• Accueil
  • > Archives pour février 2023

Archives pour février 2023



En attendant Bojangles – Regis Roinsard – 2022

18. En attendant Bojangles - Regis Roinsard - 2022Les jours d’écume.

   3.0   Joli défilé de beaux costumes (sans surprise il y a fort à parier que le César soit remis à Emmanuelle Youchnovski vendredi prochain) au même titre que Populaire (du même Régis Roinsard) valait essentiellement pour son décorum. Efira & Duris s’amuse comme des gamins, en grande partie avec un texte excentrique qui on imagine provient entièrement du livre adapté. Nous nettement moins, tant l’ensemble est usant, survolté, criard et cette exaltation permanente trop artificielle. Mais le dernier tiers, tragique, en Espagne, est mieux, avec Efira rejouant Gena Rowlands dans Une femme sous influence. Parfois même assez beau, mais on n’y est déjà plus depuis longtemps.

Les égouts du paradis – José Giovanni – 1979

03. Les égouts du paradis - José Giovanni - 1979Sans armes, ni haine, ni violence.

   6.0   Bien qu’on y voie un peu l’avant (les préparatifs du casse de la Société Générale de Nice) et l’après (l’arrestation et l’évasion de Spaggiari) le film se concentre principalement sur « le casse du siècle » en s’intéressant au creusement du tunnel puis au week-end de l’assaut aux coffres. José Giovanni y filme la merde des égouts au plus près, l’excitation et la fatigue de l’équipe est palpable. En terme de mise en scène ce n’est ni Le cercle rouge, de Melville ni Le trou, de Becker, mais on sent que Giovanni s’en inspire et fait le boulot. Chouette film.

Les feux de la mer – Jean Epstein – 1948

01. Les feux de la mer - Jean Epstein - 1948Plein phare, plein vent.

   6.5   Encore un très beau film d’Epstein, auquel je ferais le même reproche qu’au Tempestaire : Le poème de la mer y est un peu dévoré par les dialogues, ici le côté didactique de présentation des phares, du quotidien des gardiens de phares et de la chaine de signalisation marine du littoral. On sent le programme, la commande : réaliser un documentaire sur les phares. On sent moins le vertige sonore auquel le film aspire mais ne s’abandonne pas entièrement : quelques plans, images, sons résistent un peu par instants, à l’image de la scène de la tempête. Le vent, les vagues chez Epstein c’est quelque chose.

Tout le monde aime Jeanne – Céline Devaux – 2022

32. Tout le monde aime Jeanne - Céline Devaux - 2022Sauver ou guérir.

   5.5   Très partagé devant ce film, qui m’a parfois plu, parfois gonflé. Ce que j’aime dedans c’est principalement Laurent Laffite, Lisbonne, la musique de Flavien Berger et l’aspect rom’com assumée. Ce qui me saoule, c’est assez problématique puisque c’est le jeu amorphe de Blanche Gardin (que j’ai vraiment l’impression de voir exactement comme sur scène ou dans sa série « La meilleure version de moi-même » sans aucune variation) et l’idée des inserts animés complètement ridicules, pas aidés par la petite voix intérieure systématique. Mais ces griefs tendent à disparaitre à mesure que le film avance, car la dépression de Jeanne se fane aussi, au profit du deuil impossible d’une mère suicidée, donc ce qui me gênait au préalable devient assez beau, sur le visage de Gardin et dans la disparition progressive de ces pastilles animées qui sonne un début de renaissance. L’impression reste d’autant plus positive que je trouve la mise en scène de Céline Devaux, dont c’est le premier long métrage, plutôt inspirée, originale.

The purchase price – William A. Wellman – 1932

30. The purchase price - William A. Wellman - 1932Take me away.

    5.0   Dans la lignée de Love is a racket et sorti la même année, un Wellman pré Code Hayes attachant (grâce en priorité à Barbara Stanwyck) mais rendu relativement dispensable par son petit côté théâtral (gageure lors de la naissance du parlant) et ses saynètes mal agencées. On sent que Wellman tente, varie les genres (oscille entre comédie et drame) les lieux (De Broadway jusque dans le Dakota du nord), mais ne parvient à relier le tout dans un ensemble cohérent. Dans la même période on lui préfère nettement L’ennemi public ou Central airport.  

Le navire blanc (La nave bianca) – Roberto Rossellini – 1943

16. Le navire blanc - La nave bianca - Roberto Rossellini - 1943La grande allusion.

   4.0   Sur un navire de guerre italien, engagé dans une bataille marine, un groupe de jeunes marins est affecté à la surveillance des chaudières. Les jeunes recrues sont aussi très occupées par leur correspondance avec leur « marraine de guerre » respective.

     « Ce film a été imaginé et dirigé par le centre cinématographique du Ministère de la marine » Voici ce qu’on peut lire en exergue du générique introductif. Le premier long métrage de Roberto Rossellini n’est donc rien d’autre qu’un film de propagande à la gloire des troupes mussoliniennes. Le film a par ailleurs reçu la Coupe du Parti national fasciste à Venise, ça ne s’invente pas.

     Et pourtant, Le navire blanc est plus intéressant que ce qu’il véhicule au premier abord, tant sa matière documentaire est forte et l’humanisme qu’il recèle surprend : Il s’agit in fine moins de glorifier le combat que de faire le portrait d’individus écrivant des lettres d’amour en observant des photos de famille. D’autant que la forme interpelle aussi : En effet, les scènes à bord du navire-hôpital semblent avoir été captées à la volée.

