Duel – Steven Spielberg – 1973

10. Duel - Steven Spielberg - 1973Monstre sans visage.

   8.0   Avril 2018.

     Si Duel reste dans les mémoires c’est avant tout car il s’agit du galop d’essai de son jeune auteur (qui n’a alors que 27 ans) puisque ce n’est d’abord qu’un téléfilm qui sera vite exploité en salle. C’est aussi parce que son faux minimalisme (après tout, il se passe beaucoup de choses pour une simple course-poursuite entre un camion et une voiture) est compensé par deux parti pris plutôt audacieux : Le fait de ne jamais voir le visage du chauffeur du camion – ce qui offre presque un visage au camion lui-même – et de ne jamais vraiment comprendre pourquoi il en veut à notre insignifiant représentant de commerce.

     Je suis ravi d’avoir revu ce film, l’un de ceux que je regardais beaucoup étant jeune. Surtout de l’avoir revu dans une superbe copie restaurée. Je ne l’avais jamais vu autrement que sur une vieille VHS donc bon, ça change pas mal de choses. J’aime toujours beaucoup le film, mais deux petites choses : La voix off reste la faute de goût à mon sens. D’une part car elle intervient tardivement comme si le film soudainement n’avait plus confiance en ses images. D’autre part car elle brise l’ambiguïté sur la folie du personnage – puisqu’àprès tout il se prend au jeu, de mon côté j’aurais fait demi-tour depuis belle lurette. En un sens la voix off lui rend sa normalité en même temps qu’elle nous guide, nous impose ses réflexions, nous coupe dans notre élan d’imagination. Grosse réserve, donc.

     La deuxième chose c’est de constater combien Spielberg sonnait déjà la fin du nouvel Hollywood alors que son film est ancré dans les débuts du courant ou presque. Comme Jaws deux ans plus tard en fait. Jaws s’ouvre sur un feu de camp étudiant et une jeune hippie qu’on va faire dévorer par un requin, difficile de faire plus explicité en matière de flingage de nouvel Hollywood. Et Duel est un film de genre faussement maquillé en Macadam à deux voies, un western minimaliste dans lequel les chevaux sont remplacés par un camion-citerne Peterbilt et une Plimouth Valiant rouge, avec un méchant sans visage, monstre/machine affrontant un super héros domestique comme ils seront légion dans le cinéma américain après les années 70. D’un côté t’as donc un mec comme Spielberg qui fait Duel en 73 et Jaws en 75, de l’autre t’as un mec comme Friedkin qui fait Sorcerer en 77, ça se joue pas à grand-chose hein (d’autant que le second avait aussi touché le firmament après French Connection et L’exorciste) mais voilà, t’en as un qui va enchaîner sur Rencontres du 3e type, ET et Indiana Jones et l’autre qui fera plus rien pendant dix ans.

 Septembre 2022.

     La dernière fois que je l’ai revu j’avais été très gêné par le surgissement de la voix off (vers 30 minutes de film) et de son utilisation, comme si Spielberg n’avait soudain plus confiance en ses images. Bizarrement je l’ai pas du tout ressenti ainsi cette fois. J’ai adoré le revoir. Je le trouve génial de la première (La sortie du garage en plan subjectif) à la dernière seconde (Le coucher de soleil sur le canyon).

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