Avant la rafle.
5.5 L’originalité est d’avoir raconté cette histoire de la façon la moins spectaculaire possible, c’est à dire d’avoir choisi l’angle de la chronique rattrapée par le réel absurde tragique (1942, évidemment) plutôt que celui d’un suspense artificiel. Il s’agit donc du quotidien d’une famille juive et en particulier de leur fille, 19 ans, pleine de vie, de fantaisie, éprise d’amour pour un jeune ophtalmo, fascinée par le théâtre, au moment où l’on supprime petit à petit les libertés des juifs.
À trop vouloir ne pas faire sensationnel, le film est malheureusement très terne partout, son image, ses sons, ses plans, ses personnages, la fragilité de son écriture. On voit le geste, moins l’incarnation. Restent quelques idées de mise en scène ci et là, un peu décalées, pop (le jeu de lumière lors du baiser, le Love letters de Metronomy) nous tenant un peu éveillé, mais rien de mémorable.
Rebecca Marder & Anthony Bajon (incarnant frère et sœur) sont tous deux excellents. Les parents (Françoise Widhoff, André Marcon) aussi. D’une émouvante sobriété. À l’image du film. Qui essaie d’être sobre tout le temps mais qui n’ose rien non plus. Le dernier plan est presque prévisible (de sobriété forcée) par ailleurs.