Pas top, chef.
3.0 Difficile de faire plus convenu, prévisible et passe-partout que le cinéma de Louis-Julien Petit. C’est du feel-good movie social, disons, comme si Toledano & Nakache s’étaient échoué dans celui de Ken Loach. Dans Discount (le premier film de son réalisateur) les personnages existaient, avaient quelque chose à raconter, n’étaient pas imputables à un trait de caractère ou une apparition. Dans le suivant, Les invisibles, tout sentait déjà le réchauffé du précédent, le rythme en moins, les petites vannes répétitives en trop. Le problème de ce cinéma (après avoir vu ces trois films) c’est qu’il semble déclinable à l’infini, selon la même construction, il suffit juste de changer l’univers : le supermarché dans l’un, le centre d’accueil dans le suivant et la cantine d’un foyer maintenant. C’est du cinéma micro-ondable, fait de vignettes, mi-aigres mi-tendres, entrecoupées de petits interludes clipesques. Et l’idée est bancale car on sent bien que le film chie sur les patrons et crache sur les émissions de télé-réalité culinaires ; et pourtant il donne finalement moins envie de venir en aide aux migrants que de regarder Top chef et/ou de diriger la brigade d’un restaurant étoilé. Sans parler de son ambition woke, dans l’ère du temps, de faire le portrait d’une femme cheffe de cuisine qui jouit qu’on l’appelle « cheffe ». N’est-ce pas un peu déplacé de voir plein de gentils migrants travailler pour elle et être tous très heureux de le faire ? Moi ça me dérange, mais j’imagine qu’on peut trouver ça mignon, divertissant. Car en apparence c’est un « téléfilm » plein de bonnes intentions, devant lequel on peut manger, étendre son linge ou aller faire pipi. Parfait entre un scrabble et une grille de sudoku, ou entre Des chiffres et des lettres et Questions pour un champion.
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