Et danse l’indépendance.
6.0 Guédiguian délaisse provisoirement le Marseille contemporain pour nous embarquer en Afrique, dans le Mali de 1962. Pas sa première incursion historique puisqu’il avait déjà traité de l’Occupation dans L’armée du crime, des répercussions du génocide arménien dans Une histoire de fou ou encore la fin de vie de Mitterrand dans Le promeneur du Champ de Mars. Entre autres. Mais c’est vrai que Guédiguian, pour moi, c’est essentiellement l’Estaque et sa petite troupe d’acteurs qui le suit depuis Dernier Été jusqu’à La Villa. Cette fois Guédiguian s’inspire du photographe portraitiste Malick Sidibé. Il lui rend hommage, en incrustant tout le long du film des photos en noir et blanc qui ne sont que des images arrêtées de son propre film : ne pouvait-il pas utiliser les vraies photos ? Qu’importe, le film est une plongée dans un pays tout juste indépendant, qui doit composer avec ses tiraillements internes, le nouveau régime socialiste et ses opposants, généralement riches et/ou commerçants qui ont bien profité de leur pays colonisé. Le portrait que dresse Guédiguian est âpre puisqu’il montre les bienfaits de cette révolution et son désenchantement immédiat, symbolisé ici par cette histoire d’amour entre un jeune garçon porte-parole socialiste et une jeune fille qui a fui son mariage. Un amour impossible, en somme, sur deux mondes irréconciliables. Le récit est beau mais un peu alourdi par une forme (et une interprétation globale) un peu mièvre et vieillotte, à l’image de ces « fausses photos » qui traversent le film de façon trop programmatique.
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