Archives pour mai 2022



Les monstres de la mer (Humanoids from the deep) – Barbara Peeters & Jimmy T. Murakami – 1980

38. Les monstres de la mer - Humanoids from the deep - Barbara Peeters & Jimmy T. Murakami - 1980Mutant bien que mal.

   4.0   Roger Corman pioche grosso modo chez Jack Arnold, puisqu’on pense évidemment à La créature du lac noir ou à La revanche de la créature. Son petit secret c’est d’y ajouter des nichons et des effets bien craspec, de façon que le film excite et effraie les adolescent(e)s dans les drive-in. 

     Dans un petit port de pêche californien, tandis que des saumons (génétiquement modifiés) se font dévorés par des cœlacanthes, ceux-ci se se transforment en créatures mutantes qui terrorisent la bourgade balnéaire et qui sont obsédés par l’idée de tuer des hommes et de violer des femmes.

     Faut-il y voir l’argument écolo et tout ce qui touche à la manipulation génétique ou un prétexte pour ouvrir les vannes d’un délire gentiment pervers ? Qu’importe c’est du pur Roger Corman 80’s dans le fond accompagné d’inconnus épileptiques dans la forme. Et pourtant, ce ne sont pas tous des inconnus. Ni forcément de gros beaufs avec des pénis.

     En effet, pour déployer cette nouvelle idée farfelue, Corman s’en va chercher Barbara Peeters (qui a fait ses gammes durant les années 70) afin probablement d’y apporter une touche plus féminine. Peeters livra un film un peu trop sérieux pour lui, refusant par exemple le déshabillage des actrices. Ainsi fut elle remplacée manu militari par un garçon (Murakami, un poulain de Corman, qui venait de lui tourner Les mercenaires de l’espace) un peu plus bourrin qui s’en donna à cœur joie.

     On sait que Corman était talentueux pour dénicher certains futurs grands cinéastes : Chez lui sont notamment nés Coppola, Cameron, Demme ou Scorsese. Curieusement, Barbara Peeters ne fera plus rien après cela, si ce n’est quelques épisodes de sériés télé…

     Revenons aux Monstres de la mer : Nanar de luxe, tellement gore par instants, tellement malsain, tellement généreux qu’il fait presque oublier ces lignes de dialogues ridicules, ces acteurs incroyablement nuls et ce montage complètement aux fraises : Il faut voir le carnage final, interminable, avec ces bruitages en boucle.

     Et dire que derrière ce montage se cache Mark Goldblatt qui venait de s’occuper du Piranhas, de Joe Dante et qui montera aussi Terminator ou Showgirls. Ce n’est pas le seul nom surprenant que l’on croisera au générique puisque la musique est signée d’un certain… James Horner. Encore à ses débuts puisqu’il venait de débuter dans le sublime The lady in red, de Lewis Teague.

     Dans le dernier plan de Humanoids from the deep, Barbara Peeters annonce la couleur : Elle a vu Alien, de Ridley Scott. L’épilogue crache en effet une scène d’accouchement au cours duquel un monstre s’extraie du ventre d’une fille précédemment violée par un mutant : Une césarienne compliquée, à mon humble avis. Faut pas trop la chercher, Peeters. A moins qu’il s’agisse d’une idée in-extremis de Murakami ? Le mystère reste entier.

58 minutes pour vivre (Die hard II) – Renny Harlin – 1990

10. 58 minutes pour vivre - Die hard II - Renny Harlin - 1990Des miettes.

    5.0   Die hard, pour moi et pour beaucoup, c’est John McTiernan. C’est Piège de cristal & Une journée en enfer. Et parfois j’oublie qu’il y a celui-là aussi, que je regardais pas mal étant môme malgré tout. C’est vraiment pas terrible. C’est du Renny Harlin, c’est bourrin, jamais équilibré, sans génie. Après, ça se regarde, parce que John McClane et aussi parce que le méchant est plutôt bien campé. Pas plus inspiré que ça, désolé.

Zack Snyder’s Justice League – Zack Snyder – 2021

29. Zack Snyder's Justice League - Zack Snyder - 2021Fin d’automne.

   5.5   Curieusement j’étais très curieux de voir ce cinquième opus du DC cinematic universe. Certes je n’avais pas du tout aimé le Justice League sorti en 2017 – sans trouver ça honteux non plus, mais ni plus ni moins dans la lignée des opus précédents – mais il me semble que c’est sans précédent cette histoire de refaire un film quatre ans après sa sortie initiale. Il y avait une réelle excitation dans cet étrange projet, tellement loin de ce qui se fait dans cette industrie si calibrée.

