« I love the smell of polyurethane in the morning »
6.0 Quand on est familier du cinéma de Joe Dante, le voir investir l’univers des jouets n’a rien d’étonnant. Qu’est-ce, Gremlins, sinon l’histoire d’un garçon à qui on offre un jouet/ une créature adorable avant de lui retirer car il est devenu maléfique parce qu’il n’a pas su s’en occuper ? C’est le conte de noël le plus terrible. Le plus destructeur : Les milliers de jouets / créatures devront mourir brûlés dans un cinéma où l’on diffuse Blanche neige et les sept nains. Et le chef de la meute ira fondre comme la sorcière du Magicien d’Oz dans la partie jardinerie d’un centre commercial.
Joe Dante ouvre Small soldiers dans une firme conceptrice de jouets, occasionnant un duel entre les créateurs, qui jurent par la variété des modèles et l’histoire véhiculée entre chacun d’eux, et les dirigeants entrepreneurs qui ne voient que le merchandising de cette affaire. Puis on plonge dans un magasin de jouets, un petit commerce de quartier, familial, qui ne vend que des produits en bois, sans suivre l’effet de mode. C’est un programme qui bien évidemment ressemble à Gremlins. On rêve aussi d’avoir un Archer (Le chef Gorgonite) comme on rêvait d’avoir Gizmo, le mogwaï.
Comme Billy avant lui, Alan ne se méfiera pas beaucoup et profitant de l’absence de son père pour voyage d’affaires, il va recueillir des jouets qu’il aurait mieux fait de laisser dans le camion de « Mr Futterman ». Ces fameuses figurines ont en réalité été construites, par erreur, avec des puces électroniques militaires. Elles peuvent donc communiquer entre elles, prendre des initiatives, apprendre, évoluer. Surtout, il y a deux camps : les soldats et les gorgonites. Les méchants jouets seront donc les GI d’un commando d’élite, les gentils des monstres difformes.
Encore une fois, c’est un film apparemment pour gosses – Burger King fit même des produits dérivés des personnages du film dans ses menus lors de la sortie du film – mais in fine pas du tout pour eux. Pour sa violence, d’une part, dans la mesure où l’on voit des figurines se faire déchiqueter, d’autres se transformer, du plastique fondant, bref c’est Barbie chez Frankenstein, Toy Story chez Cronenberg : on y retrouve le Joe Dante destructeur de Gremlins. Et concernant son propos sur la guerre, on retrouve celui, plus virulent, de Matinee. Le conte pour enfants se pare donc de visions horrifiques et d’un propos très corrosif.
S’il avance sur de beaux rails (Notamment son animation, signée Stan Winston, superbe) Small soldiers manque de contraste. Il me semble que le cinéma de Joe Dante n’est jamais aussi beau et puissant que lorsqu’il alterne les cadences, qu’il explose et se replie, exploite ses velléités visuelles mais aussi une tendance plus intimiste. La partie teen movie, film familial et comédie de voisinage ne fonctionne pas très bien ici. Sur ce point, Small soldiers évoque un peu Explorers, brillant dans sa première partie, complètement pété dans sa seconde. En outre, ses nombreuses références cinéphiles n’ont plus la puissance subtile qui irriguait ses meilleurs films. Bon, c’était ma deuxième fois et ça reste évidemment très chouette.
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