Ma teub, my love.
2.0 Si tant est qu’il existe, le « film d’été » est mon genre préféré. C’est sans doute pour cela que j’en veux beaucoup à celui-là.
Je rêvais déjà d’un Mektoub my love en Corse. D’un Du côté d’Orouet ajaccien. D’un Jeux d’été d’aujourd’hui. D’un Conte d’été au sud. Du À l’abordage de 2022. Je peux continuer longtemps. Et bien sûr j’exagère : je ne plaçais pas non plus tant d’attentes dans ce premier film. Mais quelque chose me séduisait de loin, son titre, son affiche, son lieu, un peu tout ça probablement.
Ce titre promettait une constellation. Il n’y eut pour moi qu’un éclatement d’étoiles mortes, dispersées, atones. Tentatives de microfictions sans intérêt, pas aidées par ce choix du plan fixe systématique. Il y a des contre-exemples mais c’est un procédé avec lequel je suis peu sensible sitôt qu’il tente de cadrer des personnages et de tisser des petites histoires. Il ne reste plus que de la pose, quand bien même chacune des compositions de plans, ici, soient brillantes. Elles n’ouvrent sur rien.
Le problème majeur ce sont évidemment ces personnages. Il n’y a que des débiles. Des nanas qui glandent, minaudent et se branlent, des mecs qui pêchent, se battent et parlent de fellation. Des gamins qui s’insultent, des grands qui parlent de cul, des vieux qui regrettent le temps passé. Deux heures avec des teubés à l’accent insupportable. À croire qu’ils ont le cerveau grillé par le soleil.
Et puis je ne comprends pas son montage ni son découpage. J’ai l’impression que rien ne s’enchaîne de façon réfléchie, que chaque scène dure soit trop longtemps soit pas assez. Un moment, deux filles sont dans une chambre (dans laquelle on peut voir des posters de Nirvana ou ACDC) et elles écoutent « Just a little boy » de Swans. Génial ! Et rien. Ça dure mais ça n’en fait absolument rien car ça ne veut absolument rien dire, c’est posé là, pour rien.
Au générique final on découvre que Tagnati est un peu partout. Il y est réalisateur, acteur, scénariste, dialoguiste, directeur de casting. C’est quand on voit ça qu’on se dit qu’un film ne se fait pas tout seul. Bref c’est corse, c’est de la branlette, c’est racoleur et consternant.