     De voir Zack Snyder reprendre un bébé qui lui a échappé – Il avait quitté la post production car il avait perdu sa fille, Autumn et les studios ont confié le bousin à Joss Whedon qui en a réalisé un film très différent, imposé par les studios, bref un truc sans âme) et d’en faire tout autre chose. Un film qui déjà dure quatre heures, au lieu des deux heures offertes par Whedon. Et un film en format 1:33 ce qui dans le genre est une première, non ?

     Zack Snyder’s  Justice League est du pur Snyder. Que je peux adorer quand il fait Sucker punch, détester quand il pond sa vision de Watchmen. Là c’est le juste milieu pour moi. La première heure je trouve ça génial, vraiment. Les deux heures suivantes plus conventionnelles et le final partagé entre le jubilatoire (le combat contre Steppenwolf) et le navrant (l’épilogue interminable).

     Mais je le répète, le film me fascine surtout pour sa fabrication. Je conseillerais de le voir rien que pour sa fabrication. Surtout à ceux qui détestaient le premier Justice League. Je me demande pourquoi son Batman vs Superman est si nul ? Je ne comprends pas trop ce qui se passe avec le cas Snyder. Mais je suis content d’y avoir relativement retrouvé de ce qui me plaisait chez lui, partiellement dans L’armée des morts, volontiers dans Sucker punch.

Un triomphe – Emmanuel Courcol – 2020

20. Un triomphe - Emmanuel Courcol - 2020Libérés, délivrés…

   3.0   Feel good movie, basé sur un fait réel, dans lequel Kad Merad, un acteur, entreprend d’animer un atelier de théâtre dans une prison jusqu’à mener les détenus sur les planches. C’est une sorte de Toledano & Nakache complètement sirupeux qui échoue sur l’essentiel : faire jouer « En attendant Godot » à des prisonniers en misant sur le fait qu’ils ne sont pas comédiens. Sauf qu’ils le sont : ce sont des acteurs, on nous prend pour des demeurés. Ils sont excellents d’ailleurs, ils jouent bien des personnages qui font croire qu’ils sont mauvais acteurs. Bref c’est nul. Et construit sans une once d’originalité.

Une chance sur deux – Patrice Leconte – 1998

19. Une chance sur deux - Patrice Leconte - 1998Cons de pères.

   3.0   Le degré zéro du film méta. Avec des références à Borsalino (évidemment), Flic ou voyou, Le guignolo, entre autres. Belmondo & Delon rejouent la somme des personnages qu’ils ont incarnés partout mais n’incarnent plus rien ici. Leconte fait son « Compères » à lui sans trouver un centième de magie, de drôlerie et d’émotion qui irriguait chez Veber. Le film se mélange les pinceaux dans un récit de polar avec des trafiquants russes, mais Leconte n’incarne jamais l’action. Tout va beaucoup trop vite, pour rien, au mauvais moment. C’est usant. A noter que le film est un échec commercial car il a couté bonbons. Et qu’il est sorti quasi en même temps que Titanic.

Renoir – Gilles Bourdos – 2013

18. Renoir - Gilles Bourdos - 2013Nature morte.

   4.5   La photo est très réussie, évidemment puisque c’est le chef op de In the mood for love, de Millenium mambo. Pour le reste c’est un film qui fait téléfilm, amorphe, vieillot. L’écriture est limitée. L’interprétation ampoulée. La musique au secours. Le film est centré sur la période Catherine Hessling, qui fut la dernière muse de Renoir père et peintre, avant de devenir la femme de Renoir fils et cinéaste. On ne sait pas très bien si c’est un film sur l’un ou sur l’autre, en définitive. Que le film ne statue pas, tant mieux, mais qu’il choisisse de rien en faire, c’est dommage. Ça se regarde, néanmoins car une fois encore, c’est soigné.

