York. Un gang de braqueurs est sur le point de s’emparer d’une rame de métro. Ils sont quatre, chacun affublé d’un long carton sous le bras et ils attendent dans une station différente. En parallèle, un lieutenant de la police de New York reçoit la visite de ses homologues chinois afin de leur présenter leur quotidien, méthodes, locaux. Il y a deux espaces clairement identifiés, qui ne s’opposent pas encore directement mais révèlent déjà une opposition : Sous la ville et dans la ville ; le silence contre le verbe ; les bruits d’un souterrain de métro d’un côté, l’ambiance mortifère d’un bureau en open-space de l’autre.

     C’est une affaire de mécanique huilée et grippée, d’un côté comme de l’autre. Au sein du bureau de police où le ton y est grossier, sarcastique, si ce n’est raciste et misogyne – Il faut voir comment est reçue l’équipe de cadres chinois ou comment sont globalement désignées les femmes. Au sein du train aussi : chaque braqueur semble tenir un rôle bien précis, s’interpellant par des noms de couleurs – Tarantino s’en inspirera très probablement pour Reservoir dogs – mais déjà le collectif est brisé par les élans de chacun, qu’il s’agisse de la fatigue de l’un ou de la brutalité de l’autre. Il n’y a pas de héros pur. Pas de figure emblématique sur laquelle on puisse se reposer d’emblée. C’est un peu Sorcerer avant l’heure, du point de vue de la caractérisation.

     Et au centre il y a bien entendu la ville, New York, qui y tient une place forte sans pour autant qu’on lui attribue une image, une ambiance de carte postale, passe-partout ou publicitaire : Le dehors il n’en sera que peu question et pourtant il y a New York partout, dans les bureaux comme dans le métro, dans les bruits de la ville, sa respiration, ses gens. Les dix-sept passagers « figurants » – car ils resteront à l’état de figurant, contrairement à un Speed par exemple, ce qui là encore contredit la dimension héroïque du récit – pris en otages représentent, de façon semble-t-il très réaliste, la population du New York des années 70. Tout du moins on croit beaucoup en cette rame.

     Le film surprend surtout dans sa tonalité, qu’il préserve de bout en bout : En effet il ne choisit jamais entre l’humour, de certains dialogues ou de nombreuses situations, et le sérieux de certains rebondissements. Il choisit de marier la légèreté et la brutalité, en somme. Et c’est peut-être sa plus grande réussite puisqu’on se souviendra autant de séquences violentes que d’instants de farce. Jusque dans ses micros-détails : La toux insistante de Mr Green (qui servira de jubilatoire twist final), la cravate jaune arborée par Walter Matthau, le calme olympien de Robert Shaw, la grippe du maire, la femme qui dort, le flic mystère de la rame, l’autre pris au piège entre les tireurs du train et les flics en intervention.

     C’est une série B de luxe, dans ce que le terme (un peu nul et galvaudé) a de plus noble il me semble. Un peu comme si elle était la dernière, comme si tout y était à sa place, à la bonne distance, au bon dosage : Dans le polar autant que dans la comédie. A l’image des membres du gang, rapidement identifiés, caractérisés mais sans recourir au traditionnel flashback ou à un dialogue appuyé : vraiment à l’économie, sur des bribes d’indices et d’informations. C’est brillant. A l’image aussi du savant montage alterné – qui aurait pu être lourd, déséquilibré – entre la rame de métro, le bureau de police et la zone de contrôles.

     Et si on ne retrouve pas les textures qui seront à l’œuvre dans Les guerriers de la nuit, par exemple, l’atmosphère du métro respire son époque. La majorité du film s’y déroule, dans les souterrains donc et souvent dans un tunnel, entre deux stations : autant dire dans un wagon reconstitué en studio, et pourtant on a le sentiment d’être là-dessous en permanence, coincé sous Park avenue. C’est très beau à l’image. Très graphique. Rien d’étonnant au fait d’y retrouver Owen Roizman à la photo, qui était le chef opérateur de French Connection. A noter aussi un superbe accompagnement musical, très jazzy, signé David Shire qui n’est pas sans évoquer un Lalo Schifrin à de nombreux instants. A noter aussi que Steven Spielberg, alors admiré pour avoir pondu Duel & Sugarland express, fut approché pour réaliser Les pirates du métro. Difficile de savoir ce que ça aurait pu donner, mais c’est rigolo de se dire que Joseph Sargent tournera Les dents de la mer 4, treize ans plus tard.