     Le film serait précurseur du néoréalisme qu’on ne serait pas si loin de la vérité : Rossellini parvient à créer une reconstitution sans que ça fasse reconstitution. Il n’y a pas d’acteurs professionnels, ici. Les marins, les officiers, les infirmières, tous y tiennent leur propre rôle. Dingue de faire un film comme celui-ci, qui pose les bases d’un mouvement avant-gardiste, en tirant son influence chez Renoir ou Eisenstein, mais à la gloire d’une politique que tout oppose.

Le crime de Monsieur Lange – Jean Renoir – 1936

28. Le crime de Monsieur Lange - Jean Renoir - 1936La cour des miracles ?

   7.5   Au départ c’est un projet de Jacques Becker, qui souhaite faire son premier long métrage. Mais Renoir cherche le succès et l’entrevoit là, dans ce récit écrit par Prévert. Il y a l’esprit du Front populaire, qu’on retrouve évidemment dans un film plus rêche de Renoir, le méconnu La vie est à nous. L’idée est de créer une communauté parisienne se croisant dans une cour intérieure, où ils vivent et travaillent. L’action ne s’y déroule pas entièrement mais on y revient en permanence, comme si elle concentrait toute la mécanique du film, à l’image du pavage concentrique de la cour et du fameux plan panoramique final – le scénario initial s’intitulait au préalable « Sur la cour ». On y fait l’apologie du tribunal du peuple, on y tue l’aristocrate qui exploite son personnel, en le grimant en prêtre, donc c’est aussi la religion qu’on vient traîné dans le caniveau. Si Toni se situe dans la roue de Pagnol, Le crime de Monsieur Lange semble crier la mort des patrons et l’amour des coopératives ouvrières. L’audace des mouvements de caméra, la truculence de son verbe, cette façon de virevolter dans cette cour, d’un personnage à l’autre, au sein de cette maison d’édition, est assez impressionnant. Jules Berry, en Batala, est immense.

Qui m’aime me suive! – José Alcala – 2019

14. Qui m'aime me suive! - José Alcala - 2019Coup de vieux.

   2.5   Il y a les films à montrer dans les écoles de cinéma. Les films à montrer dans les écoles tout court. Celui-là entre plutôt dans le panier de films à diffuser dans les Ehpad. En effet, rares sont les (télé)films qui m’ont semblé si vieux, si compassés, dans chacun de leurs plans, dialogues et interprétations. Il y a un petit côté Une famille formidable (La présence de Bernard LeCoq, sans doute) voire Joséphine, ange gardien. Et puis réunir Catherine Frot & Daniel Auteuil ensemble, dans un même film, c’est vraiment quand on ne veut pas être sympa avec moi. D’Alcala je me souviens vaguement de Coup d’éclat (2011) : C’était tout de même vachement moins nul, non ?

Les jeunes amants – Carine Tardieu – 2022

31. Les jeunes amants - Carine Tardieu - 2022L’âge d’aimer.

   6.0   Instant confession : J’ai toujours eu un problème avec Fanny Ardant. C’est son jeu, sa voix, c’est physique. Je n’y arrive pas, c’est comme ça. Elle me gâche le formidable La femme d’à côté, de Truffaut, par exemple. Autant dire que Les jeunes amants, réalisé par celle qui avait fait le sympathique (et dispensable) Du vent dans mes mollets, ça m’attirait à peu près autant que de la cervelle de singe en sorbet. Et pourtant j’ai trouvé le film beau, touchant, j’ai aimé son ambiance, son rythme. Mieux j’ai trouvé Fanny Ardant superbe dedans. Je ne m’attendais pas à ce que cette relation entre elle et Melvil Poupaud fonctionne si bien. C’est d’ailleurs la seule chose qui fonctionne dans le film, déjà moins intéressant avec ce qui gravite autour d’eux. Pour le coup, ça aurait mérité un traitement théorique à la Emmanuel Mouret dans Chronique d’une liaison passagère : Nous faire assister aux soubresauts de cette relation et à rien d’autre.

Frère et sœur – Arnaud Desplechin – 2022

27. Frère et sœur - Arnaud Desplechin - 2022To the hate.

   4.0   Mieux que Tromperie, le précédent Desplechin (qui fut un calvaire) mais encore une déception. Film bavard, bourgeois et sinistre, dans lequel un frère (Melvil Poupaud) et une sœur (Marion Cotillard) se détestent depuis une éternité sans plus trop savoir pourquoi. Les deux premières scènes (une veillée funèbre en intérieur de nuit, un accident en extérieur de jour) sont magnifiques, malaisantes, violentes. Et puis plus rien. Un tunnel de dialogues franchement lourdingues, avec ci et là quelques belles idées (la rencontre inopinée au supermarché, quelques plans à la Malick) insuffisantes bien entendu. Aussitôt vu aussitôt oublié.

123

Catégories

Archives

février 2023
L Ma Me J V S D
« jan   mar »
 12345
6789101112
13141516171819
20212223242526
2728  

Auteur:

silencio


shaolin13 |
Silyvor Movie |
PHILIPPE PINSON - ... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Playboy Communiste
| STREAMINGRATOX
| lemysteredelamaisonblanche