Va et apprend.
3.0 Sans lui prêter de mauvaises intentions – Dahan a sans doute ses raisons de faire un biopic de plus, cette fois sur Simone Veil après Edith Piaf (j’avais fait l’impasse sur celui concernant Grace Kelly) – le problème de Simone, le voyage du siècle est le même que pour La môme : Tout y est formellement laid, sirupeux, agressif, bordélique. Tout est lourdaud, à l’image de ces incessants allers retours dans l’enfance ou l’adolescence de Simone, ce yoyo entre ses différentes époques de luttes, sans cohérence ni structure. De cette narration off d’un académisme terrible. Ou de cette musique d’enrobage permanente. Aussi balourd que Blonde, le film d’Andrew Dominik sur Marilyn Monroe. On envoie des travellings circulaires, des jump cut, des plans séquences impossibles, qui n’ont d’autre vertu que de faire joli et virtuose. Qu’il filme les débats dans l’Assemblée nationale ou les corps des camps de la mort, Dahan est un bourrin inconséquent, sans regard. Sans parler des violons sur les images de camp de concentration, plan de grue sur l’arrivée à Auschwitz-Birkenau, travelling latéral sur les corps nus avant les douches, surimpressions de très mauvais goût, retouches numériques. La moitié du film se déroule dans les camps, d’ailleurs, sans doute parce que c’est plus cinégénique qu’un débat autour de l’IVG. C’est donc aussi insupportable que je l’imaginais, toutefois, la vie de Simone Veil est telle que, même avec un emballage horriblement décoratif, ça reste intéressant à regarder. Mais une page Wikipédia à lire serait tout aussi efficace et moins embarrassant en tant que complément immersif au manuel scolaire. Je me demande si on ne peut pas plutôt sensibiliser les jeunes au cinéma, plutôt qu’au cinéma donneur de leçon ? Un cinéma honnête, pensé. Et moins douloureux pour les yeux et les oreilles aussi. D’autant qu’on en prend pour 2h15.