Les passagers de la nuit – Mikhaël Hers – 2022

04. Les passagers de la nuit - Mikhaël Hers - 2022Miroir fantôme.

   8.5   S’il fallait tenter de définir le cinéma de Mikhael Hers, on pourrait dire qu’il tire sa douce mélancolie d’une forme nostalgique, au sens noble du terme : Il n’y a pas de vertu passéiste mais c’est un cinéma du présent qui accepte d’avoir une mémoire. C’est une célébration du passé qui coexiste avec le présent. Une forme d’éternité lumineuse. Et s’il fallait le rapprocher d’un autre auteur, ce serait de quelqu’un auquel on le colle rarement à savoir Guy Gilles, autre cinéaste de la mélancolie, de la dépression, du souvenir, qui filma lui aussi la nuit, dans Nuit docile (1987).

     Hers aussi avait déjà largement filmé la nuit auparavant : D’abord l’errance nocturne de cet homme dans Charell (2006) puis les trois chapitres indépendants de Montparnasse (2009). Des « passagers de la nuit » le film semble en regorger mais ce sont deux d’entre eux qui vont nous intéresser, d’abord Tallulah, puisque le film s’ouvre sur elle, avec son barda dans une station de métro, dont elle observe un plan lumineux, qui reflète bientôt ses lumières sur son visage. Paris lui appartient. C’est ensuite d’Elizabeth dont il s’agit : Une femme mariée, abandonnée par son mari, qui doit composer avec deux enfants presque adultes et une obligation de chercher du travail ce qu’auparavant elle n’avait jamais fait. Deux passagères dont les sinueux chemins vont se croiser.

     Jusqu’ici tous les films de Hers s’inscrivaient dans le paysage contemporain, qu’ils soient indéterminés ou clairement identifiés : Amanda (2017) prenait pour « décor » Paris et les attentats qui n’étaient pas sans évoquer ceux de 2015. Dans Les passagers de la nuit, la temporalité est essentielle puisque le film s’ouvre sur l’élection de François Mitterrand, le 10 mai 1981. Pour un cinéaste du souvenir, Les passagers de la nuit faisait presque office de passage obligé pour Hers, qui est né en 1975 et qui a donc grandit durant les années 80. Revisiter cette période c’était aussi revisiter son enfance.

     D’autres échos peuplent le film : On pense évidemment à Charlotte Gainsbourg, sensiblement le même âge, qui était propulsée actrice dès les années 80 par Claude Miller, dans L’effrontée (1984) ou La petite voleuse (1988). Des fantômes, le film en est parsemé ; à l’image de cet instant où la radio annonce une chanson de Barbara, sans nous l’offrir. C’est un film tout en mystères, partout, à commencer par l’absence du père ou la rémission de cette maladie. Ou encore de cette brève apparition d’Isaure Multrier (qui interprétait Amanda dans son précédent film) lors d’un plan furtif dans un parc. Voire de cette façon qu’il a de nous faire croire qu’il convoque Rohmer (c’est toujours un peu la classe de citer Rohmer) alors qu’il s’agit davantage de faire renaître Pascale Ogier et de créer une passerelle entre le film et le film dans le film, entre Louise et Talulah, miroirs l’une de l’autre, avec cette voix, cette diction si proche (sublime Noée Abita, qui continue de faire d’excellents choix de rôles, après Ava et Slalom). C’est bien entendu le fantôme de Pascale Ogier qui irrigue tout le film. En faisant « survivre » Tallulah, à la drogue notamment, c’est comme si Hers faisait survivre Pascale Ogier (décédée tandis qu’elle n’avait pas vingt-six ans) et lui offrait une autre vie.

     Aussi, le film est parsemé d’images d’archives. Elles s’inscrivent dans le présent du film autant que dans la mémoire de sa fabrication. Elles proviennent de différentes sources : anonymes, personnelles ou parfois documentaires, comme celle où l’on aperçoit Jacques Rivette dans le métro, issue de Rivette, le veilleur de Claire Denis. Il y a aussi des reconstitutions, images obtenues grâce à une Bolex qui offrent le vertige du passé, par son grain, son format. C’est très beau. Ça offre une texture très particulière au film.

