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Archives pour 13 septembre, 2022

Le mépris – Jean-Luc Godard – 1963

17. Le mépris - Jean-Luc Godard - 1963Passion JLG.

   10.0   Je devais avoir vingt ans, ce fut sans doute ma porte d’entrée dans le cinéma de Godard, c’est un film qui a beaucoup compté pour moi quand j’en ai fait sa découverte. Comme si tout un monde (de cinéma) s’ouvrait brutalement (ou « entièrement, tendrement, tragiquement ») à moi.

     Je l’ai maintes fois revu, sans jamais ressentir les mêmes choses devant, sans jamais parvenir à percer son mystère. Je me souviens l’avoir aussi vu au cinéma en présence de Jean Douchet. Douchet n’est plus et aujourd’hui Godard non plus, il était logique que je revoie ce film-ci, ce jour. Ce d’autant plus que je suis présentement en train de lire le bouquin de Moravia.

     Comme je me sens entièrement en phase avec ce qu’un ami en a dit en deux mots lors des nombreuses éloges lues aujourd’hui, je le cite : « Le mépris est une réflexion poétique sur le mystère de l’amour et du cinéma. Sur le cinéma en train de se faire et l’amour en train de se défaire ». Un jour je reviendrai plus longuement sur ce film. Adieu, JLG.

Bullet train – David Leitch – 2022

21. Bullet train - David Leitch - 2022Good luck, bad luck.

   6.0   Autant prévenir, il faut se farcir la première demi-heure : Electrisée, vaseuse, impersonnelle. Pas loin de me tirer tant je ne supportais plus de me retrouver face à un énième produit estampillée « Tarantino-like » qui ressemble davantage à du Guy Ritchie sous amphétamines pour neuneus épileptiques, c’est dire l’angoisse.

     Et puis un moment donné, quelque chose prend. Une vanne, un wagon qui en raccroche un autre, Brad Pitt ? Un peu tout ça, probablement. Quelques scènes qui apportent quelques rires ci et là. Pas désagréable. Et puis la machine s’emballe encore, le train s’arrête, repart et ne fait que ça. On voulait sauter du manège, on ne veut plus rater un tour.

     Entre-temps on a sans doute fait le deuil de ses yeux, d’une possibilité d’émotion, voire de l’utilité de nos capacités cognitives. Plus rien à battre. Un peu comme la chance de Ladybug (Le nom de code de Brad Pitt c’est « coccinelle » bordel) le plaisir qu’on y trouve s’installe, s’accentue, jusqu’au bout.

     Alors oui, objectivement c’est très con, c’est un film de studio, sans aucun regard d’auteur, un actioner complètement régressif, mais purée quelle générosité, quel mauvais goût assumé : ça fait plaisir. Si tous les « blockbuster de l’été » étaient comme celui-ci – et non des énièmes suites d’une énième franchise comme c’est le cas la plupart du temps aujourd’hui – j’irais les voir plus souvent.

     Et puis c’est un peu La chèvre, cette histoire de personnage malchanceux mais chanceux dans sa malchance. Alors quand évidemment c’est Brad Pitt qui l’incarne, c’est difficile de bouder son plaisir. Il est certes bien secondé par le duo Lemon & Tangerine, incarné par Brian Tyree Henry (de la série Atlanta) et Aaron Taylor-Johnson. Mais c’est avant tout un show Brad Pitt, donc : Il est fabuleux ! Bien accompagné par des apparitions plus ou moins brèves de nombreuses stars qui complètement un savoureux tableaux qui fait souffler un vent de fraicheur (et de sang) sur cet univers si formaté du blockbuster estival.

     Alors en effet, David Leitch n’est pas Tarantino, loin s’en faut – il était même jadis la doublure cascade de Brad Pitt, c’est dire – mais d’une part il se fait au moins autant plaisir que ses comédiens d’autre part on ressent l’inspiration John Wick : jusque dans leur conception, Chad Stahelski était jadis la doublure de Keane Reeves, là aussi. Et un sens aigu dans la chorégraphie. Leitch est plutôt dans la comédie de divertissement, c’est tout.

     Qu’importe, car on ne vient pas voir le nouveau David Leitch mais le nouveau Brad Pitt, qui n’a sans doute pas fini de nous régaler de sa palette comique (déjà à l’œuvre cette année mais trop brièvement dans The lost city) déclinée de son rôle de Cliff Booth dans le chef d’œuvre de Tarantino. En revanche, ne pas trop être regardant sur les CGI notamment sur la fin, sur le toit du train. C’est d’une laideur extrême. Ce qui ajoute un peu à l’indigestion, provoquée d’emblée par son désolant premier quart, mais l’aspect ludique prend le dessus et il ne reste moins un film indigeste qu’un film assez malin. Et drôle.


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