Trois garçons dans la vague.
8.0 Le film est divisé en quatre parties, chaque partie couvrant une saison et une année précise : Printemps 1962, Automne 1965, Hiver 1968 puis Été 1974.
Il s’agit surtout de faire le portrait de trois garçons, Jack, Matt & Leroy. Trois surfeurs californiens, qui vont arpenter la vie d’adulte très différemment. Trois amis d’enfance que la vie va éloigner.
Si le film dresse ce triple portrait intime, il prend aussi le pou d’une Amérique en plein changement puis en pleine gueule de bois, perdue dans les répercussions de ses scandales politiques, sa dépression économique et son échec vietnamien.
Ce malaise américain est alors incarné par différents personnages et notamment Bear, la figure patriarcale, l’homme qui au préalable leur confectionne les planches, qui semble être le vrai marqueur de chaque chapitre, chaque année, dans son désenchantement grandissant, son état dépressif et alcoolique, qui sera aussi la voie empruntée par le personnage de Matt.
Les ellipses sont toutes terribles. Elles renforcent chaque fois l’idée que le temps est cruel, appuyant sur le fait qu’ils s’éloignent tous les uns des autres. Jack est devenu secouriste puis bientôt il partira au Vietnam. Bear, lui, fabriquait ses planches sur la jetée, puis on le verra tenir un magasin, avant de virer clochard. Matt est devenu papa. Seul Leroy semble échapper au cadre, littéralement puisqu’il disparaît longtemps du film, avant de réapparaître pour le big wednesday.
Le décor change lui aussi, à l’image de cette jetée qui est bientôt interdite, ou de cette entrée de plage, et son aspect antique, qui n’est plus que ruines à la fin. Seul l’océan reste le même, imperturbable, il peut même offrir sa plus belle santé dans le dernier quart.
Si c’est une chronique globalement désespérée, comme une sorte de Voyage au bout de l’enfer sur la côte californienne, le film libère parfois des instants comiques assez savoureux, d’abord dans la grande baston initiale, lors de la fête dans la maison de Jack pendant que sa mère lit à l’étage. Et bien entendu cette scène où les trois garçons (et d’autres membres de la bande, Waxer par exemple, qui connaîtra un tragique destin) sont appelés sous les drapeaux et tentent d’échapper au service en jouant la folie ou l’infirmité.
A noter que Milius filme brillamment les scènes de surf, souvent au creux de la vague, caméra embarquée sur les planches et dans les tubes. Rien d’étonnant puisque c’est aussi son enfance à Malibu qu’il raconte là.
D’ailleurs Il m’a semblé reconnaître les image d’Endless Summer (le film de Bruce Brown) lorsque Matt est invité, en 1968, à la projection d’un film documentaire sur le surf. À vérifier. Magnifique découverte quoiqu’il en soit.
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