First man – Damien Chazelle – 2018

17. First man - Damien Chazelle - 2018The lost girl of moon.

   10.0   Comme dans La La Land, la première séquence de First man donne le La. On est dans la carlingue d’un avion-fusée, aux côtés de Neil Armstrong, lors de l’une de ses missions de pilote d’essai, en l’occurrence une sortie de l’atmosphère. Il va traverser la couche gazeuse avant de rebondir dessus, puis il va plonger à une vitesse fulgurante et se poser, tandis qu’on le croyait parti pour se crasher – Il faut dire que ces avions expérimentaux étaient davantage dédiés à établir des records qu’à faire figure de véhicules confortables : La dimension sonore de cette introduction est donc essentielle et permet de rappeler l’aspect ô combien rudimentaire de ces engins, dont on comprend pourquoi les accidents étaient si réguliers. On entend bien les moteurs, la ferraille, les grincements, le bruit des écrous. Tout est fait de vibrations, pression, cadrans en plastique. On y est. Dans l’habitacle d’un avion-fusée. En plein dans les années 60.

     C’est un prologue à l’image du film, qui ne cessera de montrer les ratés, les failles, avant la réussite miraculeuse – premier amarrage dans l’espace en 1966, puis premier alunissage en 1969 – au moyen d’enchainements qui n’auront pas l’agencement virtuose de son film précédent, mais la subtile simplicité de ces films dans l’ombre d’un autre : First man parfois s’essouffle, puis l’instant suivant redécolle, touche puis indiffère, comme ce personnage face à la vie ou face à son voyage, quelque part. C’est un film en symbiose avec son personnage. Difficile par ailleurs, de savoir s’il veut trouver sa fille sur la lune (comme Joe retrouve sa mère dans le monstre dans Super8 ou Ryan Stone trouve un élan de survie après le deuil de sa défunte fille dans Gravity) ou s’il souhaite y mourir. Parfois il semble être du côté de la vie, de sa femme, de ses garçons, parfois davantage du côté du rêve, avec ses plans, sa lunette astronomique, sa lune, sur laquelle il voudrait y laisser son deuil. C’est quasi un récit mythologique.

     Neil Armstrong est l’une des plus grandes figures héroïques de l’Histoire, la plus grande du point de vue de l’aventure spatiale, mais Damien Chazelle préfère délaisser le héros et s’intéresser à l’homme derrière le héros, le garçon paumé, le père meurtri. Un biopic sur Armstrong qui s’ouvre (presque) sur la mort d’un enfant, le sien, c’est surprenant, quand même. On pourrait d’abord penser que c’est une entrée passe-partout, que celle du trauma introductif, mais ça l’est moins si tout le récit tourne autour de ce trauma, si chacune des missions d’Armstrong se voit habitée par la mort de cet enfant, si le quotidien de cet homme est autant jonché de cadavres, de manière générale. C’est l’histoire d’un homme qui va sur la lune pour y laisser son deuil, y jeter un bracelet dans un cratère. Tout le film est habité par la mort.

     L’univers de First man est terrien – On ira finalement peu dans l’espace – et rythmé par la mort, puisque nombres des « collègues » d’Armstrong, à l’image de la mission Apollo 1, ne reviendront pas, laissant derrière eux des quartiers résidentiels de veuves et d’enfants sans père. Difficile d’imaginer un film si sombre à l’évocation d’une histoire (celle d’Armstrong) aussi héroïque, non ? Quoiqu’en un sens, il était déjà inédit de voir en La La Land une comédie musicale aussi triste, malgré sa légèreté, ses couleurs, ses musiques. Si Chazelle aime ses héros, un jazzman ici, un astronaute là, il les adore surtout paumés et/ou torturés et pas vraiment en adéquation avec le monde : En un sens, Buzz Aldrin remplace Keith ici avec cette conscience (que n’ont ni Sebastian ni Armstrong) d’être dans le sens du vent.

     Une fois encore, Damien Chazelle fait briller le film de sa mise en scène. Aux sorties spatiales orchestrées à merveille autant qu’elles révèlent leur dangerosité répond ces séquences familiales dont la plupart copie le filmage et l’imagerie malickienne. C’est comme si s’en échappait parfois des plans de The tree of life. Ce qui n’est pas pour me déplaire, aussi parce que Chazelle n’en abuse pas. Lors d’une séance d’entrainement d’Armstrong, qui se solda par son éjection in-extremis, Chazelle saisit à la fois l’absurdité de ce danger, avec cette machine aussi incontrôlable que les supers pouvoirs d’un super héros se les découvrant, et surtout effectue un brillant montage alternant la vision subjective de Neil Armstrong (comme au tout début du film) et une caméra qui colle au plus près de lui, notamment lorsqu’il chute au sol avec son parachute le trainant sur quelques dizaines de mètres. Il me semble qu’on a rarement offert ça au cinéma, cette impression que le personnage, ce héros absolu, est un pantin, tourné en bourrique par les machines et trainé dans un champ par une toile de parachute. C’est très beau, très brut. C’est comme lorsqu’Emma Stone & Ryan Gosling dansent dans son précédent film : Il y a quelque chose de vrai, qui ne triche ni avec le cinéma, ni le genre, ni l’époque.