     Comme souvent avec le cinéma de Hers, ça se joue autant sur de discrètes fulgurances et des petits rien. Un nombre de petites séquences, aussi anodines que puissantes, jalonnent le film. Des rencontres pleines de promesses et bienveillances : Emmanuelle Béart dans la maison de la radio. Thibault Vinçon (qu’on adorait déjà dans Memory Lane) dans une médiathèque. On retrouve aussi Didier Sandre. C’est une petite famille, le cinéma de Hers. Et une scène de danse sur « Et si tu n’existais pas » de Joe Dassin, sublime en ce sens que le morceau est clairement intégré dans la dramaturgie : c’est leur chanson emblématique, il a une histoire. En ce sens aussi qu’il ouvre sur une recomposition familiale aussi évidente – tant le film est baigné d’une bienveillance continue – que bouleversante.

     C’est un film d’une grâce et d’une douceur inouïes et avec un tel amour pour chacun de ses personnages. Et si c’est un film de naissance (d’un amour, d’une famille) c’est aussi un film de renaissance (d’une femme délaissée, par son mari et son cancer) bref c’est assez bouleversant, tout en étant très gracieux, très doux. Ce n’est pas un scoop, j’adore le cinéma de Mikhael Hers, tous ses films, longs comme courts. J’étais curieux de voir comment il aborderait celui-ci, en apparence moins « grave » que les deux précédents (qui s’ouvraient volontiers sur la mort) mais avec une particularité nouvelle chez lui soit celle de reconstruire une époque, en l’occurrence les années 80 et de s’ancrer dans un autre quartier de Paris, Beaugrenelle. J’ai trouvé ça magnifique.

Contes du hasard et autres fantaisies (Gūzen to sōzō) – Ryūsuke Hamaguchi – 2022

22. Contes du hasard et autres fantaisies - Gūzen to sōzō - Ryūsuke Hamaguchi - 2022Le sinueux chemin de la parole.

   8.0   Il n’y a pas plus digne héritier de Rohmer que ce film-là, qui annonçait d’emblée cette égide par ce titre si évocateur. Quoi de plus rohmerien que le hasard et les contes ? Et si la forme reprend celle des Rendez-vous de Paris – trois petits films en un, sans liens direct entre eux – le premier segment nous renvoie, dans sa structure triangulaire, à un film comme L’ami de mon amie. Ici aussi la parole est sacrée et déploie peu à peu cette magie que seule Rohmer détenait. Et il y a des lieux, grosso modo trois : l’arrière d’un taxi, l’open-space d’un bureau et la table d’un café. Trois « espaces » si intenses qu’ils deviennent personnages eux aussi.

     D’emblée le film met la barre très haut, pourtant les segments suivants seront du même tonneau, sinon plus stupéfiants encore, aussi bien dans leur narration retorse que dans cette mise en scène simple en apparence, mais in fine si sophistiquée, si puissante. Comme chez Rohmer. On le retrouve un peu moins par la suite – Comme si Hamaguchi s’en libérait et préparait tranquillement ce glissement vers Drive my car (qu’il avait écrit après) – sinon au détour de l’acte manqué, qui rappelle celui qui ouvre Conte d’hiver ou d’un détail si anodin et pourtant si important, à l’image de cette porte ouverte qui évoque le collier de Conte de printemps ou la toque des Nuits de la pleine lune.

     Le dernier segment est un ravissement absolu, si affranchi de Rohmer qu’il donne à rêver de voir Rohmer le faire. Avec là aussi trois fois rien, deux personnages, deux femmes, deux amies qui se retrouvent, sur un escalator. En apparence, toujours. Il y a sans cesse une attention à la temporalité : une histoire d’amour terminée depuis deux ans, une double ellipse, une retrouvaille de vingt ans. Et un étirement du temps qui se marie avec la temporalité de la situation : un voyage en taxi, l’enregistrement d’une lecture en temps réel, l’attente d’un colis à un horaire précis. C’est tellement beau, tellement bien écrit, incarné, finement mis en scène, surprenant tout le temps. C’est sublime, lumineux, bouleversant.

Les sept vies de Léa – Netflix – 2022

06. Les sept vies de Léa - Netflix - 2022Eté 91.

   7.0   Où l’improbable croisement entre Code quantum & Simon Werner a disparu.

    Avant d’être un récit de voyage dans le temps mâtiné de cold case, Les sept vies de Léa c’est un lieu, Les gorges du Verdon, et ça fait un bien fou.

     Léa tombe sur des ossements humains dans une rivière et apprendra vite qu’il s’agit du corps d’Ismaël, un garçon disparu depuis trente ans. Le lendemain de cette découverte, Léa se réveille en juin 1991, dans le corps de ce même Ismaël et vraisemblablement une semaine avant sa disparition.

