Liberté au cube.
5.5 En sortant, mon fils me dit que le point en commun entre ces trois contes c’est qu’ils sont à chaque fois des histoires d’amour. C’est un peu mon regret. Que le noyau soit systématiquement cet amour impossible entre une femme et un homme, qu’on navigue dans l’antiquité égyptienne, l’Auvergne médiévale ou l’empire ottoman. D’autant qu’à l’exception du second conte (Le plus beau et de loin) c’est le point de vue du prince qui nous guide. Bon, Ocelot a bientôt quatre-vingts ans aussi. Et Dilili à Paris, avec son ancrage dans La belle époque, son name-dropping, son discours politique, était adapté au circuit pédagogique. Ici on va dire que si ces romances impossibles et ces personnages au fort désir de liberté ne révolutionnent rien, l’écrin formel dans lequel ces trois récits évoluent est on ne peut plus séduisant, tant tout y est beau, magnifiquement cadré, très doux, raffiné dans ses contrastes mais aussi dans son verbe. Ocelot y reprend la recette de ses collections de courts réunis dans un long, avec en exergue de chaque une narratrice s’adressant à un public – nous, bien entendu – et écoutant ce qu’ils souhaitent qu’on leur raconte, afin d’en créer une histoire, plutôt plusieurs car « ceux qui n’ont qu’une histoire à raconter n’ont pas beaucoup d’imagination » dit-elle. Ici les ombres chinoises dans le deuxième conte, m’évoquent la beauté plastique de Princes et Princesses (2000) ou Ivan Tsarevitch et la princesse changeante (2016). Celui des trois que je retiendrai vraiment. Peut-être ce qu’Ocelot a fait de plus beau. Ce qui écrase (trop) les deux autres, à mon avis. Cette structure et ce rythme semblent avoir bien fonctionné sur mes enfants, en tout cas.