La cour des miracles ?
7.5 Au départ c’est un projet de Jacques Becker, qui souhaite faire son premier long métrage. Mais Renoir cherche le succès et l’entrevoit là, dans ce récit écrit par Prévert. Il y a l’esprit du Front populaire, qu’on retrouve évidemment dans un film plus rêche de Renoir, le méconnu La vie est à nous. L’idée est de créer une communauté parisienne se croisant dans une cour intérieure, où ils vivent et travaillent. L’action ne s’y déroule pas entièrement mais on y revient en permanence, comme si elle concentrait toute la mécanique du film, à l’image du pavage concentrique de la cour et du fameux plan panoramique final – le scénario initial s’intitulait au préalable « Sur la cour ». On y fait l’apologie du tribunal du peuple, on y tue l’aristocrate qui exploite son personnel, en le grimant en prêtre, donc c’est aussi la religion qu’on vient traîné dans le caniveau. Si Toni se situe dans la roue de Pagnol, Le crime de Monsieur Lange semble crier la mort des patrons et l’amour des coopératives ouvrières. L’audace des mouvements de caméra, la truculence de son verbe, cette façon de virevolter dans cette cour, d’un personnage à l’autre, au sein de cette maison d’édition, est assez impressionnant. Jules Berry, en Batala, est immense.