     La grande idée à mes yeux c’est d’avoir adapté le roman dans une version féminine sans qu’on agite les gros marqueurs dans l’ère du temps. Au contraire c’est davantage un drame familial doublé d’un lourd secret de bande, bref quelque chose qui respire une autre époque, un autre type de jeu. Et c’est précisément cette idée que la série va travailler : le voyage entre les époques, entre les corps.

     Il faut reconnaître que l’interprétation est excellente, d’autant qu’ils sont quelques-uns à jouer un double rôle : le leur puis celui qu’ils incarnent en étant Léa. Car c’est toute l’originalité, à la fois ludique et en mouvement permanent : Léa se réveille chaque fois en juin 1991, le jour suivant – se rapprochant du jour redouté – dans le corps d’un autre. Ismaël étant jadis ami avec les futurs parents de Léa, cela occasionne des instants assez chouettes.  

     Bref, c’est assez réjouissant, pas toujours très subtil (trop de voix off illustrative, notamment) mais sans cesse rehaussé par un objectif romantique mais absurde puisque paradoxale : Léa est tombée amoureuse d’Ismaël et va donc tout faire pour l’empêcher de mourir. Mais elle découvre vite qu’en changeant des petites choses, il y a des impacts dans son propre présent.

     J’essaie de pas trop en dire, mais c’est vraiment super. Et notamment la gestion entre les époques : Les allers et retours sont par ailleurs judicieusement dosés. Et on retrouve fort bien l’esprit des années 90.

Des hommes – Lucas Belvaux – 2021

17. Des hommes - Lucas Belvaux - 2021Après la guerre.

   5.0   Lucas Belvaux tourne peu – une dizaine de films en trente ans – et c’est un cinéaste atypique qui tente beaucoup et qui réussit souvent. Il peut aussi bien s’inspirer de l’affaire Empain (Rapt) que faire son La dentellière à lui (Pas son genre). Mais c’est peut-être bien grâce à sa trilogie Un couple épatant / Cavale / Après la vie qu’on se souviendra de lui. Des hommes s’inspire cette fois du roman de Laurent Mauvignier.

     Quatre combattants français de la guerre d’Algérie rentrent chez eux après deux ans de combat dans ce conflit. Ils sont marqués à vie, mais ils gardent quand même le silence sur ce qui leur est arrivé. Après quarante ans, lors d’une fête d’anniversaire en hiver, ils retrouvent leur passé : une petite étincelle suffit à raviver la vieille douleur dans toute son intensité.

     Un grand sujet qui semble avoir complètement impressionné Belvaux qui livre un film aussi littéral que confus, sans doute trop chevillé au roman d’origine, baladé entre deux époques mélangées et une infinité de voix off annulant la puissance du récit. Passionnant, dur mais assez indigeste à l’écran.

Drôle – Netflix – 2022

03. Drôle - Netflix - 2022Breaking fun.

   7.0   La série ayant été annulée brutalement par Netflix il y a peu, on s’en tiendra à cette unique saison, de six épisodes. Et c’est bien dommage. J’ai trouvé ça absolument réjouissant, peut-être même davantage que Dix pour cent, l’autre série créée par Fanny Herrero. C’est une simple chronique, suivant quatre jeunes aspirants comiques tentant de se faire une place dans le milieu du stand-up. L’idée est de respecter la tradition chorale, en captant le quotidien de ces quatre personnages, chacun à des moments très différents de leur « vie d’humoriste » et de les voir se battre avec leurs propres problèmes. On passe ainsi de la comédie romantique au récit d’émancipation. Mais c’est aussi une formidable balade parisienne. Le jour, la nuit. On se déplace beaucoup dans Drôle mais tout converge souvent vers ce bar qui porte le nom de la série. Il faut probablement passer le premier épisode, un peu faiblard ou trop dans l’ère du temps, je ne sais plus très bien, mais ensuite c’est génial jusqu’au bout. En grande partie pour Elsa Guedj, qui incarne Apolline : Elle est extraordinaire. Sans surprise, c’est drôle, mais aussi souvent très émouvant. J’ai adoré.

En thérapie – Saison 2 – Arte – 2022

05. En thérapie - Saison 2 - Arte - 2022Silence, on parle.

   5.5   Rien de plus à ajouter à ce que je pensais de la première saison tant cette seconde salve souffre globalement des mêmes défauts et déploie de semblables qualités. Je continue d’être gêné par son dispositif, cette sensation que la série se revendique réaliste ou emblématique de l’univers thérapeutique, alors que tout y sonne série télé, que tout va beaucoup trop vite, que le silence n’y a jamais sa place, que tout est ultra balisé et scénarisé, qu’il faut boucler des arcs courts, ce qui au regard des tares et traumas dont souffre chacun des personnages, est clairement impossible.

