La grande allusion.
4.0 Sur un navire de guerre italien, engagé dans une bataille marine, un groupe de jeunes marins est affecté à la surveillance des chaudières. Les jeunes recrues sont aussi très occupées par leur correspondance avec leur « marraine de guerre » respective.
« Ce film a été imaginé et dirigé par le centre cinématographique du Ministère de la marine » Voici ce qu’on peut lire en exergue du générique introductif. Le premier long métrage de Roberto Rossellini n’est donc rien d’autre qu’un film de propagande à la gloire des troupes mussoliniennes. Le film a par ailleurs reçu la Coupe du Parti national fasciste à Venise, ça ne s’invente pas.
Et pourtant, Le navire blanc est plus intéressant que ce qu’il véhicule au premier abord, tant sa matière documentaire est forte et l’humanisme qu’il recèle surprend : Il s’agit in fine moins de glorifier le combat que de faire le portrait d’individus écrivant des lettres d’amour en observant des photos de famille. D’autant que la forme interpelle aussi : En effet, les scènes à bord du navire-hôpital semblent avoir été captées à la volée.
Le film serait précurseur du néoréalisme qu’on ne serait pas si loin de la vérité : Rossellini parvient à créer une reconstitution sans que ça fasse reconstitution. Il n’y a pas d’acteurs professionnels, ici. Les marins, les officiers, les infirmières, tous y tiennent leur propre rôle. Dingue de faire un film comme celui-ci, qui pose les bases d’un mouvement avant-gardiste, en tirant son influence chez Renoir ou Eisenstein, mais à la gloire d’une politique que tout oppose.