Childs moves.
7.5 C’est un vrai film pour enfants, qui ne les prend jamais pour des demeurés, qui ne sonne pas faux. Avec une écriture fine et engagée, des dialogues ciselés et réalistes (le fait qu’il y ait un gros mot dans chaque phrase déjà), une mise en scène limpide et inspirée, une interprétation irréprochable. C’est une superbe comédie d’aventure, un peu écolo, un peu mélancolique, qui se déroule en Corse.
A la suite d’un exposé sur l’écologie, une petite bande de gamins de douze ans entreprend de faire sauter l’usine chimique du village qui pollue leur rivière. Si au départ on se dit que c’est un prolongement de La guerre des boutons ou des Goonies, est-ce que finalement, ce n’est pas plutôt un mélange surprenant et pour enfants du Night moves, de Kelly Reichardt et du Breakfast club, de John Hugues ?
Car c’est aussi l’histoire d’une rencontre, d’une bande qui se crée (sur des mensonges) autour d’une occasion (une journée de colle pour l’un / une opération commando-écolo pour l’autre) avec des gamins qui vont s’ouvrir et se confesser les uns aux autres et comprendre que leur plus grand bonheur c’est d’être ensemble. La nonchalance du film se pare alors d’une gravité assez déconcertante, glissant la comédie d’aventure vers la fable cruelle.
Au gré de ses nombreux rebondissements (le kayak d’essence, la prise d’otage, le cinquième complice, la cabane dans les bois…) le film a un parfait timing comique (ma salle était hilare, petits et grands compris, notamment durant la scène de l’accent anglais) chose qui parfois peut me gêner chez Salvadori (ou parfois aussi chez Rappeneau ou De Broca, par exemple) : Je n’avais pas aimé En Liberté à cause de cet effet trop-plein. Là, probablement grâce aux enfants, il trouve le ton et le rythme justes. D’autant que l’enfance fait toujours parti de son cinéma : Qui sont « Les apprentis » marginaux sinon des grands enfants ?
Et puis Salvadori y insuffle de belles idées de réalisation : les ombres des masques d’animaux sur un mur, les plans fixes sur des échanges de mots en classe ou des instants de magie en suspension, notamment entre Cat et Fouad « amoureux l’un de l’autre sans le savoir » pour reprendre les mots d’Aimé. Et le film se déroule en grande partie en pleine forêt. Un bonheur. Il faut que j’y retourne avec mon fils (Chose faite un mois plus tard). Je pense que ça doit être parfait entre dix et douze ans.