     Néanmoins elle m’a semblé plus homogène et radicale dans son dispositif. Cette fois aucun patient ne se croise, par exemple. Cette fois, quasi rien n’aura lieu en dehors de la thérapie : on reste donc dans ce cabinet – déménagé en banlieue – en permanence à l’exception de la propre thérapie du Docteur Dayan et de quelques séquences de tribunal puisqu’il est encore aux prises avec l’affaire Adel Shiran. Et paradoxalement, à ne plus trop se disperser, la série est plus froide, moins émouvante. Les meilleurs moments sont peut-être ceux que j’attendais le moins, à savoir les entrevues avec Charlotte Gainsbourg. Et bien entendu tout ce qui touche à Robin et ses parents, en tant que superbe contre-champ de ce qui les animait en première saison.

Je te promets – Saisons 1&2 – TF1 – 2020/2021

04. Je te promets - Saison 1 - TF1 - 2021Les mousquetaires du décalque.

   4.0   S1.

     La curiosité parfois… On m’avait pourtant prévenu que Je te promets était un remake archi fidèle mais francisé de This is us. C’est peut-être bien ce qui me rendait le plus curieux in fine. En effet c’est carrément flippant. Y a parfois exactement les mêmes scènes, les mêmes dialogues, les mêmes couleurs de vêtements. Ce n’est évidemment pas hyper intéressant du point de vue du récit car tout est pareil à quelques détails près. Ici la série choisit des dates clés, de façon à contextualiser lourdement son récit : l’élection de Mitterrand ou la finale de 98, par exemple. Il y a vraiment un truc populiste, didactique, très TF1 en somme, qui n’avait pas sa place dans This is us. Même chose pour l’utilisation musicale, qui emprunte tout un pan de la variété française. Et pourtant, ça fonctionne globalement. Le casting est super, notamment. C’est du bon copiage, disons. Ce n’est pas mauvais mais ça pose tout de même une question essentielle : Quel est l’intérêt, autre que le fric, l’audience, de produire la même série qu’outre atlantique, plutôt que, je ne sais pas, diffuser la série originelle ? Aucun je crois. D’ailleurs TF1 a cartonné avec Je te promets, M6 s’est planté en diffusant This is us. Cqfd, même si c’est aussi beaucoup une affaire de marketing…

S2.

     En tant que pur remake de This is us, Je te promets a le bon goût de lui être fidèle jusqu’au bout, reproduisant aussi ses défauts. Ainsi, cette deuxième saison, au même titre que son illustre modèle, est moins réussie, moins équilibrée, plus foutraque, tout en étant la suite directe, logique de la première saison, capitalisant essentiellement sur notre attachement à chacun de ses personnages et à ce deuil impossible à faire. Vu sans déplaisir, là aussi, mais bien entendu ça me donne surtout envie de replonger dans This is us : Je dois me lancer la troisième saison. J’ai d’ailleurs revu le pilot de This is us, juste après avoir terminé Je te promets. Ça m’a une fois de plus mis sur le carreau. Tout y est un peu miraculeux, fragile, puissant. Et puis ça s’ouvre sur Death with dignity, de Sufjan Stevens puis se ferme sur Watch me, de Labbi Siffre. Et c’est régulièrement toujours de cet acabit. Je n’ai rien contre Johnny, mais son « Je te promets » qui revient en début et en fin d’épisode soit deux fois douze fois deux fois si on compte les deux saisons, c’est BEAUCOUP TROP pour moi.

La flamme – Canal+ – 2020

01. La flamme - Canal+ - 2020« Que la personne qui a pété se dénonce ou se taise à jamais ».

   6.5   Le premier épisode fut un semi-calvaire, j’étais à deux doigts de jeter illico l’éponge. Je pense qu’il faut un peu de temps avant d’accepter le tempo comique dans lequel La Flamme s’engouffre sans relâche. Je ne saurais me rappeler ce qui fut le déclencheur (le docteur Juiffe, peut-être?) Mais un moment donné j’ai ris de bon cœur et j’ai la sensation que ce rire ne m’a plus quitté. Jonathan Cohen est, comme régulièrement, très drôle. Et parfait pour le rôle. Et il ne faut évidemment pas oublier tout le casting de candidates femmes, qui ont toute une tare, un truc déployé en force sous forme de running gags assez géniaux. Et toutes les petites apparitions ici et là qui participent à en faire un joyeux délire de potes se moquant des télé-réalités et notamment Le Bachelor. J’aime aussi le fait que ce soit monté à la truelle, comme toutes ces émissions que la série parodie. Assez hâte de découvrir la suite, Le Flambeau (qui parodiera cette fois Koh Lanta : demi molle en perspective donc) qui sort très bientôt.

