« Il ne faut jamais être politiquement correct »
6.0 Celles et ceux qui ont vu Apnée (2016), le premier film de Jean-Christophe Meurisse, ne seront pas surpris : Oranges sanguines en reprend clairement les codes, le ton, la méchanceté, déclinant l’humour des Chiens de Navarre (Il faut rappeler l’irrésistible titre de l’une de leurs pièces : « La peste c’est Camus, mais la grippe est-ce Pagnol ? ») de la scène à l’écran.
Comme si les Blier et Délépine & Kervern d’aujourd’hui avaient (de nouveau) un peu de folie et d’inventivité. Celui-ci va plus loin encore, il est plus trash, plus « bête et méchant », plus dans la lignée d’une actualisation d’un C’est arrivé près de chez vous, disons.
Et il opte moins pour le parcours initiatique et franchouillard de trois clampins (Il y avait du Peretjatko dans Apnée, qui était plus doux, poétique et absurde) que pour une mixture de film à sketchs et de film choral, au point de citer sans vergogne Pulp fiction à plusieurs reprises.
Il y est donc question d’un couple de vieux participant à un concours de rock dans l’espoir d’éponger leurs dettes ; D’un ministre du budget plongé en pleine affaire de fraude fiscale ; de l’éveil d’une adolescente à la sexualité. Tout va se mélanger, y aura du viol, de la torture, des morts. Il, y aura Blanche Gardin en gynécologue, Patrice Laffont en présentateur d’émission de danse ; un sanglier dans le salon d’un péquenot grimé en joker ; un chien mangeant des testicules.
C’est inégal bien entendu. C’est aussi très dérangeant, cynique et violent, mais ça fait plaisir de voir une vraie comédie méchante, un vrai film punk, tour à tour léger et grave, ignoble, euphorique et triste, à travers un mélange détonnant de farce politique et d’humour régressif.