     En fin de compte, le film surprend jusqu’au bout : avec le recul, la partie la moins passionnante, et c’est paradoxal car c’est aussi celle qui apporte une dimension plus spectaculaire, celle qui extirpe le film d’une léthargie un peu dangereuse, c’est la partie plus attendue du film : le voyage vers la lune, l’alunissage et l’attendu « One small step for man, one giant leap for mankind ». Disons qu’on retrouve les rails. Mais les plus beaux rails qui puissent nous être offerts. Il faut voir le génie de la mise en scène notamment lors de l’alunissage, la maitrise du montage alterné, la séquence du bracelet dans le cratère, la musique de Justin Hurwitz, qui trouve l’équilibre parfait entre l’emphase et l’élégance. Sans oublier que le final, le vrai, le retour en quarantaine, offre un échange de regards presque aussi déroutant, triste et intense que celui qui scellait La La Land.

     Sincèrement, il y a peu de films qui me terrassent autant que celui-ci, d’une beauté, d’une tristesse sans nom. First man me hantait depuis sa sortie. Je rêvais de le revoir tout en craignant de le revoir. Je le revoyais seulement maintenant, un peu plus de trois ans après sa sortie, dans un « cycle Apollo » juste après les découvertes du dernier film (formidable) de Richard Linklater, Apollo 10½ et de l’impressionnant documentaire Apollo 11, de Todd Douglas Miller. Le moment adéquat. First man est un film immense. Une merveille absolue, que je reverrai encore et encore.

Apollo 11 – Todd Douglas Miller – 2019

16. Apollo 11 - Todd Douglas Miller - 2019Un grand pas pour l’image.

   7.0   Documentaire inouï réalisé à partir de matériaux bruts, images d’archives et milliers d’heures d’enregistrements audios, Apollo 11 retrace, sans voix off ni commentaires ni interviews, la semaine la plus importante de la conquête spatiale, aux côtés des trois astronautes mais aussi dans les bureaux de la NASA mais aussi avec le public venu de partout pour assister au lancement. Les images sont tellement dingues, inédites (dans cette qualité) qu’on se demande au préalable si ce n’est pas un fastidieux travail de reconstitution. Or non il s’agit bien d’images d’époque : les longues focales dans la foule, les travellings dingues dans le centre de contrôle et bien sûr l’immersion dans le module aux côtés de Neil Armstrong, Buzz Aldrin & Michael Collins. Rien d’étonnant au fait que ces heures d’images existent et de cette qualité-là tant on sait combien le projet dans son ensemble est doté d’un budget astronomique. Ce qui a donc permis cette restauration démentielle. Il s’agit donc de capter l’atmosphère de juillet 1969 de Houston à la Lune et donner chair au rêve de JFK, pour le cinquantième anniversaire de l’alunissage. Et franchement on y est.

Apollo 10½, A space age childhood – Richard Linklater – 2022

15. Apollo 10½, A space age childhood - Richard Linklater - 2022Objectif lune.

   8.0   Difficile de savoir jusqu’à quel point Apollo 10½ est autobiographique mais Stanley, le jeune héros du film, est né en 1960 à Houston. Tout comme Richard Linklater. Pour son retour à l’animation par rotoscopie (quinze ans après A skanner darkly) le réalisateur de Boyhood joue sur un terrain proche de celui de Paul Thomas Anderson et Quentin Tarantino, respectivement pour ces deux merveilles que sont Licorice Pizza et Once upon a time in Hollywood : il retrouve l’atmosphère de son enfance et livre un pur film-fantasme, à travers le portrait d’un garçon de dix ans, engagé par la NASA pour intégrer la mission Apollo.

     C’est du pur Linklater donc moins un film sur Apollo et les projets lunaires que sur le quotidien d’une famille des suburbs de Houston dans les années 60. Une chronique à la fois documentée et fantasmée. Une collection de petits instants, de souvenirs, de gestes, de films, de chansons, de programmes télévisés. Fétichiste mais jamais passéiste tant la voix off (Celle du garçon, d’aujourd’hui) y évoque sans cesse le Vietnam et la surconsommation, entre autre. Un régal.

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silencio


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