L’odyssée sous la mer (The Neptune factor, An undersea odyssey) – Daniel Petrie – 1973

30. L'odyssée sous la mer - The Neptune factor, An undersea odyssey - Daniel Petrie - 1973The Neptune adventure.

   5.0   Sur l’affiche du film, on peut voir un submersible sur le point de se faire avaler par un gigantesque poisson-chat ou encore de minuscules plongeurs aux prises avec des murènes géantes. De quoi attiser la curiosité d’un fan du cinéma de Jack Arnold ainsi que de films aquatiques.

     Tandis que des scientifiques d’une station sous-marine étudient les séismes et recueillent des données sur la faune et la flore dans les profondeurs de l’Atlantique, une secousse sismique se produit entrainant la chute d’une équipe de plongeurs dans une faille. Une mission de sauvetage est déployée mais doit faire vite car l’oxygène des éventuels survivants se réduit.

     A l’époque où le cinéma américain rivalise de films catastrophe, le film ne trouvera pas de financeur aux Etats-Unis et sera récupéré par le Canada qui met à disposition un matos considérable (une vraie station sous-marine, un vrai submersible, des photographes professionnels de clichés sous-marins, prêt de navires de l’armée etc…) pour mettre en branle un projet aussi excitant qu’ambitieux. Ajoutons à cela un casting charpenté : Ernest Borgnine (qui sort de L’aventure du Poséidon), Ben Gazzara (qui vient de tourner Husbands, de Cassavetes), Yvette Mimieux (La machine à explorer le temps) ou encore Walter Pidgeon dans l’un de ses derniers films.  

     Globalement, L’odyssée sous la mer est une franche déception. La première partie est mollassonne, ne parvenant jamais à créer du rythme, ni sur le bateau ni sous l’eau, sans parler de ces incessants brefs allers-retours mal dosés. Il faut faire des choix : Chez Ronald Neame on ne quittait pas l’intérieur du bateau, jamais ! Ensuite il faut une équipe de personnages avec lesquels on entre en empathie directe du fait de la situation, et qu’importe s’ils sont bons ou mauvais, bienveillants ou agaçants, il faut qu’ils existent. Daniel Petrie ne parvient jamais à donner corps et vie à ses personnages qui seront les acteurs-spectateurs, héros-victimes de la catastrophe, comme dans La tour infernale, par exemple. Il y a un vrai problème d’incarnation ici.

     Aveu d’échec supplémentaire : L’ouverture rejoue quasi méthodiquement l’ouverture de celle de L’aventure du Poséidon (auquel on pense sans cesse : l’affrontement permanent Borgnine/Gazzara n’est pas sans rappeler l’affrontement Borgnine/Hackman) sorti la même année, à la différence que la musique de John Williams est remplacée par celle de Lalo Schifrin. Une telle promesse se doit d’être merveilleusement relayée, par une écriture fine, des personnages imposants, une ambiance. Rien de tout cela ici : c’est l’ennui qui règne, en attendant que quelque chose se fissure. Et même lorsque la catastrophe se pointe, le film peine à rebondir, notamment via sa temporalité, gérant très mal ses ellipses et donc la course contre la montre qui s’impose en-dessous.

     Toutefois, le film nous réveille lors de la mission de sauvetage car il donne à voir cet inconnu des profondeurs, dans un découpage nettement plus heureux. Il manque évidemment un peu de technique pour que le dispositif impressionne mais il y a de l’excitation à plonger avec l’équipage de ce submersible, dans les abysses d’un gouffre sous-marin inconnu, renfermant des espèces gigantesques, promettant l’embrayage monstrueux du film catastrophe. Le film n’ose pas ou ne peut y aller, malheureusement et l’on s’en tiendra à quelques plans, quelques belles idées où l’on jongle avec les échelles et les maquettes. Et aussi, malheureusement, à de grosses invraisemblances.  

     Difficile de ne pas penser au sublime Abyss, aussi. Mais par respect pour L’odyssée sous la mer, mieux vaut ne pas trop y penser.

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silencio


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