La maison dans Detroit.
7.0 Le home invasion est un sous genre horrifique déclinable à l’infini et récemment on a pu l’apprécier sous diverses formes, en France de Ils à Furie en passant par Inexorable, aux États Unis de Knock knock à La proie d’une ombre en passant par Invisible man, dans le cinéma d’auteur de Parasite à Us. Mais évidemment on peut aller plus loin et dans tous les genres, et citer Les chiens de pailles, Terreur sur la ligne, La nuit des morts vivants, Panic room, Funny games ou Maman j’ai raté l’avion. Y en a mille.
Barbare se rapproche plutôt d’un Don’t breathe, pour la simple et bonne raison que le home invasion est inversé. Enfin c’est un peu plus compliqué que ça. La menace vient de l’intérieur. Mais vraiment de l’intérieur, via trois states (le film est divisé en trois parties d’ailleurs) puisqu’il y a le colocataire, le propriétaire, puis l’ancien propriétaire. Grosso modo.
C’est l’histoire d’un airbnb foireux, tout d’abord car il est situé dans une rue sinistrée de la banlieue de Detroit (Le cadre est génial, dommage d’en faire si peu avec) et d’autre part car il est double : en arrivant sur place en pleine nuit, sous la pluie, Tess découvre qu’un certain Keith a réservé ici aussi, pour le même soir, via un site de location différent.
Le film prend bien le temps de rendre réaliste l’idée qu’ils vont cohabiter ensemble, jouant aussi bien de façon intrinsèque que méta sur le danger qui plane. Et ça fonctionne, on est dans la même confusion que Tess face au troublant Keith. Il nous fait flipper, puis on l’aime bien, puis il nous fait flipper. C’est pas Norman Bates disons, il a vraiment un côté sympa. Mais flippant aussi, car il est trop clean, trop conscient que c’est une situation délicate pour elle. C’est très réussi.
Et puis le film va prendre une drôle de tournure le temps de la nuit. Puis changer de braquet dans une deuxième partie casse-gueule et surprenante. Avant d’effectuer un flashback étrange et de revenir dans un déluge final, à la fois puissant et bancal, pas toujours réussi certes, mais quel plaisir de sentir la tension d’un lieu, d’une maison (plus que d’un quartier, finalement) et un vrai goût du monstre.
La toute fin est un peu ratée je crois, car il y a volonté d’en faire un truc iconique, un peu pulp – la fin abrupte et le générique final un peu tarantinesque – qui dénote un peu avec le reste du film. Mais le film est très étonnant dans sa structure, avec des univers visuels très distincts, très marqués, des rythmes très différents suivants les parties. Même s’ils n’ont rien à voir, ça m’a un peu rappelé Traîné sur le bitume, d’un point de vue structurel. Très bonne surprise quoiqu’il en soit.
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