Petit papa.
7.0 Ce que j’aime (par-dessus tout) dans le cinéma de Mia Hansen-Løve je crois que c’est sa capacité à broder une fresque au sein d’un dispositif archi simple, limpide, linéaire. Avec des ellipses, très souvent. Des glissements. Des rencontres. Comme si les films se réinventaient en cours de route. J’ai perdu un peu ça dans ses deux derniers films il me semble. Bergman Island faisait un peu trop théorique et fabriqué. Un beau matin fait presque trop épuré. C’est un cinéma toujours aussi raffiné, mais peut-être un poil trop frontal ici, trop raide, trop clair dans ses intentions pour m’emporter complètement. Bon, ça ne m’a pas empêché de verser ma petite larme à plusieurs reprises, pour accompagner celles, nombreuses, de Sandra, incarnée par une extraordinaire Léa Seydoux. Mais j’ai pensé à un truc : il y a dix ans, Mia Hansen-Løve aurait filmé la vie de Sandra, son père, Line, Clément et les autres cinq ans plus tôt. Elle ne se serait pas contentée d’un background hors champ. Je ne dis pas que ce n’est pas bien, mais c’est quelque chose qui me manque dans son cinéma, qui auparavant, travaillait le hors champ autrement, dans les ellipses notamment. J’aurais adoré avoir une première partie qui me raconterait leur vie cinq ans plus tôt. Peut-être aurais-je été plus touché par la relation entre Sandra et Clément. Peut-être avais-je aussi besoin de connaître un peu plus Julian & Valérie. Ce n’est que mon avis / ressenti évidemment. Et le film reste fort pour la simple et bonne raison qu’il vient du cœur, des tripes, qu’il est dédié à un père avant tout : Les lignes du journal lues off vers la fin du film sont celles du père de Mia Hansen-Løve : probablement ce qui m’a le plus terrassé, là-dedans.